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PAUL ANDREANI

Lyon 24 août 1915

Cher demoiselle,

maintenant je suis en observation pour me faire l’opération. Mon oreille coule toujours comme à Luc. Je ne souffre pas beaucoup.

Donc parlez-moi si mes camarades sont toujours à Luc si ils y seront pour longtemps à seule fin de les rejoindre une autre fois.

Allons espérons que tout irra bien, le bonjour à tous les amis de Luc.

Et Mademoiselle mes meilleures salutations. Adieu au revoir bientôt.

Andréani Paul. L’hôpital militaire Desgenettes. Salle 24, Lyon

Lyon le 29 septembre 1915
Chère demoiselle
Quoique bien heureux de pouvoir vous faire connaître que mon oreille marche en merveille, bientôt je suis guéri complètement. J'espère que ma lettre vous trouvera dans une bonne santé ainsi que tous les autres amis laissés à Luc, avec tant de regrets mais j'espère pour voir les rejoindre de nouveau. Donc à Lyon il commence à faire un peu frais il pleut assez souvent. Donc plus grand-chose à vous dire, recevez chère demoiselle mes meilleures salutations
Paul Andréani
Hôpital municipal, 17 bis, Place Fourvière. Lyon

Santo Pietro de Tenda, 21 juin

Mademoiselle Magnan

Je vous ai envoyé en cours de route quelques cartes ; cela ne suffit pas.

La reconnaissance que je dois à tous les égards que vous avez eus pour moi, la bonté de Monsieur votre père, exige de moi une marque de respectueuse amitié en dehors du commun. Je serais heureux de pouvoir être agréable à vous et à votre famille au prix de n’importe quel sacrifice, mais pour le moment je ne puis vous montrer ma gratitude qu’en pensant à vous tous et en vous donnant de mes nouvelles assez souvent.

Me voilà depuis hier aux bons soins de ma chère mère, qui ne sait quoi faire pour me réjouir. C’est avec les larmes aux yeux qu’elle me regarde, elle ne cesse de remercier vous et votre papa de ce que vous avez fait pour moi. Elle a si bon cœur ! Elle me prie de vous adresser ses plus sincères remerciements. Pauvre mère, elle est toujours souffrante, et toujours de bonne humeur

Qu’y a-t-il de changé à Luc ? Notre dame drapeau flotte-t-il toujours au pic ? Avez-vous reçu de nouveaux poilus ?

Je garderai toujours un excellent souvenir de mon séjour à Luc où les gens sont très aimables.

J’ai pour voisine trois institutrices gentilles au possible cela me fera passer une bonne convalescence. En vous priant de présenter mes respects à toute votre famille, je vous adresse mes meilleures amitiés.

Antoni

Ps : mes parents serais heureux d’avoir votre photo : « souvenir d’une personne qui a fait du bien à leur enfant ».

10 juillet 1916
Mademoiselle
Enfin vous avez bien voulu penser à ce poilu du 163e ?
Votre lettre m'a bien fait plaisir, en m'apprenant les bonnes nouvelles de vos frères et de toute la famille. Elle m'a chagriné en m'annonçant toutes les pertes que ce charmant village de Luc a essuyées.
Encore si c'était fini ! Mais je crois que nous en aurons pour longtemps encore hélas !
Ma mère ne va pas mieux du tout, elle vomit après chaque repas, quant à mon malaise, il est supportable, ce n'est plus quotidien.
Salutations à toute votre chère famille, pour vous mon meilleur souvenir.
Antoni, Caporal en convalescence à Pietro

5 septembre 1916

Mademoiselle,

Merci beaucoup de votre gentille carte-lettre ! Je suis pour le moment à la disposition de médecin chef du dépôt de ma division. Aujourd’hui nous avons séance de vaccination de quatre compagnies.

Je suis très bien, mais ma place n’est pas définitive elle peut le devenir, mais il n’y a rien de sûr.

L’adjudant Canet est affecté à mon régiment pour l’instant, et depuis quelques jours, il m’a dit qu’il a été négligent à votre égard.

Votre famille va-t-elle bien ? Je le souhaite de tout cœur. Messieurs vos frères sont-ils en bonne santé ? Mon frère celui que vous avez vu à Valence est allé pour la quatrième fois en permission. L’autre est toujours à Toulon.

Présentez mes respects à toute votre chère famille.

Amitiés, Antoni

Et le drapeau de Luc, flotte-t-il encore ? Bonjour à Madame Doumergue

7 décembre 1916,

Mademoiselle,

Vous ne pouvez concevoir le plaisir que m’a causé votre lettre, à laquelle était jointe votre photo et celle de Monsieur votre père, merci beaucoup. Je ne connais pas cette nouvelle infirmière qui a posé avec vous autres !

Suis heureux d’apprendre que toute votre famille va bien, surtout vos deux poilus. Les miens en font autant !

Il commença faire froid ici et le bon lit de Luc me manque bien ainsi que ce bon café au lait du matin servi par d’aimable demoiselles.

Donc Tarbanti a fait une apparition à Luc. Il en pince fort pour Jeanne ! (Le royaume des cieux lui réserve une place à celui-là !)

Je pense bien souvent à votre aimable personne ainsi qu’à toute votre famille de laquelle je garderai toujours un précieux souvenir.

Mes compliment à tous, mes meilleures amitiés pour vous. Bonjour à Madame Doumergue.

A . Antoni

9 juin 17,

Je reçois à l’instant votre carte du 18 mai. Merci beaucoup !

J’ai été blessé légèrement en Champagne et me voilà au dépôt du régiment.

Vos frères vont-ils bien ? Et toute votre famille ? Ne manquez pas de présenter mes respects à vos parents et Mademoiselle votre sœur,

Sincère amitié ;

Antoni

Caporal . 85e régiment d’infanterie ; 29e Cie. Côsne

ANTOINE ANTONI

Gap le 26/10/15

Mademoiselle,

Je viens par la présente vous faire savoir que nous avons fait bon voyage. Nous avons passé la visite en arrivant, je voyais bien le moment que l’on allait pas m’accorder de convalescence, mais quand même on m’a donné un mois, l’essentiel c’est que la commission ne me l’enlève pas.

Si elle m’est accordé je partirai jeudi matin mais je ne passerai pas à Luc car par Grenoble je gagne bien du temps. C’est un Lieutenant qui nous a passé la visite, il a l’air assez gentil mais il est sérieux. Mais si on est pas malade, je crois que c’est inutile de se présenter. Vous donnerez bien le bonjour de ma part aux amis. Je termine en vous priant de recevoir ainsi que Monsieur le docteur une cordiale poignée de main.

Je vous redonnerai de mes nouvelles un de ces jours.

F . Auclair

Dracé, le 4.11.15

Mademoiselle

Je vous écris à nouveau afin de vous faire savoir de mes nouvelles, je vais toujours de mieux en mieux. Voilà bientôt huit jours d’écoulé sur ma convalescence, le 23 je retourne à Lyon afin d’essayer d’avoir une prolongation. Je dois rejoindre Montélimar le 28. Cela m’a beaucoup fait plaisir de pouvoir venir passer un mois dans ma famille mais malheureusement un mois est trop vite écoulé dans ces conditions.

Mais parents auxquels j’ai raconté mon séjour à l’hôpital ont été très satisfait de voir que j’y avais été très bien soigné aussi il se joignent à moi et vous envoient ainsi qu’à Monsieur le docteur Magnan leurs sincères remerciements. Vous donnerez bien le bonjour de ma part à Madame Doumergue ainsi qu’à Mr Merens. Je vous serre bien cordialement la main.

Auclair François à Dracé par Corcelles (Rhône)

PS Belleville est notre chef-lieu de canton

(la carte postale est une vue de la gare de Belleville)

Lyon, le 3.12.15

Mademoiselle

Vous m'excuserez si je ne vous ai pas donné de nouvelles plus souvent. J'attendais toujours pour vous écrire que je sois passé devant la commission de convalescence.

Donc le mardi 29 novembre j'ai été passé devant cette commission l'ont ne m'a même pas regarder ils ont donné un coup d'oeil a mes papiers alors ils ont vu que j'avais eu une cystite sur cela ils m'ont dit que l'on ne pouvait pas examiner mon cas ici donc qu'il fallait qu'il me fasse rentrer à l'hopital Desgenettes afin que l'on puisse mieux examiner mon cas.

Voilà huit jours que je suis ici à l'hopital Desgenettes. Je ne sais toujours pas ce qu'ils vont faire de moi mais je crois que l'on va me garder encore quelques jours et ensuite que l'ont m'enverra à mon dépôt car le major m'a dit que je n'avais qu'a me reposer. Or s'il avaient envie de me donner une nouvelle convalescence l'ont m'enverrait bien me reposer chez nous au lieu de me garder à l'hopital.

Mon état n'est toujours pas trop mauvais mais je ressens toujours une petite douleur dans le bas-ventre.

Je crois que le major qui me passe la visite doit bien connaître Mr Magnan car le premier jour qu'il m'a examiné il m'a demandé a quel époque j’étais tombé malade ou j'avais été soigné alors je lui ai raconté que j'avais été soigné a l'hopital de Luc en Diois alors il me dit donc vous avez été soigné par Mr Magnan ainsi quand j'ai vu qu'il savait le nom de votre père j'ai pensé qu'il le connaissait.

Ce major s'appelle Mr Michon quand il vient à l'hopital il est presque toujours habillé en civil cependant lorsqu'il fait sa visite il prend son képi il a le grade de lieutenant je le trouve très gentil.

Hier j'ai eu la visite d'un de mes amis il m'a dit que j'avais reçu à Dracé des nouvelles venant de votre hopital mais je ne sais pas si c'est vous ou Mme Doumergue car mes parents ne m'ont en pas encore donné connaissance.

Je vous dirais que le temps me dure beaucoup a Desgenettes car nous n'avons pas comme a Luc la facilités de faire des tapis aussi vous pouvez compter que si je pouvais retourner a Luc je ne me ferais pas prier pour abandonner l’hôpital Desgenettes.

A si un jour je viens à être blessé je demanderais qu'une chose ce sera d'être hospitalisé a Luc en Diois.

Vous donnerez bien le bonjour de ma part a Mr le docteur Magnan sans oublier Mme Doumergue, Mr Pujol et Mr Merens et à vous mademoiselle je vous envoie une cordiale poignée de mains.

Un futur poilu !

François Auclair

François Auclair a l'hopital Desgenette 2eme division fiévreuse salle n 12 Lyon

de 52e Infant. Originaire Dracé, par belleville. Rhône

Montélimar13/12/15

Mademoiselle,

Par la présente je viens vous apprendre que je suis rentré à Montélimar. J’ai quitté l’hôpital Desgenettes jeudi, j’ai passé ensuite un jour à l’hôpital des convalescents à l’exposition, et là on fait mes feuilles pour rejoindre directement mon dépôt. Pour le moment je suis à une compagnie d’inapte mais je ne pense pas y rester bien longtemps. Ici à Montélimar je suis avec Chevalier Morel et Aviègne. Mes parents m’ont fait parvenir votre aimable carte, je vous remercie beaucoup. Donnez bien le bonjour pour moi à Mr le docteur Magnan et à Madame Doumergue. Recevez Mademoiselle mes meilleures salutations.

François Auclair

Dracé le 29/12/15

Mademoiselle

Je suis de nouveaux revenu à Dracé. J’ai pu obtenir 15 jours de permissions. Je suis bien content car cela me permettra de passer les fêtes de Noël dans ma famille. Je suis toujours en très bonne santé aussi je souhaite que ma présente vous trouvera de même ainsi que toute votre famille. Recevez mes meilleurs vœux et souhaits pour 1916.

François Auclair

Montélimar le 8/1/16

Mademoiselle,

Je suis de nouveau rentré de permission je suis arrivé à Montélimar le vendredi 7.

Pendant ma permission je vous avais adressé ainsi qu’à plusieurs de mes amis des cartes de visites, ayant donné au facteur l’argent nécessaire pour l’affranchissement, j’ai appris par la suite par mes amis qu’une de leurs cartes devant être affranchie à cinq centimes l’avait été à 10 centimes. Si l’erreur s’est produite chez vous, je vous prie de bien vouloir m’excuser et à l’avenir si j’ai un jour le bonheur de pouvoir écrire encore je mettrai moi-même mes timbres ce qui évitera toute erreur. J’ai trouvé Ogier Ollivier et Chevalier. Chevalier est proposé maintenant pour la réforme temporaire. Recevez mes meilleures salutations.

Auclair

Dracé le 16.2.16

Je profite que je suis un instant d’écriture pour vous faire parvenir de mes nouvelles. Vous avez certainement dû apprendre par Madame Doumergue que j’ai été réformé temporairement. Cela m’a bien étonné car l’on ne m’a pas examiné, les majors n’ont fait que de regarder mes papiers mais comme ils étaient assez bons j’ai pu réussir. En tout cas je suis toujours en bonne santé même beaucoup mieux rétabli qu’à ma sortie de l’hôpital car ma petite convalescence m’a été favorable.

Donc pour le moment je suis exempt de beaucoup de privation de souffrance etc.

Je suis réformé temporaire n°1 c’est-à-dire pour un an, mais je crois d’après ce que l’on m’a dit que je dois passer de nouveau au bout de trois mois.

Comme je peux travailler, mes parents sont bien contents de m’avoir pour les aider un peu surtout que la main-d’œuvre devient impossible à trouver.

Je garde un très bon souvenir de Luc et de ses habitants, mais surtout de l’hôpital de son major et de ses infirmiers et infirmières.

Je vous prie de vouloir bien donner le bonjour de ma part à Monsieur le docteur Magnan et à Madame Doumergue ainsi qu’à Pujol.

Recevez mademoiselle avec mon bon souvenir mes meilleures salutations.

F. Auclair

à Dracé ( Rhône)

FRANÇOIS AUCLAIR
CHARLES BAGES

Le Chambon 1er mars 1915

Mademoiselle

Mon mari me prie de vous remercier des soins que vous lui avez donné car il était très bien soigné et surtout de l’avoir photographié car vous lui avait fait un grand plaisir.

Ma chère demoiselle vous seriez bien aimable si vous pouviez m’en envoyer une autre si cela ne vous dérange pas trop, je vous paierai ce que vous me demanderez. Je vous mets un timbre pour pouvoir me l’envoyer. Je vous remercie d’avance de la peine que je vous donne.

Je termine ma lettre en vous saluant bien fort.

Mme Bagès

Au Chambon de Blassac par Lavoute-Chillac (Haute Loire)

Le Chambon 18 mars 1915,

C’est avec un grand plaisir que je viend de revoir les photographie est je vous en remercie beaucoup car vous été vraiment trop gentille. Mon mari est retourné au dépôt du Puy et j’ai eu des nouvelles hier, elles sont très bonnes pour le moment, dimanche j’irai le voir et je lui ferais part de votre charmante lettre. Je vous quitte ma chère demoiselle en vous adressant mes vœux les plus sincère.

Mme Bagès

Né le 10 juillet 1883. Cultivateur. Evacué pour maladie (Typhoïde) le 28/11/14. Allers-retours constants du front à l'hôpital. Démobilisé 19.

FRANÇOIS BASTELICA

Valence le 27 août 1915
Mademoiselle
Me voilà arrivé à Valence. J'ai passé une visite hier devant un majeur à 1 galon qui m'a affecté à la physiothérapie. Aujourd'hui je devais en passer une deuxième par un autre médecin, mais ce ne sera que pour demain, où j'espère être maintenu ici pour le mécano. Je peux à ma sortie du séminaire avoir une convalescence et arrivé à mon dépôt être versé dans le service auxiliaire.
Bien le bonjour à Madame Doumergue et à Monsieur votre père, à monsieur Mérens ainsi qu'à mes camarades.
Votre malade vous envoie son plus respectueux bonjour
Bastelica du 52e de ligne au dépôt du Séminaire. Valence

LOUIS BELOEIL

Valence 1 juin 1915

Cher bienfaiteur,

Je vous écrit deux mots pour vous donner de mes nouvelle et en même temps pour recommender aupré de celui qui vous remetera cette petite missive. C'est un jeune homme qui a besoin de beaucoup de soin, car il est bien fragile, aussi fragile c'une feuille de verre.

Enfin Mademoiselle je crois que en m'adressant à vous il sera satisfait des bons soins que vous pourer lui donner, car lui naurer pas le courage de vous les demander.

Mademoiselle tant qua moi mon opération a très bien réussi et je suis heureux d'avoir été opéré car je suis soulagé de bien des souffrances, qui désormais je ne pouvais plus supporter. J'ai tarder a vous répondre, mes ce n'est pas que de ma faute car vous saver nous avons tellement de visites, que lon ne pense plus à écrire. Ci seulement nous etion entourer de bon soin comme chez vous çela irai tous seul mes il faut bien.

Nous somme mal administré, ce sons les malade valide qui prenne soin de nous quand ils on le temp ainssi voyer cela auçi.

Je vous remercie a lavance des bons soins que vous voudrer bien donner a mon cher petit camarade et veiller excuser mes fautes que je fais dans cette lettre car je n'est été que deux années a l'école, il a falut partir bien jeune pour debarrasser la maison paternelle, ce qui étai bien dur, car heureux celui qui peut recevoir une bonne education et rester prêt de ses parents bien aimé.

Recevez mes cher amies

de celui qui ne vous oubliera jamai

les meilleurs amitier

Louis Beloeil

67e Infanterie, originaire de Thoiré sur Dinan Sarthe

Né en 1881 à Nort sur Indre. Maréchal Ferrand

JEAN BERRY

Valence le 08/03/16 

Prends le train ce soir pour Mâcon, pas de chance je n'ai que 7 jours. Millot, Duprat, Bouilloux sont proposés pour la convalescence. Très ému pour partir de Luc, croyais que j'emporte de bon souvenir. Le bonjour à tous les vôtres, ainsi que tout le personnel de l'hôpital (sans oublier mademoiselle Bertrand). Il me tarde de revoir ma famille. 

Toutes mes amitiés,
Berry, Caporal au 172 e en permission à Feillens (Ain)

GEORGES BERTRAND

Le 23 mars 1915,

Mademoiselle,

Deux mots pour vous faire savoir que je suis chez nous pour sept jours, et que je m’en fais pas. Je voudrais bien que ça dure.

Enfin mademoiselle je regrette bien d’être plus au près de vous mais je garde un souvenir quand même.

Recevez Mademoiselle toutes mes plus douces amitié,

J’ai un ami qui vous oublie pas.

Georges Bertrand

EMILE BLANC

Aix-les-Bains le 31/11/15

J’ai un peu retardé de vous écrire.

Mademoiselle je vous fais savoir de nouvelle quoi que un peu tar. On meffait prendre un bain par jour, mé je crains beaucoup au bains.

Mademoiselle vous savé j’ai tout remercimments à faire à Monsieur Pujol Louis qu’il m’a trai bien accompagné le lon de mon voyage. Je vous diré que ici je suis trai bien mais je recrète encore plus Luc en Diois ainsi que vous mademoiselle.

Et Monsieur Magnan

Et votre infirmier Pujol et Madame Doumergue. Je remercis beaucoup lai gens qui sesont dévouaits pour moi.

Bien le bon jour aux copin.

Je vous souaite une bonne année à tous de la maison.

J’ai reçu trois lettre mai j’ai un colis que j’ai pas reçu je sépa s’il a river à Luc j’ai reçu la lettre et point de colis.

Bien le bon jour à Madame Dartigue

Recevez respectueuses salutations,

Blanc

PAUL BONNET ET NICOLAS CHALDU

Le 22 août 16
Mademoiselle
Voici 6h, Chaldu et moi nous venons de passer la visite, où à notre plus grande joie, nous avons un mois de convalescence ; croyez mademoiselle que votre proposition n'est pas tombé dans l'eau, aussi nous reconnaissons votre bonne amabilité, et nous tâcherons Chaldu et moi de remplir notre devoir de bons serviteurs : Nous faisons tous nos chaleureuses félicitations pour la si fameuse cuisine où nous emportons de très bons souvenirs.
Mon ami Chaldu ne part pas encore, il est obligé d'attendre ses chers papiers, et moi jeudi je prends la direction Port-Saint-Louis du Rhône où j'irai voir mes chers parents, sœur et la chère Clémentine que vous aviez vu dernièrement.
Enfin je vais écourter mon message, car ma plume s'impatiente, mais avant de finir, croyez mademoiselle à nos sentiments les plus distingués et très bons souvenirs
Vo bons serviteurs et dévoués
Signé Bonnet Paul et Chaldu
Ayez l'amabilité d'être l'interprète auprès de vos chers parents et soeur ainsi que tous les amis de l'ambulance
Envoi de Paul Bonnet, Hôpital de convalescents n 40 Gap 

Nicolas Chaldu nait en 1891, il est cultivateur. Il est clairon en 1913. Blessé le 23 mai 1916 au bras droit. Séquelles du paludisme. Décédé en 1925 à 34 ans.

AUGUSTE BOUILLOT

Valence le 22 mars 1915 
Mademoiselle, 
Je vous envoie ces quelques mots pour vous dire que mes camarades Millot et Duprat nous avons été proposés pour une convalescence et que nous avons passé la visite hier et qu'elle nous a été accordée aussi avant de partir chez moi j'ai tenu à vous remercier des bons soins que nous avons reçu à Luc. Donc mes camarades se joignent à moi pour vous envoyer le bonjour ainsi qu'à vos gracieuses compagnes, donc adieu. 
Bouillot Auguste

 

 

Né le 12 mai 1887, vigneron, évacué malade en 1915, part en Orient le 7 janvier 17. Croix de guerre. Certificat de combattant en 1937

BOUIN AIMÉ

Angers, 25 mai 1916

Monsieur le docteur,

Vous devez vous dire : « Parmi mes blessés qui se sont envolés le 8 mai, il y en a un qui m’oublie. Nous voici donc au 25, et le grand-père ne m’a pas donné de ses nouvelles »

Je ne puis pas vous oublier. Tous les jours je pense à Luc et à ses habitants. Plusieurs fois dans 24 heures j’en parle. Avant de vous écrire, je voulais voir Monsieur Stirn, secrétaire général à la préfecture.

Hier, pendant une heure, dans son cabinet, en fumant ses cigarettes, nous avons parlé de vous, de Luc. Il va vous écrire et me demandait si vous n’étiez pas fâché de son long silence. J’ai répondu négativement.

Je lui ai souhaiter le bonjour de la part de Monsieur le maire, de Mademoiselle Marie, de Mademoiselle Germaine, de Madame Magnan, de Madame et Monsieur Dartigue, de Monsieur et Madame Lapeyre, de Madame Doumergue.

Puis nous avons parlé du pays, tout en causant nous croyions voir les amis dont nous prononcions les noms ; Nous voyions Luc et le merveilleux décor de ses montagnes.

Nous nous sommes quittés en nous promettant de nous revoir souvent, pour parler de vous.

Je vous remercie de vos bons soins et ma femme me prie de vous dire sa reconnaissance. Elle sait bien comme moi que cette convalescence de 20 jours qui nous fait tant plaisir c’est à vous que nous la devons.

En attendant que j’envoie quelques cartes d’Angers à tous les amis que j’ai laissés à Luc, je vais vous prier de bien vouloir présenter mes respects à Mademoiselle Marie, à Mademoiselle Germaine, à Madame Magnan, à Madame Dartigue, à Madame Lapeyre, à Madame Doumergue aux dames et aux demoiselles qui nous ont si bien soignés et tant gâtés.

Souhaitez pour moi le bonjour à Monsieur Dartigue, À Monsieur Lapeyre, en leur donnant de ma part une bien cordiale poignée de main.

Je vous demande pardon d’abuser un peu on vous chargeant de tant de commissions, mais il ne faut pas oublier mes camarades qui sont encore vos pensionnaires ni mon ami Pujol.

J’ai fini. Excusez-moi. Le 1er juin, je rentre au dépôt. De mon domicile au-dit dépôt, il y a 200 m. Mon pied va bien : la moitié de l’ongle qui restait va tomber.

Daignez agréer, Monsieur le docteur, l’expression de ma bien sincère reconnaissance,

Boin - Sergent

Dit Grand-père, 71ème, 5 chemin de Belle-Borne, Angers

12 juin 1916,

Mademoiselle,

Vous rappelez-vous le grand-père ? Lui ne peut pas vous oublier. Vous l’avez trop gâté comme tous ceux que vous avez soigné. J’ai bien parlé de vous à grand-mère et quand la guerre sera finie, si nous sommes vivants encore, nous irons aller vous remercier de vive voix tout deux. Après ma convalescence de 20 jours, je suis pris d’office pour instruire la classe 17 et je suis à Loudun. Ayez la bonté mademoiselle de présenter mes respects à Madame Magnan à Mademoiselle Germaine à Monsieur le docteur à Madame et Monsieur Dartigue à Madame Doumergue à mes camarades restés près de vous.

Daignez agréer, Mademoiselle l’expression de mes sentiments respectueux et reconnaissants.

Bonjour à M.Pujol

Bouin, Gd père

29e Cie 135e Infanterie. Loudun (Vienne)

Mercredi 8 mai 1918

Mademoiselle

A un jour ou deux près, il y a deux ans, je quittais Luc, où pendant un mois vous m'avez soigné et quelque peu gâté. Nous venions presque tous les vingt de Verdun et avions passé par l'hôpital de Valence, avenue des Balives. Un beau matin nous avons rempli le petit hôpital de Luc et nous avions le plaisir de vous connaître.

Vous souvient-il de grand-père qui traînait son pied, légèrement blessé, sur les pics voisins de votre petite ville ?

Après avoir passé près d'une année dans un bataillon d'Instruction, je fus envoyé en renfort et incorporé au 77eme régiment d'Infanterie.

Dans l’active à 40 ans, oui Mademoiselle, après avoir été pendant deux ans un vieux territorial. Croyez-vous que cela m'a rajeuni ?

Au contraire, et j'avais bien de la peine à suivre mes hommes, âgés de 20 à 25 ans.

Je suis allé partout avec eux, tant que j'ai pu le faire, et le 24 avril dernier enterré par un gros obus, contusionné, je fus évacué.

J'ai songé à vous et à mes bons amis de Luc bien des fois, mais je n'avais guère le temps d'écrire, à peine un moment pour envoyer, à ma femme, la petite page quotidienne. Il ne faut pas m'en vouloir, Mademoiselle.

Depuis que je suis débarrassé de la fièvre et de la douleur, après 12 jours d'hôpital, j'écris tant qu'il fait clair et vous n'êtes pas la dernière de la liste.

Je suis en retard de deux ans ; je ne sais rien de ce qui vous est arrivé d'heureux ou de malheureux. Au cours de mon bavardage s'il m'arrive de commettre des impairs, de réveiller une douleur, excusez-moi, je vous en prie.

Il me semble qu'il y a quelques jours seulement je quittais Luc, où j'avais coulé des jours paisibles, choyé par vous et tous ceux qui s'interessaient au sort des blessés.

Je n'oublierai jamais, ne vos soins, ni les jours heureux, ne les amis de Luc, et je viens vous prier de bien vouloir présenter mes respects à Monsieur le docteur Magnan, à Madame Magnan, à Mademoiselle Germaine, à Monsieur et Madame Dartigue (sont-ils encore à Luc?), à Madame Doumergue.

Rappelez-moi au bon souvenir de Monsieur et Madame Lapeyre (je leur écrirai bientôt) et de leur fils et souhaitez-leur le bonjour de ma part.

Encore quelques jours de repos 8 ou 10 peut-être et je rejoindrai mon régiment et de nouveau ce sera la guerre et ses hasards. Je ne sais pas si en ce temps d'offensive, j'obtiendrai quelques jours de permission à titre de convalescence.

Ma femme et mes beaux-parents vont bien mais trouvent la guerre bien longue.

L’inquiétude constante blanchit leurs cheveux et abrège leur vie.

Dans l'espoir d'avoir quelques nouvelles je termine en vous priant de bien vouloir agréer Mademoiselle, l'expression de mes sentiments respectueux et reconnaissants.

Bouin

Sergent 71 Régiment d'Infanterie Hôpital complémentaire n 53 Avallon

et en convalescence 5 chemin de Belle Borne Angers

Originaire de 5 chemin Belleborne Angers

GEORGES BOURDOUX

Cher Melle Magnan,

Je vous envoie quelques mots pour vous dire que nous sommes très biens arrivés à Valence et nous en repartons tous avec 7 jours de permission et je suis bien content de partir aujourd’hui parce que je ne pourrait pas rester bien longtemps comme ça, on couchait sur la paille, on a même rien à manger, c’est pas la vie de Luc.

Je n’ai plus rien à vous dire, je termine en vous donnant mes meilleurs amitiés et tous mes remerciements des soins que vous nous avait donner pendant mon séjour à Luc,

G. Bourdoux

Né à Paris en octobre 1892, habite Néris les Bains, pupille, cultivateur. Blessé le 25 janvier 15 au mollet droit par balle, et soigné à Luc du 23 février au 7 avril 1915. Blessé encore deux autres fois, en 16 et 18. Croix de guerre 

LOUIS CANET

Epinac 21 mai 1916
Mademoiselle Magnan

Ma convalescence s'écoule très bien mais malheureusement trop vite ; nous jouissons en ce moment d'un temps magnifique qui rend le séjour au pays encore plus agréable. Je pense souvent aux bons moments passés à votre hôpital, je garde de Luc un souvenir qui est bien loin de s'effacer. Donnez bien des choses de ma part à votre famille ainsi qu'à Madame et Monsieur Dartigue et je vous quitte Melle Magnan en vous envoyant mon meilleur souvenir.
L. Canet

Asnières les Bourges 16 juin 1916,

Mademoiselle Magnan,

Vous devez me trouver bien négligent d’avoir tant attendu pour répondre à votre charmante carte qui cependant m’a fait beaucoup plaisir ; mes derniers jours de convalescence ont été consacrés aux visites chez les parents éloignés, aussi ma correspondance en a souffert.

Je suis arrivé au dépôt mardi dernier, j’ai passé la visite du major qui m’a prescrit un repos d’un mois ; je suis affecté à une compagnie d’inapte qui est cantonnée à Asnières, petit village des environs de Bourges ; la vie ici est assez monotone mais néanmoins plus agréable que le séjour au front ; comme je n’ai absolument rien à faire j’ai demandé une permission de 15 jours qui m’a été accordée, je pars demain soir pour Epinac, je suis heureux de retourner chez moi passer ces 15 jours. Bien des choses pour moi à votre famille ainsi qu’à Mr et Mme Dartigue et à Madame Doumergue et je vous quitte Melle Magnan en vous envoyant mes plus sympathiques souvenirs.

L.Canet.

 

Né en janvier 1891 à Epinac, Monte en grade, démobilisé en 19. Blessé en 14 et en 16. Habite à Parie et Bobigny après la guerre. Prisonnier en 39. Démobilisé en 41 quand il rentre de captivité.

PIERRE CARAYON

Gap, 1er février 1916

Mademoiselle,

Aujourd’hui mardi je vais encore passer une autre visite, demain mercredi la dernière. Je pense bien être maintenu pour un mois et pouvoir passer encore la journée de jeudi parmi vous tous si dévoués. Par conséquent sauf contretemps j’arriverai jeudi matin 7h30 en attendant de vous serrer encore une fois à la main. Un cordial bonjour chez vous et à tous sans oublier Mr Gallant

Recevez, mademoiselle mes salutations empressés

P.Carayon

Lacaune le 7 février 1916

Mademoiselle,

Me voilà arrivé depuis samedi avec un temps épouvantable, nous avons 20 cm de neige. Et la grande fatigue ou le froid ; j’ai failli ne pas arriver ; je me vois obligé de garder le lit car de mes rhumatismes ; je souffre plus que jamais, j’ai le genou tout enflé. Mais quoi que souffrant je m’estime heureux d’être parmi les miens. Toute ma famille se joint à moi pour vous remercier. Donc recevez chère mademoiselle mes remerciements et cordiales poignée de main.

Votre tout respectueux,

P.Carayon

Bien le bonjour à tous mes remerciements chez vous ainsi qu’à Mademoiselle Blanche

Lacaune, le 3 mars 1916

Mademoiselle

Me voici toujours au milieu des miens et savez-vous qu’il ne me tarde pas de repartir encore. Je suis toujours souffrant et mes rhumatismes plus que jamais, j’ai les deux genoux tout enflés. Le 1er mars je suis été passé une visite à Castres. J’ai obtenu un mois de plus, ça fait que maintenant je suis tranquille jusqu’au 5 avril, et puis le major de Castres m’a dit que si dans un mois ça n’allait pas mieux il m’enverrait aux Bains. Le docteur votre père avait bien raison de me dire que ce serait long et qu’il n’y avait que les eaux pour me soulager.

Je vous prie ma chère demoiselle de remercier bien Mr votre père et toute votre famille des bons soins dont vous m’avez prodigué et de l’amabilité dont vous avez eu pour moi. Le bonjour à mes amis Pujol et Galland, à Mr et Mme Dartigue, à Madame Doumergue et Melle Bertrand.

Toute ma famille se joint à moi pour vous remercier et vous envoyer le bonjour.

Recevez ma chère demoiselle mes sincères et respectueuses salutations. Votre tout dévoué qui vous remercie infiniment,

Pierre Carayon 80e Infanterie

Convalescent

Lacaune les Bains (Tarn)

ELIE CHEVALIER

Valence 2 octobre 1915,

Mademoiselle,

Sortant de la visite je m’empresse à faire ces doux mots de carte pour vous dire le résultat. Ollivier 1 mois Régnier 1 mois. Richaud 1 mois, et moi aussi nous sommes tous contents. Quand à Durand il est proposé pour la réforme ou l’auxiliaire et il doit rentrer à l’hôpital demain en attendant la visite, et Moulin depuis jeudi, que nous avions passé la visite, on l’avait plus revu pourtant ce matin il est rentré ivre mort et il n’a cessé de gesticuler et faire du bruit. Bien le bonjour à tous les amis et recevez Mademoiselle mes meilleurs remerciements ainsi qu’à Monsieur le docteur pour les bons soins que j’ai reçu. Veuillez m’expédier mes lettres si j’en ai chez mes parents à Saint Mamert

Elie Chevalier (en convalescence à St Mamert)

52 e Terr. Originaire De Saint Mamert du Gard

30.12.15

Mademoiselle Magnan

Voici la nouvelle année qui vat commencer aussi je ne puis laisser passer ce jour sans venir par cette carte vous souhaiter ainsi qu’à votre famille mes meilleurs vœux de bonne année. Je suis toujours à Montélimar à attendre le conseil de réforme pour voir ce qu’ils feront de moi, je me ressens toujours quelques douleurs de suite que je fatigue un peu aussi, le major m’a proposé pour la réforme alors j’attends pour voir si je réussirais. Lundi Rousseau est passé et il était réformé. Je suis toujours avec le pauvre Reignier que le major ne veut jamais reconnaître et Ollivier qui est arrivé avant-hier. Je pars en permission demain. Recevez mes meilleures amitiés de celui il a des bons souvenirs de vous.

E. Chevalier

Chère Mademoiselle Magnan,

Rentrant de permission je me fais un plaisir de trouver votre carte et je m’empresse à faire réponse pour vous donner de mes nouvelles qui sont bien bonnes et souhaite que ma missive vous trouve de même. Je viens de passer 15 jours de permission à la maison et cela fait toujours plaisir. Je me retrouve avec Maurelle, Régnier qui arrive de convalescence ainsi qu’Aviegne et je ne les reconnaissais pas, tellement qu’ils sont gaillards.

Bien des amitiés chez vous et recevez Mademoiselle mes meilleurs souvenirs.

E. Chevalier

51eme Infanterie à Montélimar (drôme)

Né en 1894, cultivateur, incorporé le 6 sept 14, soldat 2ème classe, maintenu en service armé par la commission de réforme en janvier 16.  Mort à 22 ans le 11 août 1916 à Chenois secteur de Verdun. Tué à l'ennemi.

ALBERT COIRIER

St Cyr des Gats le 23 novembre 1915,

Ma chère demoiselle,

Vous allez peut-être dire que je vous oublie, non, je n’ai encore jamais oublier ce qui mon rendu service. Aujourd’hui je profite d’un petit moment pour vous faire part de mes nouvelles, qui sont excellentes. Actuellement je suis arriver le dimanche matin chez moi, je suis bien heureux de me trouver parmis mes parents, depuis 9 mois après les avoir quitter, malgré cela je pense quand même à Luc en Diois auquel nous avont tous tant regretter et que je me rappellerez toujours. Je me souviendrez toujours du chemin du cimetière. Je vous envoie aussi mademoiselle remerciements les plus sincère de nous avoir si bien traiter pendant trois semaines. Recevez Mademoiselle mes sentiments les plus respectueux

Coirier Albert

Lambézellec le 3 décembre 1915,

Ma chère demoiselle,

Je suis arrivé de Luc ainsi que Renaud et Harrivelle avec un cafard monstre, avoir été si heureux, et se voir rendu ici, c’est ici que l’on va regretter le plus le pays de Luc.

Je viens de passer la visite et le major voulait me verser à la compagnie de départ, à cause que j’ai oublié mon billet d’hôpital à Gap, alors si vous vouliez avoir l’obligeance de m’en faire parvenir un, je vous en serais très reconnaissant.

À notre arrivée ici, quand nous nous avons rencontré tous les trois, notre première conversation a été sur la scène passée à Luc, et sur le petit mot de Dumont envoyé à Mademoiselle Antoinette.

Recevez, mademoiselle une cordiale poignée de main,

Coirier Albert

2 e Cie de départ,

A Lambezelec, par Brest.

Nommé Coirier Fernand Albert Clement. Né le 20 janvier 1889. Cultivateur. Blessé pour la seconde fois en octobre 15 avant d'être soigné à Valence puis Luc-en-Diois. Démobilisé le 2 août 19. Père de 5 enfants. Décoré croix de guerre et médaille militaire

PIERRE DELPOZZÉ

Juan les pins le 2 août 1915

Mademoiselle

Depuis mon arrivée dans ma famille je ne cesse de penser et parler de vous. J'ai été très sensible de vous voir si dévouée auprès de mon mari malade et certainement Dieu vous récompensera des soins affectueux dont vous entourez les blessés.

Je me permets de vous demander mademoiselle une faveur que votre bon cœur ne me refusera pas ? Il s'agirait de prier Monsieur le docteur votre père de délivrer à mon mari un certificat certifiant la maladie. Je suis bien sûre que lui-même n'oserait jamais vous demander une telle chose mais je vous ai reconnu si sincèrement bonne que je n'hésite pas.

Je me permets de vous envoyer un colis contenant un petit souvenir de mon pays, qui me rappelera à vous plus tard dans des temps meilleurs.

Je joins également à ce colis un livre que vous aurez l’extrême obligeance de remettre à mon mari.

Je termine en vous remerciant bien sincèrement une fois encore pour ma famille et pour moi.

Recevez Mademoiselle l'assurance de ma considération

Assomption Delpozzé

Juan les pins

13.8.15

Mademoiselle

Votre lettre m’a causé un sensible plaisir. C’est moi qui dois vous remercier de votre bienveillance à l’égard de mon mari et soyez bien persuadée mademoiselle que ni ma famille ni moi nous n’oublierons jamais combien vous avez été dévouée pour mon cher mari et bonne pour tous.

Je suis heureuse que grâce à l’intervention toute puissante de M. votre père, mon mari vienne en convalescence. Je m’efforcerai à le bien vitaliser.

Je me mets mademoiselle à votre disposition afin que si je pouvais vous être utile à Nice dans les environs, vous n’hésitez pas à vous adresser à moi.

Présentez mes hommages à Monsieur votre père, nos souvenirs à Madame Dumay et pour vous mes respectueuses et sincères salutations.

Assomption Delpozzé

Juan les pins

Soldat de la 11e territoriale.

Juan-les-Pins le 23 août 1915,

Mademoiselle

J’ai tardé de vous écrire parce que j’ai été très fatigué. On m’a donné trente jours de convalescence. Je vous remercie de tous vos bons soins. Vous présenterez mes respects à Mr le docteur. Vous ferez des compliments à Madame Doumergue, à Imbert et tous les camarades de la chambre.

Bien de compliments de toute ma famille.

Recevez mes sincères salutations,

Votre serviteur,

Pierre Delpozé

HENRI DUPONT

Die, 22,

Mademoiselle,

Comme je vous l’avais promis je m’empresse de vous faire savoir que notre voyage s’est effectué dans de bonnes conditions, je ne vous apprends rien car Madame la supérieur m’a dit vous avoir écrit ce matin. Triste journée que celle d’aujourd’hui et quel cafard nous avons tout particulièrement, moi et Flament. Toute l’après-midi nous avons roulé dans Die et nous connaissons le pays comme de vieux Diois. Quand reverrons-nous Luc bientôt sans doute dimanche, et nous languissons déjà d’être à ce jour-là. Bien des choses de tous à votre famille et recevez mademoiselle avec tous mes remerciements l’expression de nos sentiments les plus respectueux,

H. Dupont

Gap 26. 10 - 15
Mademoiselle
Nous sommes arriver à Gap à bon port et nous avons passez la visite aussitôt, le major a décidé que Basset serait réformé n°1, quand à moi on a encore rien décidé, on voudrait me proposer pour la réforme temporaire mais le lieutenant n'a encore pas put se prononcer. Gauthier est parti chez lui pour 7 jours, Auclair et proposer pour un mois.
Bien des choses au docteur ainsi qu'à madame Magnan et à Mademoiselle Germaine, à Madame Doumergue et aux amis à qui j'écrirai plus tard n'ayant pas le temps aujourd'hui.
Recevez mademoiselle mes sincères salutations,
Votre dévoué
Henri Dupont

Pomponne 16/12/15,

Mademoiselle,

Je fais réponse à votre petite lettre qui m’a fait grand plaisir. Je suis très bien remis de fatigue de mon voyage je me porte assez bien pour le moment, j’ai le côté qui me cuit très fort, que c’est une esquille qui veut sortir et je vais voir ces jours-ci un docteur qui est un ami de Madame Lafosse tu me diras ce que c’est.

J’espère que chez vous tout le monde est en bonne santé et que vous avez toujours de bonnes nouvelles de Messieurs vos frères.

Je suis très étonné de ne pas avoir de nouvelles de Mérens à qui j’ai écrit et je me demande si il serait plus malade, si vous en avez veuillez m’en donner ce qui me fera plaisir.

Je vous dirai que je suis très raisonnable malgré moi car Madame Lafosse m’empêche de travailler, je m’amuse toujours à faire des tapis ce qui plaît beaucoup à Madame Lafosse.

J’ai écrit il y a quelques jours à Madame Doumergue pour faire réponse à une carte reçue d’elle. J’espère qu’elle vous en aura parlé car elle s’impatientait déjà.

Choses à vos parents ainsi qu’à Melle Nal et Odette, Melle Bertrand et Pujol.

Je vais Mademoiselle mes meilleures salutations,

Votre dévoué,

H. Dupont

Pomponne 10 2 16

Mademoiselle,

J’ai été très heureux de recevoir votre gentille carte il y a quelques jours et je m’empresse d’y faire réponse. J’ai passé devant une commission vendredi dernier mais je viens de savoir que j’avais deux mois de prolongation que l’on voulait m’envoyer passer à la campagne parce que je n’étais pas chez des parents, enfin je réussi tout de même à les avoir pour Pomponne.

La santé est toujours la même, quelques douleurs aux côtés, des crachements de sang et toujours pas de sommeil.

J’espère que chez vous tout le monde va bien et que vous avez toujours des nouvelles de Messieurs vos frères.

Bien des choses de ma part à Mr et Mme Dartigue ainsi qu’à Mademoiselle Nal et à Madame Doumergue à qui j’écrirai d’ici quelques jours. J’espère que Pujol est toujours avec vous malgré votre petit nombre de malades. Bonjour aussi à Melle Bertrand ainsi qu’aux demoiselles de l’hôpital.

Recevez Mademoiselle mes plus cordiales poignée demain,

Votre dévoué,

H. Dupont

Châtelaudren 9. 4. 16

Mademoiselle

Si je ne vous ai pas fait réponse plutôt, ne croyais pas que c’est de la négligence c’est que je voulait pouvoir vous donner les résultats de mes visites qui jusque-là n’ont abouti à rien mais j’espère passer devant une commission spéciale d’ici peut aussitôt fixé sur mon sort je vous enverrai deux mot

J’espère que chez vous toute votre famille est en bonne santé et que vous avez toujours des nouvelles de vos frères. Quant à moi ma santé est toujours la même il n’y a plus de changement surtout en bien, je crois que vous auriez bien du mal à me reconnaître tellement je suis maigre, quant à ça j’ai toujours bon appétit c’est ce qui me console, enfin, j’espère que ces messieurs vont bientôt prendre une décision sur mon sort.

Madame Doumergue me dit que vous n’avez plus que deux malades je les envie et les heureux …mais je crois que vous en aurez bientôt car il en passe un grand nombre de notre côté.

Biens de choses de ma part à Monsieur et Madame Dartigue, Mademoiselle Nal ainsi qua dédé et à ces dames de l’hôpital.

Je vous quitte car c’est l’heure de la soupe.

Recevez Mademoiselle mes plus cordiales poignée de main

Votre dévoué,

H. Dupont

132 Inf, 29 Compagnie, Chatelaudren (Cotes du nord)

Valence 21-6-16

Mademoiselle

Excusez moi du retard que j'ai apporté a vous écrire je voulais être fixé est vous dire le jour de mon opération l'ayant appris ce matin je m'empresse de vous le faire savoir. Après avoir passer deux jours de suite à la radio le docteur Cornet vient de décider que ce serait pour vendredi. Jolie partie de billard en perspective.

Le radiographe me dit n'avoir pas encore vu un éclat aussi gros placés comme le mien il est parait-il presque aussi large qu'une pièce de cinq franc et long de cinq à six centimètres à une profondeur de 55 a 56 millimètres.

Je n'éprouve aucune appréhension mais je voudrais voir vendredi passer pour retourner a Luc le plutôt possible ici la vie étant bien plus monotone que Luc quoique l'on se promène toute les après-midi.

J'espère qu'a l'hôpital tout le monde vat bien ainsi que votre famille a qui vous voudrez bien présenter mes respects.

Votre dévoué

H.Dupont

Valence 30 Juin 16

C’est avec un réel plaisir que j’ai reçu votre petite lettre et je m’empresse d’y faire réponse, je vous direz que je suis opéré depuis le 23, mais que l’opération n’est pas encore la bonne, le docteur Cornet n’ayant pas voulu aller chercher l’éclat sans être assisté d’un autre chirurgien et comme le nouveau médecin chef du lycée est un maître, je crois que c’est lui-même qui travaillera probablement lundi d’après ce que l’on vient de me dire.

J’ai demandé pour être dans le service de Madame François mais le docteur Cornet a préféré me garder dans le sien pour pouvoir me travailler ce que j’ai préférai que d’avoir affaire à d’autres.

J’ai sorti hier jeudi pour la première fois, j’ai été voir le camarade Penciolelli lit qui va aussi bien que possible et pense pouvoir se lever bientôt.

Je ne vois plus rien à vous dire pour le moment et je vous prie de présenter mes respects à vos parents ainsi qu’à Madame Dartigue et à Madame Doumergue.

Recevez Mademoiselle mes plus cordiales poignées de main.

H.Dupont

Valence 15-7-16

Mademoiselle

Excusez-moi si je ne vous écrit pas plus souvent ce n'est pas le temps qui me manque n'y la négligeance c'est que depuis le trois juillet que j'ai subit ma deuxième opération je suis au lit et assez fatiguer enfin cela n'est trop rien puisque l'opération a réussit et que l'on a retirer un éclat qui ne pèse que 45 grammes. Le major a bien fait sauter une cotte mais par les temp qui courre une cotte de plus ou de moins c'est bien peu de choses.

J'ai appris que l'hopital de Luc était fermé j'espère que ce n'est pas pour longtemps et que je serai bientôt parmi vous d'après les dires du docteur Cornet je devai déjà partir mercredi dernier...

J'espère que ma lettre vous trouvera tous en bonne santé et je vous prie de vouloir bien présenter mes respects à vos parents ainsi qu'à Madame Doumergue.

Dans l'espoir de vous lire recevez Mademoiselle mes plus respectueuses salutations

H Dupont

Je vous joind le dessin de mon éclat grandeur naturelle

(suit un dessin au crayon de l'épaisseur et de la forme de l'éclat d'obus)

Valence 25.7. 16

Mademoiselle

C’est avec un réel plaisir que j’ai reçu votre gentille lettre, je m’empresse d’y faire réponse. Je ne sais pas encore quand je retournerai à ce cher Luc, le major ne voulant pas me laisser partir avec un drain. Il m’en a bien retiré un vendredi mais avec l’ouverture qu’il y a le deuxième y restera encore un moment. Je commence à me lever depuis dimanche, j’ai sorti en ville et j’ai eu la chance de rencontrer Penciollelli. J’ai été très surpris de le voir sans béquille rien qu’avec une simple canne. Il me dit avoir demandé à retourner à Luc mais que l’on ne peut le renvoyer, il pense partir dans une petite formation dans les environs de Valence passer quelque temps avant de partir pour la Corse.

Aussitôt le reçu de votre lettre je me suis empressé de répondre à Madame Lechat. Dans l’espoir d’être bientôt des vôtres recevez cher Mademoiselle l’expression de mes sentiments respectueux.

H. Dupont

Ps : Bien des choses à votre famille ainsi qu’à Madame Doumergue.

Valence 1er. 8. 16

Mademoiselle

Deux mots pour vous dire que d’après un revirement des majors je partirais pour Luc probablement jeudi avec trois de mes camarades. Je vous assure que cette nouvelle m’a rendu joyeux ici en ce moment je m’ennuie beaucoup quoi que j’ai appris à faire du macramé ce qui m’occupe un peu il me fait paraître le temps moins long comme les promenades sont toujours les mêmes et que je commence à connaître Valence je ne sors presque pas ou très rarement.

Bien des choses à votre famille et à Madame Doumergue ainsi qu’aux dames de l’hôpital et recevez Mademoiselle l’expression de mes sentiments les plus respectueux,

H. Dupont

Die, 14. 10. 16,

(lettre envoyé à Mournet, Albon d’Ardèche)

Mademoiselle,

J’ai été très heureux de recevoir votre gentille lettre du neuf courant je m’empresse d’y faire réponse ce que j’aurais pu faire plutôt mais excuser moi, mes instants de loisirs étant pris par des répétitions que nous faisons pour un concert qui doit avoir lieu dimanche 22 octobre dans la salle du patronage. J’espère que vos quelques jours de repos auront raison de vos fatigues et que bientôt vous serez parmi nous dans vos anciennes occupations d’infirmière.

Nous sommes tous les quatre en assez bonne santé pour le moment. Flamant pense partir samedi prochain, sa jambe est toujours la même aussi compte-t-il sur une convalescence. Poulain et Quercy sont aussi guéris et ne resteront sans doute pas bien davantage ici. Bah moi toujours la même chose et toujours penser aussi mal.

Madame la supérieure a été très contente de votre envoi et vous en remercie beaucoup ainsi que des deux chaises longues que nous avons rapporté dimanche de Luc, nous pensons y retourner demain avec Flament et rapporter les deux autres ainsi que les béquilles.

J’ai donné connaissance de votre lettre à Madame la supérieure qui a pris votre adresse pour vous remercier elle-même.

Mes camarades me charge de vous présenter leur respect et recevez Mademoiselle l’expression de mes sentiments les plus respectueux,

H. Dupont

Valence 26.11. 16

Mademoiselle

Je profite de mon dimanche pour vous écrire ces deux mots car mon travail m’empêche de le faire dans la semaine.

Mon état de santé est toujours le même et je dois passer le conseil de réforme le 13 décembre peut-être ce conseil me sera favorable. Je l’espère aussi c’est avec impatience que j’attends.

J’espère que vous êtes en bonne santé ainsi que votre famille et que vous avez toujours de bonnes nouvelles de Messieurs vos frères.

J’ai reçu ce matin une lettre d’Angleterre il doit recevoir un colis contenant une montre, des mouchoirs et du chocolat parti le même jour. Cette demoiselle me dit avoir mis son adresse dans bien des petits sacs mais que je suis le seul qui lui ais écrit aussi était-elle très contente. Je vous ferai voir sa lettre quand j’irai à Luc. Je lui répondrai d’ici quelques jour et je vous serais bien reconnaissant de vouloir bien m’envoyer une photo pour la joindre à ma lettre je vous remercie d’avance.

Je vous dirais deux mots au sujet de mon travail qui n’est pas pénible du tout. Assis tout le jour nous regardons tourner les machines qui préparent les pièces destinées au montage des pompes pour vaporisateur. Nous faisons aussi des chapeaux de gaine d’obus en acier ce qui est plus dur car il faut être debout et toujours les mains dans l’eau.

Bien des choses de ma part à toute votre famille, et recevez mademoiselle avec mes plus sympathiques remerciements l’expression de mes sentiments respectueux.

Votre serviteur dévoué

H. Dupont

Dépôt de convalescence Valence Drôme

Paris 15 janvier 1917,

Mademoiselle,

Je profite d’un moment de répit pour vous écrire ces deux mots, excusez-moi de ne pas l’avoir fait plus tôt, le temps me fait défaut car je vous dirai que je suis entré à l’école de rééducation pour apprendre la comptabilité comme c’était mon désir.

Ici nous sommes très bien soignés, presque comme 208 bis, moins libre cependant mais la petite liberté qui nous est accordée nous suffit. Notre école est dirigée par deux miss américaines et un lieutenant de mon régiment.

J’espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé ainsi que votre famille. Je pense que vous avez toujours de bonnes nouvelles de Messieurs vos frères et que Mr Marcel est en bonne voie de guérison.

Que vous dire de moi, peu de choses, mon état de santé est toujours le même mais je prends quand même des kilos.

J’ai été voir hier une dame rapatriée de Prémontré, elle me rapporte d’assez bonnes nouvelles, mes parents sont toujours au pays, plus pour bien très longtemps cependant, le village est évacué complètement et ils attendent que ces sales boches les fassent partir.

Je termine ma lettre un peu brusquement car j’ai beaucoup de correspondance négligée et je profite d’un instant pour pouvoir répondre aux amis.

Recevez Mademoiselle l’expression de mes sentiments respectueux.

Votre serviteur dévoué,

H. Dupont

Ecole de rééducation, 28 quai Debilly, Paris 16e

Union des Colonies étrangères en France en faveur des Victimes de la Guerre, 28 quai Debilly

Paris 13/2/17

Mademoiselle,

J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 1er février et je vous en remercie beaucoup. Je profite d’un instant de répit pour vous faire réponse.

Je suis toujours en assez bonne santé et j’espère que ma petite lettre vous trouvera de même ainsi que votre famille. J’ai été très heureux d’apprendre que Mr Jean avait obtenu une permission et que Mr Marcel était en bonne voie de guérison. J’espère que vos désirs se réaliseront et qu’il sera bientôt parmi vous.

J’ai bien reçu le colis d’Amérique mais le contenu n’était pas du tout intact et la montre était sortie : je me suis adressé au comité de secours américain pour faire une réclamation mais il paraît que cela est inutile, le transport des colis étant fait à titre gracieux. J’ai reçu il y a quelques jour une nouvelle lettre m’avisant l’envoi en gare de Luc d’un colis, aussi j’attends avec impatience car je pense que ce n’est pas le même. Vous me demandez de vous parler de moi, que vous dire ? Je ne sais, je vous dirais bien que j’ai obtenu du service de santé un corset protecteur en tissu et que cela me fait beaucoup de bien et remplace avantageusement la ceinture de flanelle, en me maintenant, je ressens beaucoup moins la fatigue des premiers jours.

Que vous dire au sujet des études, peu de choses elle se poursuivent assez bien et je pense arriver un bon résultat et être placé dans quatre ou cinq mois. J’ai reçu de Flament une carte il y a deux jours, comme à vous il me dit être à Troye en Champagne au dépôt divisionnaire en attendant l’ouverture de la grande danse qui ne saurait tarder.

Je termine ma lettre à un peu brusquement car il me faut répondre à Madame Doumergue et je n’ai pas beaucoup de temps. Recevez Mademoiselle l’assurance de mon profond respect.

Présentez à votre famille mes civilités.

Votre dévoué

H Dupont

Paris 15.3.17

Mademoiselle

Deux mots pour vous faire savoir ce que je deviens car je crois que je suis un peu négligent pour écrire. Il est vrai que le travail ne nous laisse pas beaucoup de loisirs, 1h30 le midi et on profite de ce moment pour sortir un peu aussi la correspondance en souffre.

J’espère que ma petite lettre vous trouvera en bonne santé ainsi que votre famille, j’espère aussi que vous avez toujours de bonnes nouvelles de Messieurs vos frères.

Au sujet de ma santé je ne vous dirai pas grand-chose étant toujours la même quoi que un peu grossi prés de sept ou huit kilos.

J’ai reçu des nouvelles de Madame Doumergue il y a quelques jours. Elle me dit que Luc est bien morne, je n’en doute pas surtout l’hiver avec la neige cela ne doit pas être bien gai.

Je commence à avoir le cafard et la nostalgie de Luc aussi je pense y aller faire une petite promenade dans les environs de Pâques pour passer mes vacances un peu plus calmes qu’ici.

Je ne vois plus rien à vous dire pour le moment et je termine en vous présentant mes sentiments les plus respectueux ainsi qua votre famille.

Votre dévoué,

H. Dupont

Officier 132 infanterie

28 quai Debilly, Paris 16eme

Paris 3.4 .17

Mademoiselle,

C’est avec plaisir que j’ai reçu votre gentille lettre et je vous en remercie beaucoup. J’ai été très heureux de vous savoir en bonne santé ainsi que votre famille.

À mon sujet je ne vous dirai rien, étant toujours le même quoique un peu moins souffrant.

J’ai reçu des nouvelles de mes parents, il y a une huitaine de jours, tous étaient en bonne santé, aussi cela m’a causé une grande joie, seulement depuis ce jour avec les combats qui ont lieu dans les environs de chez moi, j’ai quelques appréhensions car ces brutes de boches pourraient bien évacuer ma famille. J’espère qu’avec l’été nous verrons enfin à la fin de cette maudite guerre et que je pourrai retourner chez nous.

Flament m’a écrit hier, il me dit être près de Coucy-le-château ou près de là. Il me demande de lui donner le nom de mon pays car il pense bien que l’offensive sera xxx d’ici quelques jours aussi je m’empresse de lui répondre.

Je ne pense pas rester encore bien longtemps à l’école et serai bientôt placé.

Je ne vois plus rien à vous dire, recevez Mademoiselle l’assurance de mon profond respect.

H.Dupont

EUGENE DUPRAT

19/3/1915

Melle Marie

Je vous envoie cette carte pour vous dire que nous avons fait un très bon voyage, nous voilà prisonniers à Valence pour quatre ou cinq jours, nous sommes trois Bouillot et Millot, avec moi, nous attendons à demain samedi pour passer la visite. Nous sommes proposés pour une convalescence. Je vous en dirai plus long à la prochaine demain ou dimanche.

Le bonjour à vos parents de ma part ainsi que Mr Mme Dartigue, j’espère avoir une petite convalescence

Duprat E

Envoi de monsieur Duprat réserviste, 212e régiment d'infanterie. En convalescence à Begole. Canton de Tournay, Hautes-Pyrénées

25/3/1915

Melle Marie

Me voilà arrivé à destination, pour vous dire en bonne santé, j’ai fait un bon voyage. Je n’ai pas trouvé le temps trop long, j’ai trouvé des camarades en route, j’ai laissé Millot à Valence qui partait le lendemain ; je suis encore un peu fatigué, nous avons 45 jours de convalescence tous les trois et le pauvre Berry n’a pas eu de chance lui qui s’attendait avoir quelques jours, mais on ne peut rien dire jusqu’à ce qu’on est parti, on était 60 de 45 jours, et il y en a des deux moi aussi Je vous remercie beaucoup des bons soins que vous m’avez donnés, et des gentillesses que vous avez eu pour moi, le bonjour à Monsieur le docteur, avec tous mes plus grands remerciements, sans oublier votre sœur Mademoiselle Germaine et bien le bonjour à tous les copains ;

D.E

Envoi de monsieur Duprat réserviste, 212e régiment d'infanterie. En convalescence à Begole. Canton de Tournay, hautes-Pyrénées

11/4/1915,

Mademoiselle Marie,

Je n’ai pas encore oublié le petit canton de Luc en Diois, et surtout parmi les gentilles demoiselles qu’il y a dans le nombre, car je crois que j’en garderai un bon souvenir. Vous leur direz le bonjour pour moi ainsi qu’à Mr le docteur Magnan et s’il y a encore quelques vieux copains parmi le nombre de ceux qui sont restés, les jours passent vite. Ma convalescence est à moitié. Ma santé va assez bien et je désire que la présente vous trouve de même. Je voudrais encore être auprès de vous pour faire quelques parties de plus avec votre sœur Germaine qui aimait tant ce jeu-là. Le bonjour à Mr et Mme Dartigue

Envoi de monsieur Duprat réserviste, 212e régiment d'infanterie. En convalescence à Begole. Canton de Tournay, hautes-Pyrénées 

2.5. 1915
Mademoiselle Marie,
Voilà déjà 8 jours que j'ai reçu votre carte, qui m'a fait grand plaisir. Je vous remercie beaucoup des petits renseignements. C'est vendredi que je repars à mon dépôt de Tarbes c'est malheureux de recommencer ce sale turbin, le bonjour chez vous ainsi qu'à madame Dartigue.
Recevez mademoiselle Marie mes meilleurs souvenirs. Et bonne santé.

Mercredi 7 février 1917

Melle Marie,

Comme je vous avais promis de vous écrire après la guerre et comme je crois qu’elle n’est pas au point de finir je passe un petit moment à vous donner de mes nouvelles qui sont assez bonne pour le moment.

Voilà deux ans que j’étais parmi vous à l’ambulance de Luc en Diois car je voudrais bien pouvoir y passer les deux mêmes mois, qui en ce moment sont très dur où je me trouve, ça ne vaut plus les petits jeux et la bonne vie de Luc en Diois, car j’en ai passé de bien dûrs depuis.

Je suis au front depuis le mois d’octobre 1915, que je n’ai jamais quitté, je n’aurais jamais cru d’y rester aussi longtemps. Mon petit stage de deux mois à Luc en Diois il me semble qu’il me remonterait un peu le moral.

Nous avons un hiver très froid, moi je n’ai jamais vu le pareil, c’est vrai que le climat est plus chaud chez moi.

Est-ce que l’ambulance de Luc en Diois existe toujours.

Le bonjour à votre famille ainsi qu’à Monsieur et Madame Dartigue et aux gentilles dames et demoiselles qui ont été très dévouées pour nous.

Recevez Mademoiselle mes remerciements les plus affectueux

Duprat Eugène 418e d’infanterie 10e Cie

Né en 1884. Cultivateur. Blessé en 18 à Soissons par un éclat d'obus à la hanche et au thorax. Réformé en 1919

LEON DUVERDIER

Périgueux le 23 6 15
Mademoiselle
Je vien vous dire que je suit arrivait hier 22 à 8h30 du soir pour un mois de convalessence, j'ait fait un très bon voyage et mon état de santé est toujours très bon pour le momment.

Mademoiselle Magnan j'envoie à monsieur Magnan et à toutes ces demoiselles un grand souvenir de Luc-en-Diois, agréé mademoiselle mais sainsaires salutations
Duverdier Léon, rue Mignot 10, Périgueux (Dordogne)

Né le 15 décembre 1876 à Savignac en Dordogne, cultivateur. Habite toujours rue Mignot en 1919. Libéré du service militaire en 25

FLAMENT VICTOR

18 e Bataillon de Chasseur de Cambligneul Pas de Calais

Valence le 21/10/16

Mademoiselle

Avant de quittez complètement la Drôme je vous envoie cette carte pour vous faire savoir que mon voyage de Die à Valence a été très bon, et pour vous dire aussi que je suis maintenu, sûrement que j’aurais plus de 7 jours, enfin je vous écrirais plus longuement à la fin de cette semaine quand je serai chez moi. Bien le bonjour à Monsieur et Madame et Mademoiselle Germaine. Recevez Mademoiselle ma meilleure et cordiale poignée de main.

Flament Victor

Cambligneul le 27.10.16

Mademoiselle

C'est avec un réelle plaisir que je vous fait cette lettre de chez nous car je suis rentré chez nous depuis le 26 au matin et j'ai été très heureux de retrouver mes parents en très bonne santé et aussi très heureux de passer un moment avec eux car vous savez j'ai un moi de convalo. Cela me fait bien plaisir car je ne croyais jamais avoir un moi, a present je vais pouvoir aider mes parents à ensemencer et à arracher les betteraves à sucre, mais ce qu'il y a de moyen c'est qu'il ne fait pas beau temps, il pleut très souvent.

Maintenant Melle ici ce n'est plus la même chose que dans le beau petit pays de Luc ni même de Die car ici je me croi sur le front, on entend le canon gronder comme un roulement de tambour ininterrompu en ce moment je crois qu'il se prépare quelque chose par ici aussi il y a un grand mouvement de troupes, les Anglais quit ce secteur et il vient des Canadiens les remplacer depuis deux jours les canadien arrivent.

Enfin Melle je ne vois plus rien à vous dire pour le moment. Bien le Bonjour à Mr le Docteur, Mme Magnan, et Melle Germaine.

Je termine en vous serrant une bonne et cordial poignée de main de loin d'un ancien poilu de l'hopital de Luc qui gardera un bon souvenir.

Flament Victor

Convalescent à Cambligneul par Aubigny en Artois (P de Calais)

Je vous aurai bien envoyé une vue de Cambligneul je n'ais pas pu en trouver car c'est défendu d'en vendre dans la zone des armées on a pas le droit d'en vendre les marchants en n'on plus.

Fontenay le Comte 3/1/17

Recevez tous mes meilleurs vœux et souhaits de bonne année de bonne santé. Je viens de rentrer ce matin de permission mais c’est la dernière car je dois partir à Salonique le 15 si il n’y a pas de changement. Donc mademoiselle je vous souhaite tous une bonne année une bonne santé et toutes sortes de bonheur qu’il peut vous être agréable

Flament Victor

Le 11.2.17

Melle

Je suis toujours en bonne santé et je souhaite que toute votre famille soit en bonne santé aussi. Je vous dirai que je suis très heureux d’être resté en France depuis que je suis à mon nouveau bataillon on a encore rien fait et on ai pas plus malheureux quan 18 il y a huit jours on nous a remis la fourragère et aujourd’hui 11 on fête la fourragère nous avons plusieurs attractions avec prix le soir cinéma et théâtre.

Le plus malheureux c’est qu’il fait aussi froid je n’y comprends rien comme on peut résister par un temps aussi glaciale.

Je termine en vous serrant une cordiale poignée de main.

Flament Victor, 8 Bataillon, 3 cie, 3 section, secteur 35,

25.3. 17

Melle

Excusez-moi du retard que j’ai mit a vous répondre à votre dernière carte que j’ai reçu. En ce moment nous avons beaucoup de travail, on commence à jouer le tango au boches. J’espère que cette fois on les aura surtout quand le tango sera bien en route enfin bref, à cela je suis toujours en bonne santé ! Depuis une quinzaine nous avons toujours des petites bourrasques de neige et des petites gelées, j’espère que cela va bientôt se terminer et que nous aurons le beau temps. J’espère qua Luc qu’il doit commencer à y faire bon, plus rien à vous apprendre pour le moment, recevez Mademoiselle mes sincères salutations

Flament Victor

Si cela continue, un de ces jours je vais passer dans le pays à M. Dupont, il y a très longtemps que je n’ai eu de ses nouvelles je ne sais s’il est encore à Paris

Carte postale de la cathédrale de Reims

29-3 -17

Melle

Comme j'ai trouvé quelques carte quelle représente ce beau monument qui aujourd'hui et complètement en ruine. J'aurai voulu vous l'envoyer telle qu'il est en ce moment ce n'est plus que des ruines calcinés, il ne passe pas une journée sans qu'il y tombe des obus.

Recevez mes sincères salutations

Flament

Le 9 - 7 .17
Melle
Quelques mots pour vous donner un peut de mes nouvel qui sont toujours très bonnes.
Je suis à Verdun depuis une dizaine de jours, cela ne vaut plus l'année dernière car 4 jours plus tard j'arrivais à Luc, rien autre chose à vous apprendre.
Bien des choses à toute votre famille.
Recevez mademoiselle mes sincères salutations
Victor Flament

Bataillon de Sidi-brahim 8e bataillon de chasseurs

le 28.12 18

Mademoiselle

Voyant arriver le jour de l'an je viens vous souhaiter une bonne fin d'année à tous et pour l'année 19 je vous souhaite une bonne année et une bonne santé. Souhaitons que l'année 1919 sera meilleure que les quatre longues années que nous venons de passer

Car cette année nous auront la signature de la paix et aussi la démobilisation et nous pourrons rentrer dans la bonne vie vivre heureux et tranquille en oubliant toutes les souffrances que nous avons enduré pendant ces quatre longues et terrible années de guerre.

J'espère et je souhaite que vos frères sont sortis de ce terrible fléau en bonne santé.

Nous pour le moment nous sommes embauchés en occupation de la ville de St Ingbert en Bavière et le 2 janvier nous devons partir pour Mayence.

Mademoiselle je termine en vous envoyant tous les meilleur souhait de bonne année et de bonne santé ainsi que vos parents

Un poilu qui garde toujours un très bon souvenir de l'ambulance de Luc

Flament Victor

Né en avril 1893 à Cambligneul, cultivateur. Evacué blessé en décembre 14. Reçoit un éclat de grenade au genou droit. Médaille militaire. Réformé à cause de sa blessure. Après-guerre, employé aux mines de Béthune en 1927, puis entrepreneur de battage, service agricole.

MAURICE GAISSAD

En tête « gloire aux alliés »

Gap, le 12 juillet 1916

Chère Mademoiselle

C’est ce soir que je dois passer devant la Commission ! Ma foi, je n’ai peur que d’une chose, c’est que l’on me fasse couper… les cheveux !

Mon mois de convalescence a été maintenu hier à la contre-visite, ainsi d’ailleurs que les décisions prises au sujet des camarades.

Pauzat qui était entré à l’infirmerie a été proposé pour un mois aussi.

Il est inutile de vous dire combien grande est notre joie, et avec quelle impatience nous attendons notre départ de cette sale boîte qu’est l’hôpital-dépôt.

Encore, nous, sous-officier, nous sortons quand nous voulons durant le jour et la permission de 21h nous est accordée, Mais je plains bien sincèrement ces pauvres soldats qui s’abrutissent durant plusieurs jours enfermés entre quatre murs de caserne sans aucune distraction.

Piélat couche dans ma chambre et il fera route avec moi jusqu’à Luc, où je m’arrêterai … mais très peu, Car j’ai l’intention de reprendre le train de 7h30 pour repasser par Veynes et Pertuis.

Sapristi, les lits sont rudement durs ici, et étroits ! On ne peut s’en faire une idée ! Le premier soir nous n’avons pu nous endormir qu’à 1h du matin, et j’ai dû faire des prodiges d’équilibre pour ne pas dégringoler sur le plancher ! Des petites bestioles s’étant mises de la partie, la nuit a été fort agitée et la dernière s’est écoulée dans de semblables conditions. Aussi, je languis fort de quitter ces endroits malsains ! Et de me replonger à nouveau dans un lit moelleux et doux ! Cette vie de caserne ne me dit rien qui vaille et c’est avec angoisse que je me demande si je pourrais rester au dépôt de Beziers.

J’aime mieux retourner au front que de faire le Jaques comme on le fait faire à tous ces pauvres blessés ! que l’on ennuie avec des idioties du matin au soir.

Aussi, en vous disant que je regrette l’hôpital de Luc, en vous disant que la vie de cocagne que l’on menait dans votre beau pays me fait un bien grand défaut, Je ne vous exprimerai qu’une partie de la peine que j’ai eue à vous quitter.

Il m’est et me sera impossible d’oublier toutes les bonnes choses que vous avez faites pour moi ; jamais le souvenir que j’en porte de Luc ne périra en ma mémoire, et ce sera toujours avec une profonde reconnaissance mêlée à un grand sentiment d’admiration que je penserai à vous et à votre famille.

Comment vous remercier de tous les soins que vous m’avez entourés et de toutes les gâteries dont vous m’avez comblé. Je ne trouve point de mots pour vous exprimer toute ma gratitude mais soyez assurée, Ainsi que le docteur que c’est avec un immense chagrin que je vous ai quittés et pour combien de temps ? Peut-être pour toujours, aussi je suis très triste.

Daigniez agréer Mademoiselle, ainsi que vos parents l’assurance de mon profond attachement et de mon éternelle reconnaissance.

Gaissad Sergent Mitrailleur 153 Infanterie

Né le 18 avril 1893

Le 17/5/1917

Chère Mademoiselle,

Et oui, c’est moi qui vous écris, moi, celui qui a agi malhonnêtement en ne vous donnant plus signe de vie depuis bientôt un an ! Que voulez-vous, il faut excuser ces : Marseillais ! Ce ne sont pas des êtres comme tous. Et pourtant, malgré tout, ils savent se souvenir !

Ce matin, quand j’ai vu les soldats se diriger vers l’Eglise, j’ai songé qu’il était 10 mois d’écoulé depuis mon départ de Luc et qu’il y avait un an j’étais à pareille heure au temple.

Beau temps, passé ! Mais doux à se souvenir, comme d’ailleurs tout ce qui est entré dans ma vie durant mon séjour à Luc ! Je ne l’oublierai jamais ! Et quelle différence avec cette ambulance d’ici. Pas de Madame Magnan, pas de Melle Mimi, pas de loterie ! Pas de chocolat à déguster ! Rien de tout cela, ni écrevisses, ni photographie. Comme nous avons bien fait de rester dehors après 8 heures du soir, pas, Melle Marie ? M’en voulez-vous toujours ? Évacuer depuis le 15 mai ! Arrivé au front pour le 4 ! Mon séjour aura été de courte durée, il en sera malheureusement de même pour celui de l’ambulance.

Mais respect à votre famille. Pour vous et Mademoiselle Germaine, mon bon souvenir ;

Gaissad Sergent

246 Inf. Pavillon 11bis

Ambulance 2/8 Secteur 24

Le 17.6.18

Chère mademoiselle Mimi,

C’est le grand Gaissad qui vous écrit pour vous dire qu’il est toujours vivant, en excellente santé, et toujours au front, malgré les dures luttes et les grandes souffrances.

Je suppose que cela vous causera quelque plaisir et vous prouvera que malgré mon silence je ne vous oublie pas ainsi que vos chers parents et ce non moins cher Luc !

Avez-vous de bonnes nouvelles de vos frères ?

Veuillez je vous prie me rappeler au bon souvenir de Madame Doumergue ainsi qu’aux demoiselles que j’ai connues à l’ambulance.

Je vous prierai d’être mon interprète auprès de votre famille pour l’assurer de mon entier souvenir et d’agréer chère Mademoiselle l’hommage de toute ma reconnaissance,

Votre Gaissad

Sergent 21e Cie 241e R Secteur 34

Né en 1894, employé, engagé volontaire en 1913, sergent en aout 14. Blessé à Verdun en 1916 à Froideterre au tibia. Intoxiqué par gaz en le 16/11/17. Mort à 24 ans le 21 août 1918 dans l'Aisne d'une blessure de guerre.

ALBERT GALLAND

Gap le 10 avril 1916,

Mademoiselle,

Me voilà arrivé à Gap et j’ai déjà passé une visite, je suis proposé pour la réforme temporaire seulement je crois que l’on ne me fera pas mon droit, je n’aurai aucune indemnité. J’ai discuté longtemps avec Mr le major mais il m’a dit que cela lui était impossible de me proposer avec indemnités et que si je n’acceptais pas, il m’envoyait sur un autre hôpital, et que l’on prendrait des dispositions, il a très bien reconnu que j’étais malade, il m’a dit que j’en aurai au moins pour une année, alors je passe le conseil de réforme le 21 avril, je vous tiendrai au courant de ma situation car je ne vous oublierai pas. Recevez mademoiselle ainsi qu’à toute votre famille mais salutations respectueuses.

Galland A.

Je languissais bien d’arriver, j’étais bien fatigué, je mange à l’infirmerie, nous avons des œufs du lait soupe et purée. J’ai un lit qui n’est pas mauvais mais qui ne vaut pas l’hôpital 208.

Le 19 avril 1916

Chère mademoiselle

Je viens encore aujourd’hui vous donner de mes nouvelles qui ne sont pas encore bien brillantes, je ne souffre pas trop mais je suis toujours très faible et mange peu, nous sommes assez bien soignés mais je n’ai plus mon bon café au lait le matin ni mon cacao à 3h comme j’avais à Luc. Nous avons promenade tous les jours après-midi mais comme le temps n’est pas très beau il est guère possible de sortir car ici à Gap nous avons la pluie ou la neige tous les jours. C’est bien vendredi 21 avril que je passe le conseil de réforme, si je suis accepté je pense descendre encore le jour même au train dès 4 heures. J’espère que ma carte vous trouvera en bonne santé ainsi que toute votre famille mais ne vous trouvera pas sans travail si comme me l’a annoncé Madame Doumergue il vous est arrivé 20 blessés.

Recevez mademoiselle mes meilleurs amitié,

Galland A. 157e inf

Luzerand le 23 mai 1916

Mademoiselle

Excusez-moi si je ne suis pas été vous dire bonjour à mon retour de gap. Le voyage m’avait tellement fatigué que je languissais de rentrer.

Voilà le résultat de ma visite maintenant : réforme temporaire et sans aucune indemnité. Je ne suis toujours pas très fort, mon côté me fait toujours mal et mange très peu. D’un côté comme de l’autre ma situation n’est toujours pas brillante.

Je pense que ma carte vous trouvera en bonne santé ainsi que toute votre famille, présenter leur mes salutations ainsi qu’à Mr et Madame Dartigue.

Recevez Mademoiselle mes sincères amitiés.

Galland A

Né en avril 1884, cultivateur, réformé temporaire pour bronchite suspecte en avril 16. Réformé pour turberculose et pension en 1933

EUGENE GARDEBLÉ

Le 22 mai 1915

Mademoiselle Marie

Quelques lignes pour vous faire savoir que nous sommes arrivés à bon port en excellente santé et toujours le sourire sur les lèvres.

Comme je vous l’avais promis je suis allé visiter Belœil lequel venait d’être opéré la veille, l’opération a très bien réussi et tout va pour le mieux. Ce garçon me charge de vous remercier. Il était enchanté de l’intérêt que vous lui portez, bien le bonjour de sa part, il regrette Luc et toutes ces dames qui ont été si gentilles pour nous tous.

À présent je me fais un plaisir de vous apprendre que je pars demain avec xxx, pour un congé de 1 mois, sauf le Breton, Besson et le xxx, lequel est proposé pour la réforme, nous quittons Valence demain. Inutile de vous dire que nous sommes dans la joie.

Avant de quitter ce beau pays je vous transmets par la présente mes remerciements, je suis enchanté de mon séjour à Luc, présentez je vous prie mes respects à toutes ces dames, je garderai de vous le meilleur souvenir.

Recevez Mademoiselle Marie mais salutations les plus respectueuses et bien le bonjour à Monsieur le docteur votre père.

Eugène Gardeblé

Suivent de notes de musique

Dédié à Madame Lapeyre avec mon plus gracieux sourire.

« si tu savais comme je t’em…brasse »

 

Né en 1877. Vannier. Engagé volontaire. Commissionné comme soldat musicien en 1902. A Paris en 1919.

ROGER GODON

Valence 2 mars 15,

Mademoiselle Marie,

Quelques mots pour vous donner quelques nouvelles, nous avons passé le conseil de convalescence, et nous avons tous attrapé un mois à l’exception de Rodier, Basset et Argillier qui ont sept jours. Je ne sais où j’irai la passer, dès que je serai arrivé, je vous donnerai l’adresse. Je vous remercie de tous les bons soins que vous avez donnés, c’est avec grand plaisir que je retournerai à Luc d’où j’ai emporté que des bons souvenirs. Ne faites pas attention à l’écriture, j’écris sur mon lit qui ne vaut pas ceux de Luc c’est vrai. Le bonjour à vos parents et aux anciens,

Godon Roger

Alsace, 17/ 7/ 15,

Quelques mots pour vous faire part de mon retour en Alsace depuis 8 jours, nous sommes en repos pour le moment mais je crois que nous allons bientôt recommencer la danse, pas grand-chose à signaler pour le moment puisque nous sommes tranquilles. Je n’ai retrouvé qu’un camarade de chez moi au bataillon j’ai aussi trouvé un homme de Luc Jean Sauvet. Nous restons à cent mètres l’un de l’autre mais lui est heureux il est ordonnance.

Je n’ai pas vu passer Basset. Bourdoux est à la 3e compagnie. Je lui ai fait part de votre lettre que j’ai reçu le lendemain de son départ et lui comme moi souhaite de grand cœur de retrouver bientôt à Luc. Bien des choses de ma part à toute la famille et chez Madame Abonnec.

Recevez Mademoiselle mes meilleurs souvenirs,

Roger Godon

5e chasseur à pied 5e Cie Secteur 141

Gérardmer 19 août 15

Chère amie

J’ai reçu votre (mot manquant) ces jours derniers avec plaisir, je vais un peu mieux mais si je n’ai pas reçu le coup de la mort peu s’en a fallu, enfin maintenant j’espère m’en sauver, je m’attends à être évacué un de ces jours, peut-être encore du côté de Valence.

Enfin je termine pour aujourd’hui pour ne pas me fatiguer. Le bonjour à Madame Abonnec. Recevez mes meilleurs sentiments.

Roger Godon

Montpellier 29 août 15

Chère amie,

Me voilà de nouveau dans le midi mais plus de votre côté, dans la 16e région. J’ai bien été fatigué après 38 heures de train ; je commence à me reposer, et ça va un peu mieux mais toujours faible, pas moyen de me lever, les jambes ne veulent rien savoir, mais ça reviendra peu à peu il faut l’espérer, car je vois que j’ai déjà repris des forces. Je vous quitte pour aujourd’hui, je ne veux encore me fatiguer. Recevez toute votre famille mes meilleurs souvenirs,

Roger Godon

5e Chasseur à Pied, Hôpital temporaire N°3 Montpellier (Hérault)

Montpellier 17 septembre 15

J’ai reçu ces jours derniers votre lettre et votre paquet qui m’ont fait bien plaisir. Je vous remercie beaucoup cela me fait voir que vous pensez encore à moi à Luc. Je vous dirai que la santé va un peu mieux mais toujours obligé de garder le lit. Je suis encore bien faible car j’avais perdu beaucoup de sang mais je crois que je suis tranquille pour un moment je ne suis pas prêt d’y retourner.

J’aurais bien voulu aller encore du côté de Valence. J’aurais pu retourner peut-être à Luc pour que vous me dites que le xx quitte le pays mais je ne sais pas encore si je quitterai l’hôpital.

Je n’ai plus grand-chose à vous dire pour le moment je vous quitte pour aujourd’hui, donner le bonjour chez Madame Abonnec et recevez toute la famille mes sincères salutations.

Roger Godon

Montpellier le 6/11/15

Mademoiselle Magnan,

Quelques mots pour vous donner quelques nouvelles, maintenant la santé est assez bonne malgré qu’elle laisse beaucoup à désirer, ma jambe et mes rheins me font toujours souffrir, je suis un traitement d’électricité, on me met des plaques de zinc dans les rheins et sur la jambe ce n’est pas très amusant. J’ai appris par Madame Bérat que vos frères avaient fait l’attaque de Champagne ils ont dû en voir du joli et ils ont eu de la chance de s’en tirer sans rien attraper quoique qu’une petite balle dans un mollet ne serait pas désagréable.

Bien des choses de ma part à vos parents et à Madame Abonnec. Le bonjour chez M Lapeyre et à Madame Doumergue. Recevez mes souvenirs les plus respectueux,

Roger Godon

Raon aux Bars, le 5.1.1916

Melle Magnan

Deux mots pour vous donner de mes nouvelles et en même temps pour vous exprimer tous mes meilleurs souhaits et vœux pour 1916. Depuis ma convalescence de deux mois, la santé est assez bonne mais toujours des souffrances plus ou moins forte par moment, enfin c’est la guerre. Je vous souhaite pour 1916 une année meilleure que celle qui vient de s’écouler, qu’elle soit pour vous pleine de bonheur et de joie, que vous ayez bientôt la joie et la chance de voir revenir bientôt vos frères près de vous. Faites part de mes souhaits à vos parents ainsi qu’à Madame Lapeyre et Madame Doumergue ainsi qu’à Monsieur Dartigue.

Je termine ma petite lettre en vous adressant toutes mes amitiés et en souhaitant que tous mes vœux se réalisent.

Roger Godon

Le 24-12-16

Mademoiselle Magnan

Vous devez sûrement croire que j'oublie complètement votre pays et me prendre pour un ingrat. Mais non soyez sûre que jamais je n'oublierai l’accueil que j'y ai reçu ainsi que tous les bons soins que vous étiez tant dévouée vous et votre père pour nous prodiguer. Excusez-moi si je ne vous ai pas écrit plus tôt mais ma pensée est souvent tournée vers votre pays dont j'en garderai toujours un grand souvenir. Depuis mon départ de Luc comme vous le savez j'ai reçu encore une cruelle blessure dont les deux premières à coté n'était qu'une petite égratignure. J'ai beaucoup souffert paralysé pendant trois mois presque complètement. J'ai été opéré plusieurs fois dont la dernière à Besançon dont je vous ai écrit je crois ma dernière lettre. Quoique assez simple elle a été assez douloureuse, elle consistait à m'enlever deux éclats de balle, un petit morceau d'os de l'omoplate, délarer la cicatrice, me greffer de la chair et me recoudre la plaie ce qui me laisse une cicatrice de treize centimètres. L'essentiel cest que je suis assez bien remis, sauf toujours quelques douleurs dans les rheins et dans les jambes.

J'ai repassé ensuite dans l'artillerie lourde dans une section de munitions je suis actuellement dans la Somme depuis le mois de septembre.

Je viens aussi par cette petite lettre vous adresser à l'occasion de la nouvelle année que nous allons bientôt commencer mes meilleurs vœux et souhaits de bonheur. Que cette guerre se termine bientôt et que votre famille se trouve réunie. Je pense et souhaite de tout cœur que vos frère qui sont sur le front sont toujours en bonne santé. Je vous prie de faire part de mes souhaits à toute votre famille et recevez d'un poilu ses sentiments de reconnaissance et ses bons souvenirs
Roger Godon

107 artillerie Lourde

9eme

Section 168

Le 31.3.1917

Mademoiselle Magnan,

Quelques mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont assez bonnes pour le moment malgré toujours le mauvais temps qui n’arrête pas, place aux tempêtes de neige presque journellement.

Je pense et souhaite que pour toute votre famille la santé est excellente et que vous avez toujours de bonnes nouvelles de vos combattants.

En ce moment nous sommes dans l’Aisne, encore de triste contrées, après la Somme nous avons fait les attaques de maisons de Champagne et Beauséjour nous avons été envoyé ici dans l’Aisne où je crois que d’ici peu il n’y fera pas bien bon non plus. Enfin espérons que ce fléau prendra bientôt fin car voici déjà bientôt trois ans qu’il dure.

Mais j’ai reçu des nouvelles du charmant pays de Luc venant de Madame Abonnec, j’ai été très heureux car je garde toujours un bon souvenir de votre pays. Ici toujours la même vie pour moi, je suis toujours cycliste à la section de xxx, bon emploi mais quelques fois assez pénible et fatigant surtout en ce moment par cette boue, il faut souvent aller à pied ou porter la bécane sur le dos, enfin c’est un détail puisque c’est la guerre.

J’ai terminé pour aujourd’hui en adressant à toute votre famille mes salutations les plus respectueuses,

Roger Godon

Cycliste

107 artillerie Lourde

Secteur 181

Le 4 mai 1917
Mademoiselle Magnan
Profitant d'un petit instant de repos entre deux courses je vous envoie ces deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont toujours assez bonnes malgré la fatigue que nous avons à supporter tous ces temps.
Vous avez dû recevoir ma lettre que je vous ai écrit il y a quelques temps vous disant à peu près où j'étais nous sommes toujours dans le même secteur mais plus en avant que quand je vous ai écrit, dans le secteur du Chemin des Dames ou il y faisait chaud encore hier.
Je remplis toujours les fonctions de cycliste agent de liaison ce qui est un peu plus facile maintenant par le beau temps qu'au début de l'offensive au mois d'avril par la pluie et la boue.
Aussi après la première poussée j'ai eu quelques jours de repos pendant lesquels j'en ai profité pour me nettoyer, laver et me reposer car j'en avais grand besoin.
Je pense et souhaite de tout cœur que toute votre famille est en bonne santé et que vous avez toujours de bonnes nouvelles de vos combattants.
Le bonjour à Madame Abonnenc et Madame Lapeyre et recevez mes grands respects et meilleurs souvenirs
Roger Godon
Cycliste 107 artillerie lourde
Sect 181

Né le 19 décembre 1893. Profession ; domestique de culture. Evacué blessé le 8 sept 14, puis à nouveau blessé le 5 mars 15, puis encore une fois le 29 juillet 15. Balle dans la colonne. En congé en 19. Homme d'équipe dans la Cie des chemins de fer.

LOUIS GRANET

Laborie le 26 juillet 15,

Mademoiselle Marie

Je n'ai pu rester plus longtemps sans venir vous remercier de tous les bons soins que vous avez bien voulu me prodiguer ainsi que Mr votre père, aussi combien vous en suis-je reconnaissant, c'est avec beaucoup de chagrin que j'ai dû quitter Luc ce cher pays où je me plaisais tant, aussi je ne pourrai jamais oublier, si le hasard voulait que je puisse venir à Luc ce serait avec joie, Mademoiselle Marie, je vous prie de bien vouloir servir servir d'interprète auprès de Mr Mérens, sans oublier Madame Doumergue. Recevez Melle Marie ainsi que Monsieur votre père mes respectueuses salutations et remerciements

Louis Granet

 

Né en mai 1891. Cultivateur. Tué à l'ennemi le 1er mars 1916 à Neuville St Waast, à 25 ans. Croix de guerre

RENE HARRIVELLE

Originaire de 98 quai Vandoeuvre Caen Calvados, a passé 3 semaines au 208 bis

R Harrivelle, 31 e Compagnie, Lannilis (Finistère)

Gap, le 19 novembre 1915

Mademoiselle,

Réunis encore pour quelques heures, nous tenons, avant de nous séparer, à vous témoigner un peu mieux que nous n’avons su le faire à notre départ tous nos sentiments de reconnaissance et de profonde gratitude pour toutes les attentions, le soin, la bienveillance dont vous avez fait preuve à notre égard.

Soyez persuadée, Mademoiselle, que nous conserverons tous de notre passage à l’hôpital de Luc un excellent souvenir et nous n’exagérons pas en vous assurant que les trois semaines écoulées près de vous sont pour tous les meilleures vécues depuis le commencement de la malheureuse guerre.

Notre voyage s’est effectué avec assez de mots car nous ne voulions point penser aux regrets que nous éprouvions.

À notre arrivée, nous avons eu un avant-goût des petites misères que nous connaîtrons de nouveau bientôt.

Combien nous avons regretté notre salle si chaude, si gaie et surtout si familiale, dans le tumulte du réfectoire où nous sommes tombés et, le dortoir de là-bas en nous couchant tout habillés sur les lits régimentaires !

Nous vous prions, Mademoiselle, de présenter le respect à Monsieur le docteur et à Madame Doumergue et de croire en nos sentiments tout dévoués.

Harrivelle, Rabineau, Renaud, Bon, Coirier Albert, François D.

 

Caen, le 22 novembre1915

Mademoiselle

Me voici enfin chez nous. Le voyage fut un peu long. Il est vrai qu’il comportait de ses nombreux arrêts à Gap, à Paris et ailleurs aussi.

J’ai quitté les copains à la capitale après un déjeuner costaud et rejoint mes parents.

Dame l’histoire nécessité des détails mais des incidents de Champagne avaient peu d’importance comparativement aux trois semaines passées à Luc. Je voudrais bien pouvoir séjourner trois mois encore au front et avoir l’assurance de retourner à l’hôpital 208 bis pour trois autres semaines ou plus.

Je suis très heureux de vivre un peu chez nous mais je vous assure que j’aurais très bien supporté de ne revenir que beaucoup plus tard, enfin il faut accepter le temps comme il vient et ne point regretter les journées heureuses en s’en souvenant toujours.

Je retournerai au dépôt le 1er décembre pour très peu de temps sans doute, et il me serait agréable d’avoir de vos nouvelles avant mon départ.

Veuillez agréer, mademoiselle, avec mon meilleur souvenir mes très respectueux hommages.

R Harrivelle

58 quai Vendoeuvre

Caen le 27 novembre 1915

Chère Mademoiselle,

Votre lettre et ses annexes m’ont agréablement surpris ce matin.

Alors ce cher ami bien-aimé marche encore !

Nous ne comptions pas sur un pareil succès en lançant l’affaire et nous avons bien fait de ne pas hésiter.

Avec les copains Coirier et Renaud nous aurons encore bien du plaisir à Lambézellec . Le chemin du cimetière, les cigares que nous devions fumer en allant à Gap feront souvent l’objet des causerie des trois poilus. Monsieur Dumont, qui « bourrait le crâne » de Rabineau tant qu’il pouvait en revenant du Claps, qui devait si bien « parler pour lui », s’est tout de même fait moquer de soi de belles manières.

Comme Mademoiselle Autoinne a dû être charmé de recevoir une aussi belle carte !

Son grand ami Monsieur Dumont aura peut-être eu quelque désillusion au reçu de la réponse. Pauvre vieux ! Je ne peux pas voir sa photo sans rire ni penser que mon bonhomme a conservé les lettres que je lui envoyais et qu’avec cela ses nouveaux camarades de Gap seront convaincus de ses succès à Luc en Diois.

Je vous retourne les épître qui méritent en effet d’être classé dans vos archives.

Et le fou rire de nous reprendre lorsque cela vous reviendra sous les yeux.

Autre conséquence de l’aventure du chemin du cimetière je me suis fait traiter de curé pour avoir rasé mon soupçon de moustache. Heureusement que ça repousse. Il n’y paraîtra plus lorsque je retournerai à l’hôpital.

Présentez mes amitiés à tous et recevez, je vous prie, mademoiselle, mes sincères salutations

R. Harrivelle

Posta-criston : grâce à vos bons soins j’ai « graissé » de plus de quatre kilos. Alors si j’étais resté trois mois plutôt que 20 jours ? ?

Lambézellec le 2 décembre 1915

Chère mademoiselle,

Me voici une fois de plus entre quatre vilains murs. Ah que c’est triste après tant de jours heureux de réintégrer par un matin pluvieux une chambre de caserne. Les camarades Coirier et Renaud sont arrivés quelques heures après moi mais nous sommes incorporés à la même compagnie et peut-être aurons-nous la chance de ne pas être séparés avant quelques temps ! J’espère rester ici un peu plus d’un mois plutôt qu’une dizaine de jours comme en juillet. Avec un peu de chance l’hiver se passera sans trop de misère. Après cela on pourra sonner la charge et envoyer les boches de l’autre côté. Veuillez croire mademoiselle à mes sentiments respectueux et dévoués.

R.Harrivelle

51 inf. 27 cie

24.12.15

L’anglais tel qu’on l’écrit : 

A Mary Chrismas

R. Harrivelle

Caen 27 décembre 1915

Mademoiselle

À l’occasion de la nouvelle année je vous prie d’agréer tous les vœux que je forme à votre attention et l’expression de mon meilleur souvenir.

R. Harrivelle

51 infanterie

31 Cie

Lannilis (Finistère)

Le 22 janvier 1916

Mademoiselle

Une fois de plus nous voici Coirier et moi changés de cie et de pays. Nous avons laissé Renaud à Brest pour quelques jours encore. Il est probable que la bande va se trouver tout à fait disloquée. Je suis exempté quelques jours de service et mis au lait. Ce régime est préférable à la cuisine infecte de la Cie.

Ici nous faisons chaque jour des marches d'un vingtaine de kil. Et de l'exercice à outrance. Comme il pleut sans cesse dans ce coin là vous jugez du plaisir.

La Bretagne est civilisée. En venant de Brest nous sommes passés dans un village où telle épicière méconnait les harengs saur.

Veuillez agréer Mademoiselle mes respectueuses salutations

R. Harrivelle

Woevre 17 mars 1916

Mademoiselle

Enfin après trois semaine de pérégrinations nous voici réincorporés et en ligne pour quelques jours sans doute. L'inharmonie des canon semble bizarre quand on ne l'a pas entendue depuis cinq mois. Nous occupons un village assez copieusement marmité. Nous avons eu une chance extraordinaire en nous reposant 15 jours à Langres car depuis notre départ de là-bas nous n'avons guère dormi jusqu'à notre arrivée dans le chaos.

Veuillez agréer Mademoiselle, l'assurance de mes sentiments respectueux

R.Harrivelle

51 inf.

Le 20 avril 1916

Mademoiselle

Je ne sais si ma carte du mois dernier vous est parvenue. Ne recevant rien de vous je vote à l'unanimité des voix un blâme au Service Postal que seul je puis mettre en cause pour m'avoir privé de quelques lignes qu'il m'eut été agréable de lire.

Alors l'hôpital 208 bis est au complet, et vos innombrables talents d'infirmière sont remis en valeur comme il convient.

Je n'ai qu'un regret, celui de ne pouvoir les apprécier à nouveau.

Les boches ne veulent rien savoir pour me faire évacuer, il fait un bon temps pour les bronchites et je ne peux même pas attraper un rhume de cerveau.

C'est à désespérer de revoir Luc en Diois cette année.

Ici on s'en fait ou on ne s'en fait pas selon les jours.

Les secteurs que nous occupons n'ont rien de bien mauvais ni de fameux et quand les boches sont sages il n'y a rien à dire. D'ailleurs le canon seul donne de la voix et des coups dont les teutons ne doivent guère se réjouir.

Veuillez agréer Mademoiselle l'assurance de mes sentiments très respectueux et dévoués ;

R.Harrivelle

51eme inf. 10E Cie, Secteur 118

Le 11 mai 1916

Vous osez me demander une longue lettre à moi, pauvre sire bien incapable de fournir un tel effort. Nous essaierons cependant, gente demoiselle, puisqu'il vous est agréable encore de vous souvenir.

Adoncques, nous avons repris ce matin la route vers les tranchées du 2e, 3e ou 4e ligne pour nous arrêter à bonne distance des boches et faire vaillamment notre devoir en nous installant confortablement dans un gourbi « maouss » pour roupiller jusqu'à nouvel ordre. Quelle terrible vie tout de même ! Il n'en est pas toujours ainsi et parfois je crois que j'aurais quelques joie d'aller occuper les tranchées du camps retranché de Paname ou mieux le lit n 7 de la chambre n 2 de l'hôpital auxiliaire n 208 bis.

Pour cela quelque chose serait nécessaire que je ne souhaite qu'à moitié. Les « mouches » ou papillons mordent parfois plus cruellement qu'en temps de paix. La guerre décidément a modifié jusqu'aux appétits des inoffensives bêtes à ailes.

Heureusement que le 17 juin va chambarder tout cela.

Et alors qui est-ce qui dansera le 'greezly-bear » ?

En attendant cette date avec la plus légitime patience fatiguée, je suis obligé de constater que le cuir de mon ceinturon a subi un allongement formidable.

Décidément le régime n'est pas recommandable aux amateurs de confortabilité. Ce que les Espagnols ont de la veine. J'en suis à me demander pourquoi les Pyrénées ne sont pas sur les bords du Rhin. En 44 ans il y avait largement le temps de les déplacer. Mais je n'aurais pas été à Luc en Diois, le 208 bis n'aurait pas existé. Ce serait fort regrettable.

J'ai été très heureux d'apprendre que vos deux frères sont indemnes. Je forme des vœux de tout cœur pour que la chance les accompagne jusqu'à la fin de l'engagement formidable et qu'ils soient bientôt de retour près de vous.

Croyez Mademoiselle, à mes sentiments très respectueux et dévoués.

R. Harrivelle

51 infanterie, 10e Cie Secteur 118

Le 5 juin 1916

Mademoiselle

Mon 22eme mois de service voit certainement me réserver d'heureuses surprises le premier jour, que je ne marque pas d'une croix rouge parce que tout me manque pour le faire, m'apportant quelques lignes de vous. Ce sera l'évacuation, que je viens de rater, la fin des hostilités tant désirée et peut-être autre chose encore mais il me faudra emprunter l'air de Tipperary pour constater que

It's a long way to Luc En Diois.

Ah oui alors et malheureusement il y a beaucoup d'autres routes qui conduisent ailleurs qu'au 208 bis.

Ainsi je viens de manquer la belle occasion de rouler sur des rails et longtemps.

Je me suis piqué il y a une vingtaine de jours à l'index de la main droite avec du fil barbelé et la piqure est devenue une large et longue plaie qui pouvait il y a quelques jours me faire espérer que j'aurais la fiche rouge.

Mais il y a des pansements qui se chargent de gâter le affaires et de guérir les autres.

J'ai donc l'index emmitouflé de belle manière et cela m'oblige à écrire sans l'aide de ce fricoteur.

Ah il est bien gentille petit médecin auxiliaire que je vais voir chaque matin pour ce pansement, il est très doux, très habile mais vous comprenez que j'aurais préféré et de beaucoup , que ce soient d'autres mains que les siennes qui se chargent du tamponnage à l'alcool et de l'application de vaseline chimiquée tellement qu'elle sent une drôle d'odeur .

Mais il n'y a rien à faire qu'à attendre autre chose pour espérer voir mademoiselle Croix-Rouge qui savait encore mieux faire les pansements avec des timbre-poste et se brûlait les doigts dans l'eau chaude. Cela était amusant beaucoup fort et j'avais un grand plaisir alors.

Depuis cet heureux temps déjà lointain que d’événements pour n'arriver qu'à un résultat bien mince et très éloigné des espérances anciennes.

D'après certains bruits notre régiment et ceux qui l'accompagnent doivent être prochainement engagés dans une affaire sérieuse et au lieu de rester quarante jours en ligne quatre seulement seront peut-être suffisants pour que nous gardions souvenir de la chose.

Mais il faut attendre, avec quelle résignation, la manifestation des volontés supérieures qui doivent nous assurer cette paix durable que nous demandons.

Nous serons sans doute surpris de la soudaineté avec laquelle tout sera réglé.

Recevez je vous prie Mademoiselle, avec tous mes remerciements pour vos souhaits l'expression de mon meilleur souvenir

R. Harrivelle

51 inf

Le 22 Juillet 1916

Mademoiselle

Après un stage très court au dépôt divisionnaire me voici de nouveau au 51e et à la veille de prendre part à l'offensive, la dernière espérons-le.

Je crois m'en tirer aussi bien qu'en Champagne peut-être sans blessure mais comme il faut tout prévoir dans de pareille circonstances je vous prierai, si toutefois il vous agrée de me recevoir une deuxième fois à votre hôpital, de me faire parvenir une pièce dans la forme ci-contre.

L'idée m'a été suggérée par un camarade qui en possède une semblable.

Veuillez agréer, mademoiselle, l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.

R. Harrivelle

51 Inf. 10 e Cie 118

ci contre :

Prière d'évacuer

M ……

sur le service de …….. à l'hôpital sur la demande de M. ……………

médecin Chef du dit hôpital qui est de la première formation militaire.

Le 9 aout 1916

Mademoiselle

Bien que votre lettre ne réponde qu'à demi à mes désirs vous pouvez être certaine qu'elle fut bien accueillie.

Obtenir une autorisation, pour la 24eme région me serait peut-être difficile et ma foi je me contente de conserver votre carte comme une « Police d’assurance contre les possibilité d'accident ».

Surtout ne riez pas ! Avec cela dans ma poche je suis monté aux tranchées persuadé que les marmites ne tomberaient pas à moins de cinq cent mètres des emplacements que je pourrais occuper. Il est en tout cas évident qu'elles ne m'ont pas suffisamment approché pour m'octroyer quelques gentils bouts de ferraille qui m'auraient éloigné de la Picardie, villégiature actuellement peu recommandable.

Vous me permettrez à l'occasion de votre fête de vous présenter les souhaits les meilleurs qu'il soit possible de former par ce temps de guerre.

Veuillez agréer, Mademoiselle, l'assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.

R. Harrivelle

Laval le 15 sept 1916

Hôpital auxil. 204 Laval (Mayenne)

Mademoiselle,

M'en voilà tiré une fois encore sans trop de misère par un bon éclat d’obus qui m'a traversé l'épaule gauche il y a quelques jours.

J'ai eu beaucoup de chance car j'ai laissé là-bas un grand nombre de camarades qui n'en reviendront pas, d'autres sont partis avec de très graves blessures.

Et la fin ne se montre toujours pas. Les boches nous ont donné fort à faire mais s'en souviendront sans doute.

Recevez, je vous prie, Mademoiselle, 'l'assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.

R.Harrivelle

Laval 20 septembre 1916

J'ai peine à croire à la mauvaise nouvelle que vous m'annoncez. Le 208 bis supprimé. C'est un crime contre lequel on ne peut s'indigner assez et l'instigateur d'un pareil forfait mérite tous les blâmes.

J'aurais bien voulu revoir tels qu'ils étaient en novembre 1915 ces fameux locaux scolaires mais il faut y renoncer.

Je comprends combien vous êtes navrée. Il est cruel de perdre sans regrets des habitudes acquises depuis si longtemps.

C'est trop brusque et je proteste énergiquement contre ce qui aura lieu.

Les deux salles avec leurs lits bien plus chic ainsi que garnies de vilaines tables barbouillées d'encre et les bibliothèques ont réellement plus d'allure en ce moment que remplies de sales bouquins sans usage ou de cailloux poussiéreux vaguement collectionnées.

Le 208 bis va disparaître et sa chère directrice rester sans direction.

Je n'y puis croire et j'en appelle aux cent cinquante heureux qui reçurent des soins pour qu'ils se souviennent et partagent le grand chagrin de celle qui leur fut si dévouée.

Hélas il y en a qui ont déjà oublié et je ne leur pardonne pas.

Je dois vous remercier de vos voeux de lente guérison.

Ma foi les deux trous que l'acier boche a eu la gentillesse de me percer dans l'épaule ne se refermeront pas tout de suite. Je ne demande qu'à rester au 204 dont les infirmières sont évidemment bien gentilles -en général- mais si nombreuses !

Croyez je vous en prie Mademoiselle, à mon meilleur souvenir

R. Harrivelle

Laval, 20 octobre 1916

Mademoiselle

J’ai reçu avec plaisir votre dernière carte. J’espère que votre voyage de retour s’est effectué dans de bonnes conditions et que vous êtes maintenant remise de toutes vos fatigues.

Je suis guéri et partirai sans doute en convalescence à la fin de la semaine prochaine.

Bien que je sois resté ici une quarantaine de jours je n’emporterai pas du 204 d’aussi bons souvenirs que du 208 bis.

Je suis cependant très bien soigné mais j’ai l’impression de ne pas être libre.

Certaines de ces dames m’avaient semblé sympathiques. Leurs bavardages m’ont désillusionné. J’ai été sondé savamment à plusieurs reprises parce que je lisais des ouvrages ne portant pas leur étiquette.

Enfin cela fait passer le temps et leur déconvenue m’a souvent amusé beaucoup fort !

Recevez, je vous prie, mademoiselle, avec mon meilleur souvenir l’assurance de mes sentiments respectueux

R.Harrivelle

58 Quai Vendoeuvre. Caen

 

Lannilis, le 25 décembre 1916

Mademoiselle,

Permettez-moi de vous adresser pour vous et votre famille, à l’occasion de la nouvelle année les vœux les meilleurs que je puisse former par ce temps de guerre. Ce n’est pas sans émotion que je me souviens des trois semaines passées au 208 bis et de penser qu’il y a des cœurs généreux parmi tant d’indifférence, on accepte avec joie la misère quotidienne.

J’ai la grande chance de passer à l’abri une partie de l’hiver et je ne saurais me plaindre du sort qui m’est fait mais il est vraiment décevant d’être mené comme nous le sommes tous ici comme des parias ou des bagnards.

En attendant de vos nouvelles je vous prie d’agréer Mademoiselle avec mes bons souvenirs l’assurance de mes sentiments très respectueux

René Harrivelle

51e Infanterie 29e Compagnie Lannilis (Finistère)

Lyon le 22 janvier 1917

Mademoiselle

Vous me pardonnerez de ne pas avoir répondu immédiatement à votre lettre. Je l'ai reçue jeudi matin seulement au dépôt du 2e d'infanterie Coloniale que j'ai quitté ce jour-là dans un détachement pour l'armée d'Orient.

Nous sommes en subsistance au 6e Col. Pour deux ou trois jours tout au plus en attendant notre transfert à Marseille probablement.

J'ai été douloureusement surpris en apprenant par quelles souffrances est passé votre frère ainé.

Il n'est pas de vœux que je ne forme pour sa bonne guérison.

J'espère que déjà une amélioration de son état lui aura permis d'être dirigé sur l’intérieur, dans une bonne maison comme le 208 bis où il se remettra tout à fait d'aplomb et se reposera longuement de toutes ses fatigues.

Je voudrais bien qu'il soit possible que le train qui nous emmène bifurque à Livron et déraille en passant près de la chute du Claps.

Mais je ne peux pas compter là-dessus et je devrai attendre une autre occasion.

Enfin je me console parce que c'est la quatrième et par conséquent la dernière fois que je vais au front si toutefois je ne m’arrête pas en route rendre visite aux requins.

En attendant je vous remercie à mon tour de tous vos souhaits et vous prie de croire, Mademoiselle, à mon bon souvenir.

R.Harrivelle

Le 10 mars 1917

Mademoiselle,

Vous m'excuserez, je vous prie, de ne pas vous avoir demandé plus tôt des nouvelles de monsieur votre frère.

J'ose espérer qu'il est maintenant en bonne voie de guérison, sinon complètement rétabli et qu'une longue convalescence lui permet d'être encore en famille.

Je suis arrivé en Orient depuis le 3 février après une assez bonne traversée. Depuis ce temps je fais du balkanisme à outrance ce qui je l'avoue ne me charme qu'à moitié. Il y a loin de Salonique au front mais les marsouins ont bien la force de faire une petite étape comme celle-là.

Ah la Serbie j'en suis déjà rassasié. Quand j'y aurai passé deux ans comme les permissionnaires partant demain que pourrais-je dire ?

Ici la vie est charmante quand il fait beau mais c'est un cas que nous n'avons pas à envisager en ce moment. Montés en ligne il y a une dizaine de jours avec de la neige nous sommes redescendus avec de la nouvelle neige après avoir été passablement douchés et naturellement marmités dans l'intervalle. Heureusement que la toile de tente est un peu là pour une fois comme abri de bombardement et comme villa.

Malgré cela le moral se maintient assez bon. Enfin c'est la guerre et nous ne pouvons pas nous plaindre, il y en a encore de plus malheureux que nous.

Depuis deux mois, je n'ai reçu aucune lettre et depuis un mois bientôt nous n'avons vu aucun journal. Les courriers sont assez rares sans doute par suite des torpillages.

Quand nous rentrerons en France nous devrons nous reciviliser quelque peu avant de reprendre la vie normale.

En attendant de nous nouvelles je vous prie de recevoir Mademoiselle, mon bon souvenir.

R. Harrivelle

56 infanterie Colonial

5eme compagnie Secteur 505 Armée d'Orient par Marseille

HENRI HUCHICHE

Le 31.1. 1917

Mademoiselle,

Je me permets de vous écrire actuellement ce que j'aurais dû faire quand je suis parti de votre hôpital où que j'en ai gardé un très bon souvenir. Maintenant je suis revenu au front depuis bientôt deux mois où j'ai changé de régiment, je suis au 62 d'artillerie, poste contre-avion. Je suis à 3 km des tranchées. Je suis très bien pour le moment. Sauf ma blessure qui me fait toujours souffrir. Mais ça marche quand même. Mais ce n'est plus la même chose que quand M. le docteur voulait me renvoyer à Valence. Je m'en rappelle toujours mais cela ne m'empêche pas de garder un bon souvenir de l'hôpital où j'étais très bien soigné ainsi que mes camarades.

En moi-même je vous en remercie beaucoup. Bien le bonjour à Mr et Mme Magnan. Recevez mademoiselle mes sincères amitiés.

Henri Huchiche

Au 62 e d'artillerie. Poste demi-fixe contre avion. SP 56

 

Né en 1895, incorporé le 17 décembre 1914. Blessé le 29 avril 1916 au pied. Il restera dans l'armée après la démobilisation et sera affecté en tant que Caoutchoutier aux usines Michelin en 1926.

FAMILLE IMBERT

à propos de Imbert César, 52 eme terr.

Villa Albertine, Avenue des Arènes Nice.

En-tête : Entreprise de Maçonnerie, Imbert Emile à Cimiez, Villa Albertine

Nice le 21. 7. 1915

Chère Mademoiselle,

Je viens de recevoir votre lettre à l’instant, m’informant sur la santé de mon fils, nous sommes heureux de son sensible mieux. Je vous remercie de l’attention que vous avez eue, en tenant votre promesse, car cela vient calmer l’angoisse de notre attente ; car si vous saviez, ce qu’on languis, quand on a quelqu’un des siens, loin, malade.

Nous souhaitons du fond du cœur, que son mieux persiste, que vos bons soins dévoués, qui le rassurent, le rétabliront bien vite.

Soyez notre interprète auprès de lui, en l’embrassant bien affectueusement pour sa famille, et à vous, mademoiselle, nous adressons une bonne poignée de main et nos bons souvenirs,

Mr Imbert Emile

10/8/15

Chère mademoiselle
J'ai un peu tardé à vous répondre à votre lettre touchante m'annonçant la rechute de mon fils. Mon intention était de partir de suite, ainsi que j'en avais avisé mon fils, mais, malheureusement, je me vois retenu pour des raisons auxquelles je ne puis opposer pour une quinzaine de jours. J'espère que d'ici là, l'état de mon fils ne s'aggravera pas, n'ayant point reçu de télégramme non plus, j'espère ainsi que son état se maintienne bien, mais chère demoiselle, vous comprendrez dans quelle angoisse nous vivons, je vous serais très reconnaissant de m'écrire, si pendant ce temps vous vouliez me tenir au courant de quoi que ce soit sur les mouvements de sa maladie, nous recevons bien de temps en temps des nouvelles de quelques personnes qui vont le voir, mais mieux que vous personne ne peut nous renseigner. J'espère vous lire, bien vite.
Nous vous remercions d'avance toute la famille ainsi que de votre dernière lettre.
Nous espérons que vos bons soins, maternels, rétabliront bien mon fils, à qui nous n'avons rien dit de votre lettre.
Nous vous adressons nos salutations les plus respectueuses
Mr Imbert E.

18/9/15

Bien chère Mademoiselle Magnan

Nous nous empressons de vous donner des nouvelles de notre santé, qui est bonne, ainsi que de notre voyage, qui s'est bien effectué, mais bien triste et bien long, surtout nous étions bien fatigués.

Il était bien dur et pénible pour nous de quitter ce village, où nous laissions tout ce que nous avions de plus cher ici-bas. Que Dieu donne à mes parents la force et le courage de supporter vaillamment leur douleur en ces heures si éprouvées et de chagrins. Quand à vous, Mademoiselle, nous tenons à vous remercier profondément de tous les soins dévoués que vous avez donné à notre cher fils, malgré que votre bonne volonté, vous auriez voulu juguler son mal, et garderons de vous les meilleurs souvenirs, comme le pauvre, vous en aurait gardé reconnaissance.

Nous venons par la présente, vous apporter nos meilleurs vœux de bonne santé et de bonheur. Croyez en notre sincère sympathie.

Dites bien des choses, de notre part, aux camarades de lit de notre pauvre César, et quand vous irez au cimetière souvenez-vous de lui prier un peu pour nous.

Agréez Mademoiselle nos salutations les plus respectueuses,

Imbert

Villa Albertine . Cimiez-Mer

24/11/15

Chère Mademoiselle,

Nous avons été bien profondément touchés, d’apprendre, par les demoiselles Tatin, à qui nous étions adressés, pour pouvoir soigner, en leur envoyant, les fleurs, ainsi que des plantes, le tombeau de notre pauvre fils et frère, chose que malgré notre désir, nous ne pouvons faire nous-mêmes, mais paraît-il, des mains habiles et soigneuses y étaient passées avant elles, apporter leurs souvenirs ; ces mains étaient les vôtres ainsi que Madame Doumergue, nous vous remercions beaucoup de ce témoignage d’amitié, et de cette attention dont nous avons été tous émus.

Croyez, chère Mademoiselle Magnan, que malgré le temps et la distance, nous garderons dans notre cœur les meilleurs souvenirs et amitiés de vous, notre sympathie, pour vous ne nous a pas trompés, et si d’autres fois vous y retournerez, ce que j’espère, priez un peu pour nous là où repose notre bien-aimé César.

Présentez aussi, notre bon souvenir à Madame Doumergue et embrassez-là pour nous bien affectueusement, cette bonne dame. Nous avons reçu ces jours-ci l’avis de décès que nous avions demandé à Mr votre père. Mon père serait bien heureux de pouvoir retourner encore une fois là-haut auprès de vous.

Nous espérons que vous soyiez en bonne santé comme nous le sommes à peu près ; il doit faire bien froid à Luc maintenant car, ici, on gèle déjà.

En vous adressant notre bon souvenir, nous nous joignons tous en vous serrant la main longuement, et croyez que notre pensée va souvent vers vous, en pleurant notre pauvre fils.

Imbert

30/11/15

Chère Mademoiselle Magnan

Je m’empresse de répondre à votre prompte lettre.

Nous avions bien pensé à vous, au sujet de l’entretien du berceau, avec les plantes et fleurs que nous avons envoyées pour notre pauvre aimé ainsi que de faire dire une messe en sa mémoire, mais ce qui nous a retenus, c’est que vous aviez bien assez de travail et d’occupation, pour l’infirmerie, sans encore vous donner du dérangement, c’est pour cela que nous nous étions adressé aux demoiselles de l’hôtel, qui en partant nous l’avait offert, mais seulement, ne vous formalisez pas envers elles, certes, cela aurait été la moindre des choses de leur part de vous le faire savoir, ce qui nous a étonnés, mais cela manque un peu de notre part aussi, nous aurions pu vous le faire savoir, seulement nous comptions que l’église fasse comme ici, le communique aux fidèles à la messe le dimanche. Et certes, si vous n’avez pas assisté à cette cérémonie, ce n’est pas de votre faute, n’ayez aucun regret là-dessus, car nous comprenons que vous vous seriez fait un devoir d’assister de tout cœur à la messe de celui que vous avez soigné avec tant de dévouement et entouré d’affection.

Cela est bien regrettable en effet mais c’est de notre faute, on ne réfléchit pas à tout.

Nous acceptons avec plaisir, mademoiselle, si de temps en temps vous vouliez bien vous occuper de l’entretien de la tombe de notre pauvre César, nous voudrions bien pouvoir le faire nous-mêmes, mais hélas, le destin veut que ce soit vous qui soigniez sa dernière demeure.

Merci bien d’avance, ainsi que ceux qui vous aident, vous soulagerez beaucoup mon frère en pensant que vous voulez bien vous occuper de faire placer le berceau, aussitôt qu’il sera prêt, il vous l’enverra. C’est un berceau en bois avec croisé pour placer les couronnes, car papa trouve des difficultés à y aller comme il comptait, mais il ne désespère pas.

Nous sommes en bonne santé, comme nous l’espérons que vous soyez aussi. Toutes la famille se joint à moi pour vous adresser nos meilleures pensées. Recevez l’expression de notre affectueuse sympathie ainsi que Madame Doumergue.

Renouvelez notre bon souvenir à Mr Pujol à Mr Merens.

Imbert E

29/2/16

Bien chère mademoiselle Magnan

J 'ai expédié en votre nom, en gare de Luc, le 25 courant, le berceau, de notre regretté César, comme il en avait été question, grâce à votre gentillesse. Le berceau est démonté, pour le montage il n'y a qu'à rejoindre les numéros 1-1+ 2-2+3-3 ainsi de suite, si c'est possible le faire faire par quelqu'un qui s'y entende, pour ne pas abîmer la peinture et la boiserie, vous trouverez à l’intérieur de la caisse un médaillon avec le portrait de notre regretté fils et frère, des clous calotin et cuivre, pour la plaque à inscription, ce médaillon doit être placé dessus de l'inscription, entre les deux mots -ci-gît. Vous serez bien aimable, de nous dire, si tout est arrivé, en bon état et de me dire, ce que je vous donne des frais pour le montage du berceau, et le transport au cimetière, ne pas oublier, pour celui qui s’en occupe, de bien accrocher les crochets avec les pitons intérieurs, une fois que tout est fini, car ce n'est que cela qui tiendra la boiserie fermée. Vous me soulagez d'un grand souci. Vous devez dire entre vous que j'ai été un peu long, c'est vrai, pour envoyer ce berceau, mais que voulez-vous il y a des moments que je perds la tête en pensant à notre bien aimé fils que nous avons laissé là-haut : pour le faire faire, j'ai eu vite fait, mais, quand il s'agissait de l'emballer, chose que je devais faire moi-même, le noir me pressait, et je ne pouvais plus y arriver. Vous recevrez, ces jours-ci, un colis d'oranges et de mandarines, de 5 kilos, qui, j'espère, vous feront plaisir. Je vous remercie infiniment pour le dérangement que je vous donne, ainsi que ma famille, qui, ainsi que moi, sommes en bonne santé, comme je l'espère de vous-même. J 'aurais voulu pouvoir partir aussi, avec le berceau mais, à ce bien des regrets, et bien réfléchi, ça m'est impossible pour le moment. Je ferai tout mon possible pour un peu plus tard, mais enfin, un soucis de moins, du moment que sa place sera soignée.

En vous remerciant, bien profondément, recevez l'assurance de notre bon souvenir de votre dévouement. Nos respects à Monsieur votre père, et à madame Doumergue,

Je vous quitte, non sans vous donner, un baiser pour tous et vous serre la main.

Imbert E

Nice, le 7/10/ 1916

Bien chère Mademoiselle Magnan,

Je m’empresse de répondre à votre aimable lettre, que nous attendions avec impatience. Ne vous formalisez pas si vos deux dernières lettres ont été sans réponse. Je vais vous dire comment votre première lettre nous disant que probablement la messe ne pourrait être dite le même jour qu’ici et que, si vous ne receviez pas de réponse, vous l’auriez faite dire à votre avis, ce dont nous avons été satisfaits, car celle dite ici a été aussi célébrée, c’est pour cela que partageant votre idée, nous ne vous avons pas répondu et attendions de vos nouvelles.

Nous vous remercions toujours de votre bonne grâce et des peines que vous vous donnez encore pour notre pauvre disparu, et cette pensée est bien douce pour mes parents. Croyez, malgré le temps, nous espérons toujours un peu de vos nouvelles, nous apportant un peu de nos chers souvenirs et de votre amitié.

Je comprends que vous devez regretter ce changement subit, en vous supprimant l’hôpital de Luc, et les malades, les pauvres, eux aussi ne seront pas partis volontiers, c’était une bonne occupation et dévouement pour vous, cela vous donnera un peu de repos, ainsi qu’à la bonne Madame Doumergue à qui vous donnerez bien le bonjour de notre part. C’est bien malheureux que nous soyons toujours si loin de ce village.

Recevez, pour mes parents, nos meilleurs remerciements, et l’expression de notre bonne sympathie et de nos pensées.

Bien à vous

Imbert

PS : je vous joins à la lettre l’argent pour payer la messe.

Mon frère ne désespère pas d’aller encore là-bas et cette pensée ne le quitte pas de retourner auprès du tombeau de son pauvre fils.

17.12.16

Bien chère mademoiselle Magnan

Mme Doumergue

Nous avons pensé à vous, en vous envoyant par la gare, un petit colis, renfermant des oranges, et mandarines du jardin, pour ces fêtes de Noël, que nous vous souhaitons bonnes. Vous y trouverez aussi quelques kakis, peut-être vous ne connaissez pas ce fruit-là. Je vais vous dire, comment on mange, ce fruit-là, avec un peu de rhum, ou du sucre, il faut bien les laisser murir, c'est très fin.

Nous espérons que cela vous fasse plaisir et surtout que vous les aimiez et formons pour vous, du fond du cœur, nos meilleurs vœux de bonne année.

Nous vous renouvelons notre bon souvenir, et recevez nos meilleurs pensées de toute la famille vous embrasse, bien affectueusement, ainsi que notre bonne Mme Doumergue

Imbert E

Né en janvier 1896, dessinateur, mort à 19 ans pour la France de « maladie contracté au service » le 10 sept 1915

VICTOR JANOT

Du front le 20 janvier 1916

Mademoiselle

J'ai le plaisir de vous faire savoir que je suis arrivé à bon port. Le 15 au soir aux tranchées, j'ai voyagé avec Laubultry jusqu'à Dijon où l'on s'est quitté sans doute pour longtemps, les allemands n'ont pas changé depuis que j'ai été en permission, ils tirent toujours autant d'obus et de balles, mais je m'empresse de vous dire que la réponse est envoyée de suite, la température de ce moment est à peu près la même que dans la Drôme, j'ai emporté un bon souvenir de Luc, et en particulier de vous, car vous avez été très bonne pour moi, ainsi que pour ma père et je vous en remercie bien sincèrement. Veuillez recevoir, Mademoiselle, mes salutations empressées et une cordiale poignée de main.

Votre tout dévoué

Victor Janot

29 Bataillon de chasseur

4éme Cie 3eme section

Secteur postal 169

Bien le bonjour aux camarades de l’hôpital

Du front 6 mars 1916
Mademoiselle Magnan
J'ai bien reçu votre charmante carte-lettre du 15 qui m'a fait bien plaisir de recevoir de vos nouvelles, je suis toujours aux tranchées et en bonne santé et j'espère que ma carte vous trouvera de même. Comme vous m'engagez de si bon cœur à m'adresser à vous si j'avais besoin de quelque chose, je vous serai bien reconnaissant de m'envoyer une paire de chaussettes, un couteau, et un petit pot de confiture, je vous dirai que depuis ma permission, nous n'avons pas été encore au repos, et de ce moment on est loin de penser à y aller. Il a tombé de la neige ce matin, elle couvre le sol. Il fait plus froid qu'en janvier.
Veuillez recevoir mademoiselle magnan, mes salutations empressées.
Bien à vous,
Victor Janot 

Du front 21 mars 1916

Mademoiselle Magnan

C’est avec plaisir que j’ai reçu hier soir votre colis et votre aimable carte lettre, le colis était tel que vous l’avez mis à la poste. Et je vous en remercie de tout cœur, je vous dirai que de ce moment, il fait beau temps, on voit que l’hiver touche à sa fin, je suis toujours sur le front, j’ai reçu une carte de Laubultry, il m’apprend qu’il va en permission, sans doute qu’au reçu de ma carte vous l’aurez déjà vu, je suis sûr qu’il doit faire beau dans la Drôme, à présent, en vous remerciant une dernière fois, je vous quitte Mademoiselle Magnan en vous priant de recevoir mon bon souvenir et sincères salutations.

Bien à vous.

Janot Victor

29e bataillon de chasseur 4e cie, secteur 169

Un « Janot Emile Victor » , du 29e Bataillon de chasseur à pied, cultivateur, existe dans les registres militaires, né en 1989 dans la Meuse, blessé par balle à la figure en sept 14, décédé le 1er mai 18 à Cambrai.

EMILE LAMBERT

Valence, le 18 juillet 1915

Mademoiselle,

Je m’empresse de vous écrire cette petite carte pour vous dire que j’ai reçu votre lettre qui ma fait plaisir, comme j’ai eu un moi de convalescence je suis conten de retourner la passer à Luc. Je pense partir lundi ou mardi. Je peux vous dire que Gaudrin et Vassal sont partis pour sept jours. Redon Tassin et moi nous avons un mois et Marionneau attends pour passer une autre visite. Je termine ma carte en vous souhaitant bien le bonjour.

Mais sincères salutations. Lambert

Dépôt des convalescents, Valence

Le 8 octobre 1915.

C'est avec joie que je vous écrit deux mots pour vous dire que je suis rentrer a bons port a mon dépôt. J'espère bien ne pas y rester longtemps car on est trop commander comme des esclaves et de plus on est beaucoup plus mal nourrie que sur le front. Enfin je vous remercie beaucoup de toute l'attention que vous avez eu pour moi car j'etait beaucoup mieux qu'au dépôt. Enfin je serai plus heureux de retourner sur le front car j'ai eu de la veine pendant bien des mois aussi jespere être aussi heureux ne sachant quoi vous dire de plus je vous adresse tous mes respect et salutations. Je vous envoie bien le bonjour ainsi que pour toute votre famille ainsi que mr et Mme Lapèrre Mme Daumergue et tous les amis qui reste près de vous.

Bien Bonjour et bonne santé a tous. Emile Lambert

Mr Emile Lambert

29 art 9 bat

Voici mon adresse : mr Emile Lambert, 2cc 29e d’artillerie, 69e Bataillon, Lorient Morbihan

Dimanche le 6 décembre 1915

Mademoiselle

Quelques mots pour vous donner de mes nouvelles, j’ai reçu votre gentille carte dernièrement qui m’a fait bien plaisir de recevoir de vos bonnes nouvelles.

Je vous dirai que je suis au front depuis environ un mois tellement il eut été impossible de vous écrire avant car il y a que huit jours que je suis affecté à la 9eDepuis un bout de temps nous ne sommes pas des plus heureux, la température est froide et vivement la fin de cette misère de guerre, et le retour enfin que de revoir toute ma famille.

Je vous dirai aussi qu’on m’a indiqué encore une fois pour écrire xxx de mes camarades qu’ils ont des nouvelles que leurs parents font avec les boches.

Je vous dirai aussi que ma santé est toujours bonne. J’espère bien que ma petite lettre vous trouvera de même à son arrivée. Je ne vois plus d’autres nouvelles à vous apprendre aujourd’hui. Je termine une petite lettre en vous souhaitant bien le bonjour ainsi que à toute votre famille.

Lambert Emile

Le 26 Mars 1916,

Cher Mademoiselle,

Je vous écris ces qu'elle que mot pour vous remercier de votre paquet ainsi que de votre petite lettre. Vous me demandez l'adresse de ma soeur c'est avec plaisir que je vous la donne ainsi que ma grand-mère. J'espère que vous me donnerais de bonne nouvelles car il doive bien se faire du chagrin de ne jamais me voir ainsi que moi même je pense beaucoup à eux parfois.

Voici l'adresse de ma soeur : Madame Vermeske Angèle ,  rue des Poste n°200, Lille Nord.

Voici celle de ma grand-mère : Mme Veuve Vosse Henriette . Même adresse.

Recevait mademoiselle mes meilleurs salutation.

Le 14 mais 1916

Cher Demoiselle

Je repond a votre lettre que je viens de recevoir et qui mat fait bien plaisir de vous savoir toujour en bonne santé et je vous dirait qui on est de meme avec moi.

Maintenant je vous direz que je viens de recevoir des nouvelles de mon Frère je vous direz qu'il est mobilisais depuis 6 moi j'ai reçu une toute petite lettre de lui, mais il ne me met pas beaucoup de détail sur sa lettre car le pauvre garçon ne me croiez plus en vie aller c'est pour ças qu'il ne mesplique rien sur sa lettre.

Il a bien eu de ma peine à me trouvé mon adresse enfin je suis bien heureux toute le même, je ne suis plus si seul a présent, il est 110 Régit D'infanterie.

Maintenant je vous dirai qu'il fait bien du vilain temp pour un si beaux mois il ne doit pas faire gaie non plus de votre coté, bien le bonjour a Dupont de ma part, si y a le bonheur de venir chez vous se faire soignée.

Maintenant je vous direz que j'ai refusé ma permission je ne savait pas ou aller si j'a fait su j'aurais été et si j'aurais pu venir passer qu'elle que jours par chez vous j'aurait été bien heureux aussi.

Enfin je n'ai personne je me puisse pas j'aurais bien voulu aller chez moi mais que voulez vous les boches il sont, la guerre finiras bien un jour, si jai le bonheur de retourner sa serras une bonne permission cette fois.

Je ne vois plus grand chose a vous dire pour le momment.

Mes meilleur salutations Lambert Emile

29 Regit D’artil

9eme Batterie 167

Mardi le 13 Juin 1916

Cher Demoiselle

Je viens de recevoir votre petite lettre qui m'a fait bien plaisir de vous savoir en bonne santé.

Je vous direz que te mon coté il y en est de même. J'espère d'aller jus quo bout comme celas car j'espère bien dans qu'elle que mois celas seras bientôt fini.

Les russes marche bien et celas nous fait plaisir nous somme dans la division de marchand et nous somme a cotté des englets et que nous allons prendre l'ovencife a notre tours et cette fois nous allons recontuire les boches a berlin puisquil son entété de vouloir resté chez nous

Je ne vois plus grand chose a vous dire pour le moment et je suis bien fatigué je travaille tout les nuits et les jours je me repose. Recevez mes meilleurs salutations

Bien le Bonjour chez vous

Emile Lambert

28 12 16

Cher Demoiselle

Je m'empresse de vous écrit c'est qu'elle mot ainsi que te vous dire que j'ai reçu votre paquet et votre petite cartte me donnet ainssi de vos nouvelle pour moi celas fa bien et j'espère que ma petit lettre vous trouveras en Bonne santé quomme moi

Maintenant nous me demmendé sur votre petite cartte si j'ai beusion d'un pase montagne ainssi qu'ain cache nez je vous remercie bien car j'ai un camarade qu'il mat donné un passe M. ainsi qu'un cache nez pour le moment je nait rien beusion.

Je vous remercie infiniment de votre paquet
Recevait Mademoiselle mes Meilleurs remerciement

Bien le Bonjour chez vous pour moi

Lambert Emile

29 eme régiment Dart.

9eme Batterie LP 167

JOANNÈS LASSONNERY

Le 3 juin 1916

Peut-être serez-vous étonnée en me sachant de nouveau front et de plus dans le génie. En voici l’explication :

À mon arrivée au dépôt, je fus désigné par le colonel Comt le dépôt pour aller faire un stage dans le génie et revenir ensuite au dépôt comme instructeur des travaux de campagne. Je suis donc ici jusqu’au 1er juillet. La compagnie de génie à laquelle j’ai été affecté est celle qui marche avec ma division. J’ai pu voir plusieurs fois mon ancien régiment, mon ancienne compagnie. J’ai éprouvé une grande joie à revoir mais quelques anciens camarades.

Le secteur que nous occupons est assez mauvais. La lutte à coup d’engins de tranchée y est parfois violente : torpilles, bombes, grenades tombent souvent comme la pluie. Il est vrai que nous rendons œil pour œil dent pour dent aux allemands ce qu’ils nous font.

Les travaux que l’on exécute au génie sont assez intéressants : mines, xx, abri-caverne etc. etc. L’art de faire sauter les Boches est plutôt xxx.

Malgré tout, on était mieux à Luc. C’est toujours que je pense à ces bonnes journées. Toutes ces gâteries que vous nous avez prodiguées…

J’espère que vous et votre famille êtes toujours en excellente santé. Agréez mon plus respectueux et meilleur souvenir.

Jes. Lassonnery

Bien des choses à Monsieur le pasteur et aussi à Madame Doumergue

Avez-vous toujours des blessés ? …Sont-ils plus sages que nous ? … Un bonjour à Pujol et aussi aux camarades qui pourraient être encore en traitement.

Ebreuil le 23 juillet 1916,
Mademoiselle
Je suis rentré de mon stage et depuis je fais l'instruction aux récupérés.
Je suis dans un gentil petit village ressemblant beaucoup à Luc. J'y ai trouvé ce beau Moïse accomplissant un stage dans les mitrailleuses.
Il m'a quitté depuis 3 ou 4 jours pour aller dans un autre centre compléter son instructions.
Je vois de temps en temps Marquet qui est au dépôt à Riom.
Vous avais-je que j'avais rencontré Tronche au front. Après la convalescence il a rejoint directement sa batterie sans passer par le dépôt.
J'espère que vous et votre aimable famille est en bonne santé et que vous avez de bonnes nouvelles de Messieurs vos frères.
Croyez ma demande à mon plus respectueux et meilleurs souvenirs,
Lassonery 

Né le 6 juillet 1893. profession employé de banque. Sous-lieutenant. Blessé plusieurs fois dont le 22 mars 16. Décédé à 25 ans le 30 novembre 1918 à l'ambulance 15/17 de St Avold, Lorraine, d'une "maladie contractée en service".

AUGUSTIN LAUBULTRY

Guingamp le 19. 1. 1916
Me voilà arrivé à Guingamp, j'ai fait assez bon voyage, mais ma jambe était encore enflée pas mal, quand je suis arrivé. J'ai passé la visite on me propose pour un changement d'armes si seulement j'avais cette chance.
Je garderai toujours un bon souvenir de vous et de mon séjour à Luc, peut-être aurais-je le plaisir de vous revoir plus tard.
En vous remerciant, recevez mademoiselle l'assurance de mes meilleurs sentiments.
Mes salutations respectueuses à Monsieur votre père,
A. Laubultry
161 d'infanterie
25 eme cie. Guingamp (côtes du Nord)

 

Guingamp le 10.2.1916

Mademoiselle

Je viens de toucher le reste de mon indemnité de convalescent, j'avais en même temps réclamé mon prêt pendant que j'étais à l'hôpital de Luc, le chef de la Cie me dit que quand on est soigné dans un hôpital de l'intérieur, c'est à dire hors de la zone des armées, c'est à l'hôpital à payer, je vous serais reconnaissant Melle de me renseigner et si vous ne pouvez pas me payer, de m'envoyer un mot comme quoi je n'ai pas été payé.

Deux mots pour vous donner de mes nouvelles j'ai passé jeudi ma dernière visite, au lieu de changer d'armes je suis de l'auxiliaire, je suis en assez bonne santé et souhaite que la présente vous trouve de même.

En vous remerciant à l’avance recevez Melle mes respectueuses salutations. Faites bien des compliments de ma part à Madame Doumergue

A. Laubultry au 161 d'infanterie Guingamp (Côtes du Nord)

 

Né en décembre 1889 dans la Meuse, cultivateur. Malade évacué en mai 1915. Maintenu au service auxiliaire à cause complications à la jambe gauche à cause de la typhoïde en mai 1916. Se retire en 1919, pour un congé illimité de démobilisation à Luc-en-diois !! Mais n'y habite plus en 38, est domicilié à Varneville vers Bar le Duc.

JOSEPH LE FOULGOC

Bubry le 3 juillet 1915

Mademoiselle

J’aie l’honneur de vous annoncer que je suis arriver à la maison pour voir ma famille avec un grand plaisir et que je suis réformé N°1 et comme je suis bien content et je vous remercie beaucoup car j’aie été bien soigner avec vous et je remercie aussie votre père car c’est lui qui m’a proposer le conseil de réforme et j’ai pue arriver d’être réformé N°1. Mademoiselle j’avais trouvé Descombes Jean en arrivant à Valence et il était proposer pour passer le conseil de réforme 13 jours après moi et Guillemot réformé N° 2 et il est partie trois semaines avant moi, et Monsieur Beson est partie dans l’armée auxiliaire, voilà mes camarades que j’oublieraie jamais, voilà mademoiselle j’espère que ma lettre vous fera du plaisir mais vous m’aver fait du plaisir aussi avant en me soignant, bonne santé et bonne chance je peux vous dire que je vous oublieraie jamais.

Monsieur Le Foulgoc Joseph

De Manéantouse

Bubry Morbihan

 

(lettre écrite par un autre que l’auteur signe)
Né le 20 juillet 1876 à Bubry, cultivateur. Proposé pour la retraite par la cie de réforme de Valence pour gelure au pied droit et amputation des doigts de pied.

CHARLES LEONETTI

Propriano le 24 5 16, 
Recevez ainsi que de ma chère moitié un affectueux bonjour. 
Ma permission étant à bout je rentrerai bientôt à mon dépôt. Le bonjour à notre cher docteur et à toute votre famille ainsi qu'à toute ces charmantes dames, et toute la chambré. 
Ch Léonetti 
sergent 141 e d'infanterie en permission à Propriano (Corse) 

ADOLPHE MARTIN

Saint-Germain 14 août 1916,

Mademoiselle,

J’ai été un peu de temps pour vous donner des nouvelles mais Monsieur Philippon avait écrit pour tous. Donc après nous être plutôt ennuyé pendant trois jours à Gap c’est avec une grande joie que nous avons appris que la proposition convalescente de Monsieur le docteur Magnan était acceptée, à part Mr Brugère qui a un peu moins de chance, il ne sera pas moins éloigné du dépôt aussi longtemps que nous. Pour mon compte l’entérite a certainement contribué pour ma convalescence, je n’en suis du reste pas encore quitte. Toujours ces maudites coliques n’ont pas l’air de vouloir m’abandonner. Enfin mademoiselle Marie, je profite de cette carte pour vous adresser mes sincères remerciements, et ma reconnaissance de votre dévouement, ainsi qu’à Monsieur le docteur. Vous voudrez bien de ma part donner un grand bonjour à Madame Doumergue à qui j’enverrai une carte un peu plus tard. Un bonjour également à Monsieur et Madame Péreire, à tous mes camarades ainsi qu’à ces dames et demoiselle dévouées pour l’ambulance. J’ai voyagé jusqu’à Lyon avec le zouave et Philippon qui était très heureux aussi. Recevez Mademoiselle mes salutations respectueuses et mon bon souvenir.

A. Martin

54 rue de Laury Paris

PAUL MAURICE

15e chasseur à pied

Mademoiselle,

Deux mots pour vous dire que j’ai fait bon voyage, mais très fatigué ; heureusement que j’ai une grande permission. Sept jours en gros, avec cela il y a de quoi visiter la ville. Il ne me reste plus qu’à vous dire que de vous remercier des soins que vous m’avez donné, le bonjour de ma part à votre famille,

Paul Maurice

Carte envoyée de Lons le Saunier, le 14. 03. 15

Mademoiselle Marie,

Je me décide à vous envoyer encore une carte. Je ne sais pas pourquoi vous ne m’avez pas répondu à la dernière que je vous avais envoyé. Pourtant je ne vous ai pas fait trop de misère. Le bonjour de ma part à toute votre famille.

Mademoiselle un affectueux bonjour,

Envoi de Maurice Paul 179e 25e compagnie, caserne Belfort

Le 26. 10. 1915

Mademoiselle Marie,

Je m’empresse de faire réponse à la carte que vous m’avez envoyer le 19 courant qui m’a fait grand plaisir. Vous me dites que vous êtes très touchée de voir que je pense à vous et à Luc. Sachez bien mademoiselle Marie que je me souviens longtemps des personnes qui m’ont rendu service comme vous et votre père. Je penserai longtemps aux 2 mois passés à Luc. Pour le moment je ne suis plus au 172e, je suis au 15e chasseurs à pied. J’ai quitté Belfort le 18 septembre pour venir défendre la terre d’Alsace. Je suis un gardien du vieil Armand qui nous a encore coûté 500 hommes dans les combats du 15 16 17 18 courant pour le reprendre aux Allemands qu’il avait pris au 213 et au 334, il fallait les entendre crier « camarades », mais pas de pardon ; à part une cinquantaine de prisonniers ils ne sont pas près de recommencer ; je n’ai encore pas eu de nouvelles de Moutard depuis qu’on a quitté Luc. Quand à Berry il doit toujours être à Belfort ; je vous remercie d’avance du petit colis que vous voulez bien m’envoyer ; en attendant de vos nouvelles recevez Mademoiselle Marie mes meilleures salutations ainsi qu’à toute votre famille.

Paul Maurice,

15e Chasseur à pied 1ere cie Secteur Postal 141

Le 1er novembre 1915

Mademoiselle Marie

Deux mots pour vous dire que je vous envoie une petite bague faites avec de l’aluminium d'une fusée d'un obus autrichien que je viens de finir à l'instant même. Elle n'est pas très bien faite mais je pense qu'elle vous feras plaisir, surtout pour le souvenir de cette maudite guerre.

Recevez ainsi que toute votre famille, mes meilleures salutations

Paul Maurice

15 Chasseurs 1ere compagnie Secteur 141

Lorient Morbihan

Lundi 29/11/15

Mademoiselle Marie,

Je fais réponse à votre aimable lettre. Oui tout d’abord ma surprise de voir une lettre de deuil. J’ai cru qu’il vous était arrivé un malheur dans votre famille, mais j’ai vu qu’il n’en était rien, car quand on a quelqu’un sur le front on ne sait pas ce qu’il peut arriver. Je vous dirai qu’il y a beaucoup de neige dans ces sales pays. Je vous remercie du colis que vous avez eu l’obligeance de m’envoyer, moi et mes camarades de misères, nous lui avons souhaité la bienvenue, car on aime aussi faire un peu d’extras dans nos petites maisons de campagne, où je vous garantis qu’il ne manque d’habitants de toutes espèces, enfin que voulez-vous il faut se soumettre c’est la guerre. J’espère que ma carte vous trouvera en bonne santé vous et votre famille. Donner le bonjour à Monsieur et Madame Dartigue. Je leur ai envoyé déjà une carte il y a un mois mais je n’ai pas eu de réponse. Recevez Mademoiselle Marie mais sincères salutations,

P.M.

2/1/16

Melle Marie

Deux mots pour vous dire que la santé est toujours bonne, et j’en profite pour vous présenter tous mes vœux de bonne et heureuse année. J’espère que ma carte vous trouvera toute la famille en bonne santé. Un ami qui pense à vous.

Paul Maurice

Le 15... 16

Melle Marie

Je fais réponse à votre aimable carte qui m'a fait bien plaisir. Je suis toujours en bonne santé et j'espère que ma carte vous y trouvera de même toute la famille. Vous me demandez des nouvelles de Masson. Je ne sais pas grand-chose. Tout ce que je sais, c'est que le 23 a pris part avec notre Bataillon ainsi que le 152eme à l'attaque de l'artmann veillerhopt il y a trois semaines environ. Il y a eu beaucoup de pertes, maintenant je ne peux pas vous en dire plus long car vous devez le savoir c'est défendu de le dire, tout ce que je peux dire c'est que sitôt que je verrez le 23, je demanderez des nouvelles de Masson, et je vous renseignerez. Vous me demandez ce que je fais à la ... Je suis ordonnance du capitaine de la 1ere compagnie. Je soigne son cheval. Je ne suis pas malheureux ? Je ne monte plus aux tranchées, je reste pour soigner le cheval et c'est tout, enfin je suis embusquer tout de même ont reçois des marmittes de temps en temps, autrement ont ne penserait pas que nous sommes en guerre

Recevez ainsi que votre famille mes meilleurs salutations

Maurice Paul

Melle Marie

Deux mot pour vous dire que la santé est toujours bonne et je pense qu’il doit en être de même chez vous, je vous dirai qu’il pleut tous les jours, vivement que cette maudite guerre soit finie car on commence par se fatiguer malgré que je n’ai pas bien ma vie en danger, car c’est beaucoup trop long.

Recevez Mademoiselle Marie ainsi que toute votre famille mes sincères salutations. Un ami,

Paul Maurice

Carte postale de Gérardmer 6/7/16
Mademoiselle Marie
Bien le bonjour d'un chasseur du 15e qui part dans la Somme chercher la paix.

P.M

JACQUES MAURY

Suze-la-Rousse le 25 décembre 1915

Chère infirmière,

Me voilà ici à Suze-la-Rousse depuis avant-hier. Je crois que je commence à sentir le boche, mais que voulez-vous toujours que je me porte bien mieux que quand j’étais à l’hôpital à Luc.

En même temps je ne veux pas laisser passer le nouvel an sans vous témoigner mes vœux de reconnaissance et souvenirs inoubliables que je conserve de l’hôpital de Luc. En même temps je vous souhaite, chère infirmière, une année sans pareil remplie de bonheur et de réussite dans vos affaires, car il faut espérer qu’en dix-neuf cent seize nous verrons cesser cette terrible guerre qui a tant éprouvé la France, et qui nous laissera vivre en paix.

J’ai vu le sergent Prat avant de quitter Montélimar qui rentrait de permission de 15 jours il y a environ un mois, j’ai vu Briant au dépôt qui partait au camp mais depuis je l’ai pas revu mais on m’a dit qu’il était parti sur le pour le front depuis une quinzaine de jours.

Donnez le bonjour de ma part aux infirmières de l’ambulance ainsi que tout le personnel car je forme pour elles les mêmes vœux de bonheur et de reconnaissance. Votre ancien pensionnaire qui vous sert la main affectueusement pour la vie.

Maury Jacques Victor

52e 27e Cie

 

Le 25 février 1916

Chère infirmière,

Je viens de recevoir votre lettre qui m’apprend que vous avons été débarrassé un peu de vos malades, de cette façon vous pourrez avoir un peu de repos. Vous me demandez des nouvelles de Briand et de Prat. Je les ai vu à Montélimar au mois de décembre. J’ai aussi appris que Briand était sur le front depuis la Noël, mais je l’ai pas revu. J’ai aussi vu Prat au camp à Suze-la-Rousse le jour avant de partir pour le front mais depuis j’ai pas eu de ses nouvelles. Quant à moi j’ai changé de secteur, j’ai quitté l’Alsace, et en ce moment nous sommes sur les frontières suisses que nous faisons des tranchées et posons des fils de fers.

Votre ancien malade qui vous serre une sincère poignée de main pour la vie ainsi qu’à tout le personnel de l’ambulance.

Maury Victor

52e d’infanterie, 71e Compagnie. Secteur 114

 

Né le 25 mars 1886. Soldat 2ème classe. Mort pour la France à 30 ans le 19-08-1916 (Fontaine-de-Tavannes, 55 - Meuse, France) 

DOMINIQUE MERENS

Valence Mardi 2 novembre 1915,

Mademoiselle,

Vous voudrez bien m'excuser si je vous écris au crayon, mais l'encre et les porte-plumes manquent complètement. Monsieur Cornet ne me verra que demain mercredi. Si vous avez des lettres pour moi je vous serais très obligé de me les faire parvenir à l’adresse suivante : Hôpital complémentaire numéro 8. Lycée de garçon. Quatrième division. Salle 11. Veuillez présenter mes respects à Monsieur et Madame Magnan. Avec mes meilleurs sentiments de reconnaissance, recevez Mademoiselle mes hommages respectueux,

Domi. Mérens

Vendredi 5 novembre 1915
Mademoiselle
Je vous remercie beaucoup de votre carte, qui m'a fait grand plaisir.
Je suis très étonné que Moncenix vous ait écrit le jour de mon opération, car quand il est venu me voir je ne le connaissais pas encore. On vient de me dire à l'instant que c'était pour demain matin samedi. Monsieur Cornet qui m'a examiné hier a trouvé que j'allais bien mieux.
Les soins que j'ai reçus à Luc n'ont pas été inutiles.
L'appétit va moins bien qu'à Luc, car la nourriture n'est pas fameuse. Il y a pourtant un progrès : c'est que le matin au lieu d'avoir un mauvais café noir comme avant, on nous donne du chocolat au lait, qui ne vaut pas le café au lait de Luc.
Le lit laisse aussi à désirer, mais je dors assez bien.
Avec mes meilleurs sentiments de reconnaissance recevez mademoiselle mes respectueuses hommages
Domi. Mérens

Valence le 14 novembre 1915,

Mademoiselle,

Je profite aujourd’hui de la présence de mon petit frère pour vous faire donner de mes nouvelles.

Hier j’ai écrit à Madame Domergue et à Pujol mais avec la meilleure volonté je n’ai pas pu continuer ; je vous prie donc de bien vouloir m’excuser si je ne vous ai pas écrit hier.

Quoi que souffrant toujours de mon côté je vais un peu mieux, mais ne suis pas encore prêt à retourner à Luc. On me fait quatre piqûres par jour 2 d’huile camphrée, une de sparteïne, et une de pantopon.

Ma température n’est pas élevée, au contraire je crois plutôt que je suis faible car il m’arrive bien souvent de ne pas avoir 37.

J’espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé et je vous prie de présenter mes respects à Monsieur et Madame Magnan.

Recevez chère Mademoiselle mes hommages respectueux.

Domi Mérens

Valence 29 novembre 1915
Mademoiselle
Me sentant un peu mieux aujourd'hui je m'empresse de vous donner de mes nouvelles.
Ces jours-ci j'étais fatigué et j'ai eu jusqu'à 39,3 de fièvre sans savoir au juste ce que c'était.
Monsieur cornet m'a examiné hier et me trouve toujours très bien, avec une bonne respiration.
Ce matin je n'avais que 37,7 et je vais bien mieux.
Veuillez présenter mes respects à Monsieur et Madame Magnan ainsi qu'à mademoiselle votre sœur.
Voulez-vous avoir l'obligeance de me donner l'adresse de Dupont…
Recevez mademoiselle mes hommages respectueux
D. Mérens

Valence le 7 décembre 1915,

Mademoiselle,

Je languis tellement dans mon lit que dernièrement j’ai voulu me lever, et ça m’a fatigué. Aujourd’hui je vais bien mieux et voudrais encore me lever. Heureusement que soeur Marguerite est là pour m’en empêcher…

Mon pansement a été fait ce matin et la suppuration semble diminuer, mais j’ai toujours les deux drains…

Veuillez saluer de ma part Madame Doumergue ainsi que Monsieur Lapeyre ;

Recevez Mademoiselle mes respectueux hommages,

Domi. Mérens

Valence le 21 décembre 1915
Mademoiselle
Depuis vendredi dernier on nous a changé deux ou trois fois de salle pour pouvoir faire laver les murs. Nous ne sommes plus que 20 blessés au lycée, tout le reste a été évacué soit au séminaire soit dans les secteurs.
J'ai toujours les drains et je commence à me lever 2h par jour.
Veuillez présenter mes respects à Madame Magnan et saluer de ma part madame Doumergue et Madame Lapeyre.
Recevez mademoiselle mes hommages respectueux
Domi. Mérens

Valence le 3 janvier 1916
Je vous remercie infiniment de votre aimable carte ainsi que de vos souhaits pour la nouvelle année.
Je vous présente mes vœux respectueux et sincère pour 1916. Que cette année nous apporte la paix que nous souhaitons tous depuis longtemps et que vos frères reviennent sains et saufs de cette horrible guerre... Mon frère François se joint à moi pour vous offrir ses vœux.
Vous voudrez bien présenter mes vœux à Monsieur et Madame Magnan, ainsi qu'à madame votre sœur.
Je vais toujours de mieux en mieux et je me promène avec des Demoiselles dans la ville de Valence. C'est ce que j'ai fait le 31 décembre avec Mademoiselle Bertrand.
Monsieur cornet ne me verra que demain matin.
En vous renouvelant mes vœux de bonne année recevez mademoiselle mes hommages respectueux.
Domi. Mérens

Valence le 29 janvier 1916
Mademoiselle vous m'excuserez d'avoir tardé à vous donner de mes nouvelles, mais j'ai travaillé pendant 15 jours pour avoir une permission de h8 pour Marseille ; à mon retour j'ai été fatigué et je suis encore bien enrhumé. Je tousse beaucoup... J'ai toujours un drain dans mon côté qui coule encore assez... Je ne sais pas encore ce que l'on va faire de moi... On m'a encore changé de salle hier ça devient vraiment embêtant.
Recevez mademoiselle mes hommages respectueux
H division salle 12
D Mérens

Valence le 14/2/1916

Mademoiselle

Ainsi que je l’ai écrit à Pujol, je suis couché depuis 8 jours avec une grosse température et qui ne veut pas descendre…

Ce qui est drôle c’est que je ne me sens absolument rien et que je ne souffre pas du côté… J’attends avec impatience la visite de Monsieur Cornet, mais il ne se presse pas pour venir… J’avais l’intention d’écrire à Mademoiselle Bertrand mais j’ai su par Pujol qu’elle n’était pas à Luc.

Veuillez présenter mes respects à Monsieur et Madame Magnan et recevez Mademoiselle mes hommages respectueux..

D. Mérens

Valence le 20/2/1916

Mademoiselle

Je vous remercie infiniment de votre aimable lettre. Je vais bien mieux et ma température baisse.

J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer : c’est que je pars demain matin pour Marseille. Vous pensez si je suis content. Dites à Pujol que je lui écrirai de Marseille, s’il veut m’écrire avant qu’il m’adresse les lettres 9 rue Silvabelle…

Recevez mademoiselle mes respectueuses hommage

D. Mérens

Marseille 3 4 1916
Mademoiselle
Je vous remercie beaucoup de votre aimable lettre du 27 mars.
Je vous prie de m'excuser si je ne vous ai pas donné de mes nouvelles plus tôt, mais la joie d'être à Marseille et mon frère François qui est venu passer quelques jours avec moi, m'ont empêché de vous écrire.
Je suis heureux de savoir que vous avez de bonnes nouvelles de vos frères et je souhaite qu'ils vous reviennent sains et saufs.
Quant à moi je vais très bien, mais mon côté suppure toujours. On me parle d'une troisième opération. Le chirurgien doit me voir un de ces jours pour fixer le jour de mon opération.
Veuillez présenter mes respects à Monsieur et Madame Magnan. Bien des choses de ma part à Madame Doumergue, madame Lapeyre, et une bonne poignée de main à Pujol.
Recevez mademoiselle mes hommages respectueux,
Mérens
Association des Dames Françaises Hôpital auxiliaire 20. Hopital lycée 201. Salle 16. Marseille

Gémenos le 10 août 1916
Mademoiselle
Je vous remercie infiniment de votre carte. Je suis tout étonné de savoir que l'on a été obligé d'opérer Dupont, car quand il est parti de Luc il était bien guéri. Ma 3e opération a très bien réussi et mon côté est cicatrisé. Je suis aux environs de Marseille, à la campagne pour me refaire un peu, en attendant ma réforme ; car on m'affirme que je serai réformé…
Bien des choses de ma part à Mademoiselle Bertrand, madame Doumergue. Mes respects à Monsieur et Madame Magnan et le bonjour à Dupont...
Avez-vous toujours des blessés ?
Recevez mademoiselle mes hommages respectueux
D. Mérens. Hopital auxiliaire 226 à Génemos

PS Mon frère François va partir pour le front un de ces jours…

Né le 14 aout 1894. Employé de commerce. Engagé volontaire pour la durée de la guerre. Blessé au thorax. Réformé en 1918

PIERRE MAURELL 

Lyon le 18 août 1915

Mademoiselle

Me voilà dans ce fameux hôpital en bonne santé. Je suis allé deux fois à la visite où pour ainsi dire on n’a rien découvert. Deux fois, aujourd’hui, on m’a mis de la trapine, ce que vous m’avez mis à Luc, et puis un autre liquide dont j’ignore le nom. J’ai vu une feuille sur laquelle il y avait décision « rejoint son dépôt ». Je ne sais pas quel jour ! Je crois que dans peu de temps j’aurai de nouveau la même chose. Enfin un jour de plus. J’espère donc vous revoir dans peu de jours. Agréez Mademoiselle mes meilleurs remerciements et mon plus profond respect.

Maurell

Hopital militaire Desgenette. 3e division de blessés Salle n°24

Valence le 23 septembre 1915
Mademoiselle
Certes, vous allez être étonnée de savoir qu'on me renvoie de Valence.
Dans cet hôpital, il n'y a que des blessés du front et des malades qui ont été au front.
Ce matin, seulement, le docteur Roure m'a vu ainsi qu'un lieutenant major.
Il voulait m'envoyer à Desgenettes, mais j'y suis allé. Ils me renvoient à l'hôpital de Montélimar.
Je crois partir de suite, il est 9h.
Bien le bonjour à Monsieur le Docteur à M. Lapeyre et Madame Doumergue et aux braves amis.
Agréez, mon plus profond respect
Maurell Pierre

Valence le 23 septembre 1915,

Mademoiselle,

Il n’est pas beaucoup de temps que je viens de remettre une lettre pour vous, mais encore faut-il que je vienne vous dire que je serai évacué sur Lyon et pas sur Montélimar.

Évidemment, mon œil n’est pas guéri, voilà pourquoi sous ma demande ils ne me renvoient pas au dépôt. Je vais partir dans deux ou trois jours pour Desgenettes.

En attendant le docteur Roure ne m’a rien ordonné. J’ai remarqué, dans une grande glace, que les risques de mon œil gauche avait des proportions doubles que celui de droite, il y a un jour de cela.

Je compte sur votre amabilité pour me faire part de parvenir les lettres.

Agréez Mademoiselle et Madame Doumergue mes meilleurs remerciements,

Maurell Pierre

ALBERT MICHEL

La Loge le 5 août 1916,

Vous m’excuserez le retard que j’ai eut de ne pas vous écrire plus tôt, mais Mademoiselle mon voyage a était très long, et j’étais très fatigué et maintenant ma jambe me fait mal, j’ai souvent trop marché mais comme je vais prendre du repos j’espère que ça ira mieux. Mademoiselle je ne vois plus grand-chose à vous dire pour l’instant si ce n’est que de vous souéter une bonne santé à tous et un amical bonjour. Je vous quitte Melle Marie en vous remerciant de vos bons soins ainsi que monsieur le docteur.

Michel Albert

Gap, le 29 août 1916
Mademoiselle Marie
Je vous envoie ces 2 mots pour vous dire que je viens de passer la visite et je suis proposé pour un mois de convalescence chose qui me fait un grand plaisir.
Ainsi mademoiselle je viens par la présente une fois de plus vous remercier vous et Monsieur le Docteur.
Je vous dirai que mon xxx à était maigre ça ne valait point Luc mes enfin ce n'est pas pour longtemps.
Je vous dirai aussi que j'ai vu xxx il part demain ses papiers n'étaient pas rendus.
Rien de plus pour l'instant.
Recevez mademoiselle Marie mes salutations empressées et mes meilleurs sentiments.

Michel Albert

EUGENE MILLOT

Valence le samedi 20 mars 1915
Melle Marie
Je vous envoie cette petite lettre pour vous donner de mes nouvelles, je suis en bonne santé et je pense que ma lettre vous trouve de même, je vous dirai que nous sommes toujours à Valence, peut-être pour 4 jours, je vous promets que l'on commence à envoire mar, vivement que l'on quitte cette caserne car l'ennui est dur, on n'est pas si tranquille qu'à Luc, il y a une différence, je vous promets que j'en ai regret de Luc, car jamais on retrouvera pareil. En attendant je vous remercie beaucoup de votre bon dévouement que vous avez eu pour nous. Et que jamais j'oublierai ça car faudrait pas avoir de cœur, car avoir été soignés comme on l'a été, c'est rare de trouver pareil pays.
Enfin faut espérer que j'aurai le bonheur de revenir vous remercier, c'est le moins que l'on peut faire. Car après la guerre on aura bien gagné ce voyage. Aussitôt que je saurai arrivé à destination, je vous écrirai, car on a u le bonheur de tomber à Luc pour être soigné, car en ce moment, à Valence il en rapplique des militaires de tous les dépôts de convalescence, à les entendre causer, d'où ils viennent, et bien, il y a bien des places qu'ils étaient pas trop bien, mais nous autres on peut pas dire ça, car ça saurait un mensonge. Enfin Melle Marie, vous souhaitez bien le bonjour à votre sœur et à monsieur le docteur et je le remercie beaucoup. Je n'ai plus rien à vous dire pour aujourd'hui qu'à vous serrer la main de Valence et restez en bonne santé.
Bien le bonjour à tous les copains qui restent, et bonne gaieté surtout, qu'ils restent le plus longtemps possible, ils ont le temps de quitter Luc, car c'est la purée, on recommence à sentir le xxx. Bonne chance à tous, un ami qui vous dit à Dieux
Eugène Millot
Soldat du 134e régiment d'infanterie
Hôpital Valence

Né en oct 1892. Enfant assisté, manœuvre. En congé illimité en 19. Rappelé en 1939, mais renvoyé dans ses foyers et placé sans affectation.

LOUIS MONNIER

Valence 19 août 1916

Mademoiselle

Je vous envoie ces quelques lignes afin de vous faire part de mon voyage et de mon opération que j'ai subi hier 18 août.

Quand au voyage cela s'est assez bien passé, je suis arrivé en gare de Valence il était 9 heures du soir, j’espérais trouver quelqu'un pour m'attendre à la gare mais je n'ai vu personne ; j'ai demandé à une dame où se trouvait l'hôpital alors je m'y suis présenté et une infirmière de garde m'a conduit où je suis à présent.

Quand à mon opération cela s'est bien passé, l'on m'a retiré deux petites aiguilles d'os dans a jambe gauche et une un peu plus grosse dans le bras ainsi qu'un petit bout d'os qu'on sentait facilement avec le doigt comme vous avez pu le voir.

Seulement je puis vous dire que je suis été malade comme jamais, beaucoup plus que dans les deux opérations précédentes. Depuis 9 heures du matin jusqu’à la nuitée n'a été que de pénibles vomissements ; draps de lit comme ma chemise étaient mouillés par suite d'une transpiration comme je n'en avais jamais subi la pareille, ainsi qu'un violent mal de tête, heureusement ça s'est calmé pendant la nuit et maintenant cela va un peu mieux.

Je ne souffre pas énormément mais évidemment je reste immobile le plus possible.

Comme je le supposais bien ici la nourriture ne vaut pas celle de Luc, mais pour les soins médicaux c'est supérieur au Valentin à tous le points de vue même pour la nourriture également.

Je ne sais pas trop ce que l'on me gardera ici, mais comme j'ai l'oreille assez fine j'ai pu entendre que l'on ne me garderait pas bien longtemps ; enfin je verrai bien, mais au plutôt le joyeux retour à Luc que j'ai du quitter avec un grand regret.

Voilà tout ce que je puis vous dire pour le moment, je pourrais vous dire quelques autres détails lorsque je serai de retour.

Agréez Mademoiselle l'expression de mes plus sincères souvenirs.

Monnier Louis

Hopital complémentaire N 8 1ere division

Excusez mon écriture, le bras me fait mal, j'écris un peu de travers

Valence 21 août 1916

Chère demoiselle,

Je pensais retourner ces jours-ci à Luc, car il y a une évacuation ces jours-ci, je ne sais pas trop combien il y en partira, je crois qu’ils partent pour Die ; j’espérais partir également vu que je pourrais retourner maintenant, mais il n’en est rien malheureusement, je ne sais s’ils en enverront ailleurs je voudrais bien partir mais je crains de rester trop longtemps, je vous préviendrai si tôt que je saurai si je pars vraiment, car je commence déjà à trouver bien le temps long et je m’impatiente énormément. Rien de nouveau de plus pour le moment. Espérant tout de même un prochain retour.

Recevez chère demoiselle mes biens sincères salutations.

Monnier Louis

Saint-Vallier, octobre 1916

Mademoiselle,

Je vous envoie ces quelques lignes afin de vous faire savoir que je viens de recevoir votre correspondance datée du 14 septembre dernier, ainsi vous voyez avec quel retard ; quant à mon état de santé, je suis à peu près guéri pour l’instant mais chose plus grave, il est question qu’il va falloir me faire subir une quatrième opération, ce qui ne me sourit pas beaucoup ; lorsque j’ai quitté le Luc, l’opération que j’avais à subir était beaucoup plus importante qu’on ne le prétendait, il s’agirait maintenant de briser un os à nouveau car il a été mal remis, m’a-t-on assuré et la suppuration est aussi persistante que lorsque j’étais encore à Luc ; j’aurais préféré de beaucoup retourner là-bas, mais je serais encore été forcé de retourner de nouveau à Valence ou ailleurs ; je suis parti le 11 septembre de Valence je suis ici avec une vingtaine de mes camarades ; et il n’y a pas à se plaindre autrement, on est assez bien ; je ne sais trop ce qu’on fera de moi après mon opération qui sera certainement la plus dur que j’aurais à subir ; enfin espérons que cela ira assez bien ; vous aurez à peu près sûrement des blessés ces jours-ci, dont mon camarade de lit un nommé Arnaud, J’ai appris qu’il devait être évacué pour Luc avec quelques autres certainement.

Rien de nouveau de plus pour le moment, recevez Mademoiselle mais sincères souvenirs.

Monnier Louis

Hôpital temporaire 138 bis

Château de Chabrillan Saint Vallier Drôme

Saint Vallier 9 décembre 1916

Chère Demoiselle

Je réponds de suite à votre lettre qui m'a fait bien plaisir, j'ignorais que l’hôpital de Luc était fermé ; quand à mes blessures cela va assez doucement, la suppuration toujours persistante du mollet gauche laisse à supposer qu'il se trouve encore des corps étrangers, quand au bras droit c'est absolument pareil, c'est encore pire même ; une petite opération sera encore nécessaire, ainsi vous voyez que j'étais encore loin d'être guéri, et je suis été opéré déjà voici 15 jours environ, il faudra recommencer sous peu, cela fera donc 5 opérations successives et la cinquième qui sera la dernière (je l'espère bien) ne sera pas la moins douloureuse, néanmoins tout en ayant du courage, je commence par en avoir assez ; il est hors de doute que c'était très pénible à supporter ; enfin je prends courage pour une nouvelle épreuve. Rien de plus pour le moment, je termine mademoiselle en vous présentant mes sincères salutations.

Monnier Louis

Hôpital 138 bis Château de Chabrillan Saint Vallier (Drôme)

Je vous envoie la carte de l’hôpital où je suis soigné qui est un ancien château dont l’intérieur est très joli.

Né le 23 janvier 1888. Cultivateur à Etray dans le Doubs. Réformé100% en 1919 pour « débilité mentale, dépression mélancolique, mutisme ». Libéré des obligations militaires en 1937. Blessé le 3 mars 1916 « plaie épaule droite et bras, cuisse droite, jambe gauche et fesse gauche »

JOSEPH OGIER

Chère Mademoiselle,

Vous voudrez bien m’excuser du retard que j’apporte à vous écrire un peu longuement. Ne croyez pas que ça soit de l’indifférence ou ingratitude de ma part. Car je vous dois toute ma reconnaissance. Aussi je me fais un devoir de vous adresser mes remerciements, pour les bons soins reçus, pendant mon long séjour à l’ambulance 208 bis de Luc. En particulier je vous remercie pour votre inlassable dévouement et aussi de Monsieur le docteur, sans oublier toutes les personnes qui s’intéressaient en cause commune pour le bon fonctionnement de votre formation sanitaire.

Arrivé au dépôt, j’ai pu obtenir quatre jours de permission pour aller dans ma famille, où je devais y rencontrer un de mes frères. Cela est un fait accompli, ayant vu mon frère et trouvé toute ma famille en bonne santé. J’ai donc passé une excellente permission. Je suis de retour au dépôt depuis le 6 courant, sans doute que je suis encore pour quelques jours ici. Pendant ce temps je fais du service de place.

Il est probable que je prendrai la direction du xxx sous peu ou la direction d’Albertville, dépôt du 22e chasseur alpin.

Dans l’espoir que ma lettre vous trouvera en bonne santé et aussi votre famille, donc je leur adresse mes respectueuses salutations Mademoiselle encore une fois tous mes remerciements et mes hommages bien respectueux,

J. Ogier

30e Cie, 52e Infanterie

Bouchet, le 28/1/16

Chère Mademoiselle,

C’est avec plaisir que j’ai reçu votre gentille lettre du 23 courant, qui m’a trouvé non pas à Montélimar, mais à Bouchet, où je suis depuis le lundi 23 courant. Depuis mon départ de Luc, la santé est toujours excellente pour moi aussi ! De plus en plus je me rapproche du front. Toutefois j’espère bien rejoindre mon bataillon primitif sous peu.

Le sergent Prat est à la 31e compagnie depuis plus d’un mois. Je lui ai donné le bonjour de votre part. Quant à Ollivier, Chevalier, Auclair, et Moncenix, tous quatre était à la 30e compagnie à mon départ de Montélimar et devaient tous passer la visite pour réforme temporaire mardi 25 janvier. Je ne sais pas quel en a été le résultat.

Puisqu’il vous est agréable que je vous donne de mes nouvelles de temps à autre, de mon côté, je me fais plaisir de vous donner de mes nouvelles de temps à autre. C’est aussi un devoir pour moi. Mais soyez persuadée qu’à l’avenir comme actuellement je vous ferai savoir de mes nouvelles, et aussi mes futures étapes selon la mesure du possible.

Merci pour les nouvelles que vous me donnez au sujet de Luc, et de l’ambulance. Toujours avec l’espoir de vous lire quelques fois et aussi que ma lettre vous trouvera comme elle me quittant en bonne santé. Recevez Mademoiselle et aussi pour votre famille mes sentiments de haute considération un cordial bonjour.

J.Ogier

52e infanterie à Bouchet Drôme

Albertville le 14/2/16

Mademoiselle

Deux mots pour vous faire savoir mon changement d’armée. J’ai quitté Suze, pour rejoindre le 22e chasseur alpin à Albertville. Je suis toujours en bonne santé. J’espère qu’il en est ainsi pour vous et votre famille. Recevez Mademoiselle mon bon souvenir et mes cordiales salutations. De ma part un bonjour à Madame Doumergue

J.Ogier 22e Chasseur Alpin 14e Cie Alberville Savoie

Le 21.10.16,

Mademoiselle,

Excusez de mon silence, quoi que ça je ne vous ai pas oublié et xx les bons soins reçu de vous !

J’ai été blessé de nouveau le 25 septembre au nord de la Somme et suis en traitement ici en Bretagne, blessé assez grièvement à la tête, fracture, forte commotion, et plaies multiples, mais tout va bien suis déjà bien convalescent. J’espère que tous les vôtres, ainsi que vous-même êtes tous en parfaite santé.

Mes bonnes salutations à votre famille, Mr et Mme Dartigue, sans oublier tout le personnel de votre ambulance.

Recevez mademoiselle mon bon souvenir, et bonne salutation.

Bien à vous,

J.Ogier

FELIX OLLIVIER

Avignon le 7 octobre 1915,

Mademoiselle,

Vous voudrez bien m’excuser si j’ai un peu tardé à vous écrire, c’est qu’un peu souffrant, j’attendais de pouvoir vous donner de bonnes nouvelles de ma santé. Je suis resté chez moi pendant ma convalescence, et comme je souffrais toujours, j’ai cru devoir demander une prolongation, mais à la visite occasionné par ma démarche le docteur m’a fait hospitaliser dans un service spécial. Mon oreille coule toujours et j’ai des douleurs continues dans la tête, j’espère quand même que c’est le dernier retour du mal et que sous peu je serai guéri.

Je garde de votre établissement le meilleur souvenir pour les bons et dévoués soins qui m’ont été prodigués, et qui font l’objet de ma vive gratitude et de mes meilleurs remerciements.

Mon respectueux souvenirs à Monsieur Magnan ainsi qu’à Madame Doumergue et à toutes les dames qui s’intéressent à l’établissement. Veuillez donner de ma part le bonjour aux camarades.

Vous voudrez je vous prie me faire parvenir mes lettres si j’en ai.

Recevez Mademoiselle l’assurance de mes sentiments respectueux et reconnaissants, ma femme se joint à moi pour vous adresser ses respectueuses salutations.

Votre serviteur

Ollivier Felix

Hopital Joseph Vemet à Avignon (Vaucluse)

LAZARE PARÈS

13 janvier 1916
Mademoiselle Magnan
À l'instant, je reçois votre gentille carte, et je m'empresse de venir vous remercier.
Nous n'avons pas eu un temps si favorable qu'à Luc, il ne fait que pleuvoir, on doit passer une bonne partie des heures de repos à décrotter nos effets.
J'ai un très bon piano à ma disposition. Chaque soir, avec les collègues nous faisons de la musique (violon). Le temps est bien moins à charge mais ne vaut jamais le riant Luc. Je serais bien heureux de recevoir un passe-montagne tricoté par vous-même. Je vous remercie beaucoup de votre amabilité ; ce sera pour moi un bon souvenir de Luc. Aupetit est avec moi, je lui ai fait part de vos amitiés. Quant à Genda je crois qu'il est mitrailleur au 75 à Mirabel.
Mon meilleur souvenir à Mr et Mme Magnan, à votre sœur et recevez mes plus sincères amitiés,
Parès
157 inf 35e

Le 3.2.16

Mademoiselle,

Je reçois au même instant votre carte, ainsi que le passe-montagne. Je ne sais comment venir vous remercier de votre amabilité. J’ai été encore plus surpris à la vue de quelques gourmandises qu’entourait le passe-montagne qui m’ont fait bien du plaisir, également.

J’ai reçu hier une lettre de la petite Margot Gau, m’annonçant, ainsi que vous me le dites sur votre carte, la mort au champ d’honneur de son frère Henri. Je comprends que Madame Gau doit être bien désolée, elle qui me parlait si souvent de ses fils !

Nous avons un temps humide et froid. C’est plus dur qu’à Luc.

Dimanche dernier nous avons fait un concert, pas si complet que celui de Luc, bien entendu, mais qui toutefois ne laissait rien à désirer.

J’avais réussi à monter un orchestre à 14 parties, ce qui n’était pas mal.

En espérant que ma lettre vous trouvera en bonne santé, recevez avec mes remerciements mes plus sincères amitiés ;

Bon souvenir à vos parents et sœur,

Parès

157e inf. 38 e Cie Secteur 159

Secteur 159,

22. 2. 16

Brr ! La neige a fait son apparition et depuis ce matin, nos vaillants petits « 157 » balayent les rues de Maxey. Oh ! Les boules de neige ! C’est délicieux ! Si c’était à Luc, je vous en aurais réservé une, « mais toute petite »…

Votre lettre m’a bien fait plaisir.

Bon signe, la fermeture de l’ambulance ! Mais ici, parmi nous, que de bronchites, oreillons, diphtérie, etc…

Madame Corrige n’est pas à Suze. Elle est à Mende. Elle était allée passer quelques jours à Saint-Laurent, chez ses parents, elle a eu l’occasion de parler à ma mère qui lui a dit que j’étais soldat à Luc. Elle m’a prié alors de vous saluer de sa part, mais juste à ce moment, j’étais parti de Luc ! … Pour Suze.

Bonne santé. Bon souvenir à vos parents et sœurs ainsi qu’à maman Gau et la petite Margot,

Recevez mess bonnes amitiés

Parès

157 infanterie

Jeudi 27.4.18

Chère Melle Magnan

Nous nous sommes rapprochés de Mrs les boches et nous voici nouvellement cantonnés depuis quelques jours.

Nous avons très beau temps, ce qui favorise les aéros. Aussi, ça crache souvent dans l'air.

Nous avons été bombardés le soir du vendredi Saint.

Ils nous ont lança 33 marmites de 155 qui'ont bléssé 5 soldats et creusé quelques entonnoirs

Suis en très bonne santé. Je vous souhaite de même.

Mes bon souvenirs à vos parents et sœur.

Lazare Parès

Secteur 120

Dimanche 4 juin 1916,

Chère Melle Magnan,

J’ai reçu votre carte du 30 écoulée avec plaisir. Elle n’a même pas été retardée à cause du secteur. Je vous remercie infiniment de votre bon souvenir, et si Luc ne m’oublie pas, je ne l’oublie pas non plus à mon tour.

Nous sommes bombardés très souvent mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu trop de mal. Pourriez-vous me procurer, soit à Die, soit à Valence la carte d’état-major au 1.80 000 de Die, ou bien si vous ne la trouvez pas compléter les cadrans S-E et S-O de Die ? Vous seriez très aimable de me les envoyer et je vous en serais très reconnaissant.

Nous avons eu un temps relativement froid pour la saison, tantôt pluie tantôt brouillard, mais encore préférable à la chaleur accablante.

Mon bon souvenir à votre famille ainsi qu’à Madame Gau et X

Recevez mademoiselle mes meilleurs sentiments d’amitié,

Parès

S.Postal 47

21 juillet 1916,

Chère Mademoiselle Magnan,

Voici déjà quelques temps que je n’ai pas eu de vos nouvelles ; on me dit qu’à l’ambulance il y avait une vingtaine de blessés ; et je comprends à présent que le travail ne doit pas vous manquer. Tout de même que vous êtes toujours en bonne santé.

Pour moi je ne vais pas trop mal si ce n’est que quelques obus que nous avons de temps en temps. Dimanche dernier 63 de 1 kilo. Ce n’était pas amusant. Espérant que ma carte vous trouvera en bonne santé, recevez bien mademoiselle mes bons souvenirs.

Parès

Excusez mon écriture, je vous écris d'une tranchée sur les genoux

Aout 1916.

Saint Laurent de Salanque,

Meilleurs souvenirs d'un gentil pays.

Bonnes amités.

Parès

SP 119.

Le 18/9/16

Vous vous étonnerez sans doute de mon nouveau changement d’adresse ; par ma demande, j’ai été affecté au 41e comme musicien. On ne s’en fait pas trop, et c’est même la bonne vie. L’hiver commence déjà : il fait froid et il pleut. Avez-vous toujours des blessés à l’ambulance ?

Avec mes excellents amitié, acceptez chère Mademoiselle Magnan mes meilleurs souvenirs.

Parès L

41e Inf. musicien

Expéditeur Parès Lazare Musicien 41e Infanterie

Secteur Postal 119 Vendredi 13 octobre 1916

Chère Melle Magnan

Que fait-on à Luc ? Voilà déjà longtemps que je suis sans nouvelles. Avez-vous grand travail à l'ambulance ? J'espère que vous êtes en excellente santé. Pour moi je vais ce que l'on peut dire bien. En attendant de vos bonnes nouvelles, recevez chère Melle Magnan, mes meilleurs souvenirs,

Parès

Secteur postal 119

Le 14 oct. 1916

Chère Mademoiselle Magnan,

Merci de votre gentille carte-lettre que vous m’avez adressée d’Albon. Je ne vous croyais pas dans l’Ardèche, et je vous prie de m’excuser, je vous ai écrit encore hier, vous demandant de vos nouvelles.

Vous n’aurez donc plus de tracas, sans cette ambulance ; vous pourrez je crois continuer votre repos à Luc, ou il doit commencer à faire froid.

Ici nous n’avons pas trop à nous plaindre, à ce point de vue, mais la pluie !! Ce n’est pas ça qui manque.

Mais comme on dit, on ne s’en fait pas pour « si peu » et le « moral » est excellent. Nous faisons toujours de la musique, le temps est moins à charge.

Je suis en excellente santé. Recevez mes meilleurs souvenirs.

Parès L

41e Inf. Musicien

Secteur113

22/11/16

Chère Mademoiselle Magnan,

Vraiment le passe-montagne que vous avez eu l’amabilité de me tricoter l’an dernier me sert beaucoup et m’est fort agréable. Chaque fois que je le mets je pense un peu à Luc.

Nous sommes en train de fêter la Sainte Cécile. C’est une bonne circonstance pour nous.

Nous avons changé le numéro de notre secteur 113 au lieu de 119.

Je compte aller en xxx dans une douzaine de jours. J’espère qu’il n’y a rien d’anormal à Luc et qu’il n’y a pas trop de blessés à l’ambulance. Recevez mes meilleurs souvenirs

Parès Musicien. 41e d’infanterie

Le 29 décembre 1916

Chère Mademoiselle Magnan

Je reçois à l'instant même votre carte et le colis ; je vous remercie infiniment de votre gentillesse à mon égard ; votre carte m'a rappelé le bon petit souvenir de Luc, et, comme nous « collectionnons » des vues sur les parois de notre xxx je me suis empressé de la placer à son « poste ».

Nous faisons de la musique, toujours de la musique. Notre petit théâtre du front marche très bien, et à 1 km des lignes, nous passons de très agréables moments. Le petit orchestre s'en donne et trois fois par semaine nous donnons concert. Dernièrement, le 1er acte de Faust a été merveilleusement réussi ; hier soir, les « aveugles » ont eu également bon succès.

Nous avons joué à la messe de Minuit, tous les chants et choeurs étaient avec accompagnement d'orchestre, ce qui sortait un peu de l'ordinaire.

Il ne fait que pleuvoir, ou bien froid, le soleil n'est guère connu. Heureusement que le soir nous passons d'agréables moments : c'est le thé ou bien le chocolat au lait qui accompagne la partie de carte, quand il n'y a pas répétition. Que demander de plus ?... c'est la guerre.

J'espère que vous avez reçu la carte que je vous ai envoyé le 26. Je vous remercie de tous vos bons souhaits auxquels je suis très sensible.

Rappelez vos parents à mon bon souvenir, et je vous prie de croire à mes meilleures amitiés.

Parès

Musicien 41e infanterie Section 113

27/12/16

Mes plus sincères souhaits de bonne année à tous. Meilleurs vœux de bonheur,

Amitiés,

157e infanterie 35e Cie

1er Mars 17,

Chère Mademoiselle Magnan,

Je vous remercie infiniment de votre gentille carte ainsi que de vos bons souhaits.

Nous faisons beaucoup de musique ici, nous sommes en repos pour quelques jours. Nous donnons un concert tous les deux ou trois jours. Nous avons eu un hiver des plus rigoureux : le thermomètre est arrivé à la température à laquelle on commence à avoir froid : -27 au-dessous de zéro.

Nous commençons tout de même à sentir les effets du printemps, à voir le soleil, en attendant d’aller voir le ciel bleu du midi du 15 au 23 du mois.

Je vais très bien et mes souhaits de même ainsi que pour les vôtres.

Mon meilleur souvenir,

Parès

ETIENNE PENCIOLELLI

Valence le 24 juin 1916

Bien chère mademoiselle

À l’instant je viens de recevoir votre gentille lettre donc je suis tout heureux de vous savoir en bonne santé.

Comme vous me dites sur votre lettre je pense que bientôt je serai rétabli. Aussi je serai tout heureux de retourner à Luc. Ici ils sont partis, ces deux jours, nous sommes 20 ou 22 malades dans la chambre. Quant à Pujol ça me fait de la peine qu’il soit parti.

De Dupont, je n’ai plus eu de ses nouvelles mais comme j’espère que bientôt j’aurai le plaisir de me lever j’irai le trouver. Rien d’autres à vous dire si ce n’est de bien donner le bonjour à toute la famille, recevez de celui qui pense souvent à vous mes meilleures salutations.

Etienne Penciolelli

Valence, Le 12 juillet 1916

Ma chère infirmière

Un mot pour vous faire savoir que j’ai reçu vos nouvelles qui m’ont fait grand plaisir. Quant à moi je n’ai pas à me plaindre pour le moment je vais de mieux en mieux, je commence pour me lever mais comme on a supprimé les béquilles, je ne peux sortir en ville mais avec un peu de patience ça viendra. Ici rien de nouveau, l’hôpital est complet. Bien le bonjour à votre père et mère ainsi qu’à votre sœur. Dans l’espoir de lire de vos bonnes nouvelles, recevez de celui qui pense à vous une bonne poignée de main.

Etienne Penciolelli

Le bonjour aux copains et à l’hôpital

(joint une carte souvenir avec sa photo, Penciolelli Etienne, soldat 3eme régiment d’infanterie)

Valence le 31 juillet 1916,

Bien chère Mademoiselle,

Un mot pour vous faire savoir que j’ai reçu votre lettre et que cela me fait toujours plaisir d’avoir toujours de vos bonnes nouvelles.

Quant à moi je n’ai pas à me plaindre pour le moment. Je commence à assez bien marcher, et que bientôt je quitterai Valence pour aller dans une formation. Oui je serai très content, si je pouvais retourner pour Luc, mais je ne crois pas. Vous me demandez de Dupont, il y a 5 ou 6 jours nous étions ensemble sur la place, j’ai vu l’éclat qu’on lui a enlevé, il y avait quelque chose, le pauvre.

Ici rien de nouveau si ce n’est de vous dire qu’il fait bien chaud et le jour on peut pas sortir, tellement que le soleil tape sur la tête.

Je n’ai pas grand-chose à vous dire pour le moment. Si ce n’est de bien donner le bonjour à votre père ainsi qu’à toute la famille sans oublier à Madame Doumergue, dans l’espoir de lire bientôt vos bonnes nouvelles. De celui qui pense à vous, les meilleures salutations.

Etienne Penciolelli

Aix le 19 décembre 1916
Ma bien chère infirmière
Un mot pour vous donner mes nouvelles sont bonnes pour le moment comme j'espère que ma présente vous trouvera de même. Je vous dirai que j'ai passé une bonne permission en Corse il n'est pas longtemps que je suis rentré au dépôt et puis 8 jours après je suis rentré à l'hôpital et je ne me trouve pas trop mal. Je ne veux pas oublier de vous dire que j'ai reçu votre jolie carte que vous m'avez envoyé, cela me fait plaisir de recevoir toujours vos bonnes nouvelles.
Je n'ai plus grand-chose à vous dire pour le moment si ce n'est de bien donner le bonjour à toute la famille et en même temps je vous souhaite bonne fête de Noël.
Dans l'espoir de lire bientôt vos bonnes nouvelles recevez de celui qui pense toujours à vous les meilleurs affections.
Votre ancien malade Étienne
Mr Penciolelli Etienne
Soldat au 145e territorial
Hôpital Militaire Aix en Provence
Salle Saint Vincent

Brignoles le 27 février 1917

Ma bien chère infirmière

Vous dire peut-être que je vous ai oublié, non bien au contraire, j’ai pensé souvent à vous mais je ne suis jamais été fixe depuis ma convalescence. Je suis rentré au dépôt à Aix au 145e , après je suis allé à l’hôpital toujours pour ma jambe. Je suis sorti deux mois à l’hôpital et puis je suis retourné au 145e territorial, de là je suis rentré qu’elle jour et on m’envoyer au troisième d’infanterie à mon ancien régiment, maintenant me voilà une autre fois dans l’active et on m’a versé dans une compagnie de bombardier,aussi je ne sais combien je resterai là, d’un jour à l’autre en me fera partir. Oui ma chère infirmière c’est comme l’on dit, il y faut tenir jusqu’au bout. Mais je pense que cette année on les auras. Je n’ai plus grand-chose à vous dire pour le moment. Bien le bonjour à votre père et mère ainsi qu’à votre sœur. Dans l’espoir de lire bientôt vos bonnes nouvelles recevez de celui qui pense souvent à vous les meilleurs souhaits d’affection. Etienne

Penciolelli Etienne

Soldat au 3e d’infan. 26e Cie Brignoles (Var)

JOSEPH PESTRE

Martigny les bains ce 15.7. 16

Mademoiselle

Mon séjour aux tranchées ne devrait pas être de longue durée : trois jours après avoir rejoint mon régiment j’étais à nouveau évacué pour rhumatismes. C’est à Martigny-les-bains (Vosges), que je suis en traitement. L’hôpital compte environ 900 lits et ne reçoit guère que les petits malades ou les blessés légers. Nuit et jour, c’est un va-et-vient continu dans les couloirs de l’établissement. Quelle différence avec la bonne tranquillité du 208 bis ! Je pense rester ici encore une quinzaine avant d’obtenir ma permission de è jour. Veuillez présenter mes respects à votre famille ainsi qu’à Monsieur et Madame Dartigue et recevez Mademoiselle l’expression de mes sentiments respectueux et reconnaissants.

J Pestre

Sergent du 25e régiment d’infanterie

en traitement à l’hôpital de Martigny les bains, lit 592

Martigny les bains ce 15 août 1916

Mademoiselle,

Mon séjour à Martigny touche à sa fin : je suis porté sortant pour le 18 courant, bien qu’incomplètement guéri du point de vue rhumatismes, je suis à peu près dans le même état que lors de mon départ de Luc, le 28 juin ; mais au point de vue général, ma santé est bien meilleure : la congestion pulmonaire qui m’avait très affaibli parait ne plus laisser de traces.

Après ma permission de c7 jour, j’irai encore faire un petit stage sur le front pour ensuite être à nouveau évacué sur un hôpital que je souhaiterais être celui de Luc en Diois.

J’espère que malgré les fatigues occasionnée par les soins assidus que vous prodiguez à vos blessés, votre santé est toujours bonne et je vous prie d’agréer pour vous et votre famille l’expression de ma profonde sympathie ;

J Pestre

À Toul ce 14. 2. 17,

Mademoiselle,

Depuis le 12 janvier me voilà de nouveaux à l’hôpital pour bronchite et congestion pulmonaire. Mon état n’est pas désespéré ni même grave, et cependant après mes 33 jours de maladie, je suis tenu de garder le lit. Au dehors tout est blanc et la température est encore très basse, aussi est-on peu tenté de sortir.

Mes bonnes amitiés ainsi qu’à votre famille,

J . Pestre

Sergent du 25e régiment. Hôpital 20, Infirmerie Lit 56, à Toul

LUCIEN PHILIPPON

Gap, Le 5.8.16,

Mademoiselle,

On vien de passer la visite moi Martin et le Zouzou (1), proposé pour un mois et Bruguière 20 jours de permission agricole. Maintenant ce qui tourmente le plus c’est la libertée qui est coupé mais enfin pas longtemps à attendre. Avant je vous direr et que le major m’a pas fait de difficultées pour acceptéles propositions de Monsieur le docteur Magnan, mademoiselle malgré le peu de temp que l’on nais dans ce gran bâtiment et le peu de repas que lon a pris, lons s’est aperçu que ça ne vallais pas la table de l’hôpitale de Luc. Enfin je puis vous dire mademoiselle que j’écrits à Camille et qu’elle nans sera sûrement pas fâché non plus, je termine mademoiselle bien le bonjour à tout le monde de l’hôpitale sans oublier Monsieur le docteur que l’on remercie de tout notre cœur, ainsi que vous Mademoiselle, et Madame Magnan et Mademoiselle votre sœur enfin à tout le monde de l’hôpitale et recevez Mademoiselle les meilleures salutations de votre 4 dévoués serviteurs.

Philippon

Gap, le 10.8.16

Mademoiselle,

Deux mots les nouvelles son bonnes ons vien de passer à la paye, plus que deux heures avant de prendre le train pour un mois, toujour en regrettant Luc en Diois. Bien le bonjour à tout le monde et lon vous serre la main d’amitier,

Louis Uriant, Adolphe Martin, Philippon

Guillaume reste faire le rabiot

Le 15 aout 1916

Mademoiselle

Deux mots les nouvelles sont bonnes je désire que ma carte vous trouve de aime et ainsi que tout le monde je puis vous dire que c’est demain que je maine Mademoiselle Camille devant le maire vous ne pourrez plus me chiner je vous direr que je vien de nouveau d’avoir un abcès mais j’ai une petite bonne infirmière mais j’espère que ma convalescence sera prolongée si ça continue enfin plus rien à vous dire je termine toujours en vous remerciant de mon cœur bien le bonjour à tout le monde de l’hôpitale

Bien le bonjour à tout le monde de la maison de chez nous.

Philippon

Monsieur et madame Philippon Huguet à St Genou (Indre)

Le 9. 9. 16

Mademoiselle

Vous voudrer viens m’excuser si je rend réponse à votre lettre un peut tard, j’ais été très heureux de vous savoir en bonne santée ainsi que tout le monde de l’hôpitale. Je puis vous rendre réponse mademoiselle à votre demande au sujet de ma prolongation. J’ais été passé la visite pour tacher d’en obtenir une et ils mons mi à l’hôpitale car mes plaies n’étais pas complètement fermée elles étais tel qua Luc, alors vous voyer que j’aurais eut le temps datendre enfin là je suit pas loin de ma chère Camille qui peut venir me voir souvent mais je puis vous dire que se n’ais pas la table de l’hôpital de Luc enfin j’espère pas qu’ils me garderont bien long temps mais enfin ça seras toujours autant de pris puisqu’il ny a pas eu moyen davoir une petite prolongation mais je ne puis vous dire sils vont me donner une permission à ma sortie mais je ne pense pas en tout cas je vous le ferer savoir, je puis aussi vous faire part que la liberté n’est plus la même qua Luc, l’on sort de 1 heure à 2 heures accompagné d’un gradé et l’hôpitale se trouve à 2 km de la ville de Châteauroux et il est interdit d’y aller se promener, enfin dans tout et pour tout au sujet de l’hôpitale je regrette celle de Luc en Diois . Maintenant mademoiselle je vous direr que j’ai reçu des nouvelles de Martin qui ne trouvais pas le temps long non plus enfin Mademoiselle je me trouve bien plus heureux qu’avant mon ménage marche très bien et je vous remercie de vos vœux de bonheur que vous nous aver envoyer.

Je ne vois plus rien à vous dire que de vous serrer la main d’amitié ainsi que Monsieur le docteur Magnan et autant pour votre chère maman et Mademoiselle votre sœur, Madame Domergue et aux copains s’il en reste et ainsi que ma femme qui se joint à moi pour vous souhaiter le bonjour.

Votre dévoué serviteur Philippon Huguet

Hôpital temporaire Indre

Le 21 -9-1916

Mademoiselle

J'ai reçu vôtre lettre qui m'a fait un grand plaisir de vous savoir en bonne santée ainssi que tout le monde de l'ambulance pour mois sait toujour la même chose, je suis toujours à l'hopital 25 à Chateauroux mais je suit changer de pavillon, j'étais au pavillon 2 je suit au 13 aprésant car au 2 cétais que des malades et il mon fait passer avec les bléssés j'ensuit heureux car le major d'infanterie mavait dit de ne pas me lever et il etais bien dur pour moi de rester tous les jours au lit surtout aprèsant que mon reve est réaliser. Je n'ais pas besoin de guérir si vite j'ais fait ma part mais je pense bien y retourner bientôt mais ma blessure s'est agrandie elle est grande comme une pièce de 2 francs. Je pense bien en navoir pour deux mois avant de repartir au front mais je ne pense pas avoir une nouvelle convalaisence car je puis dire qu'ils ne sont pas larges pour celas enfin ma femme vien me voir tous les dimanche et tout les jeudi alors je trouve le temps moin long et dimanche je vais demander une permission pour aller a St Genou je puis vous dire que je suit heureux aprésant je me sant plus seul comme auparavant. Mademoiselle je compren vôtre penne de quitter vôtre ambulance et ceut qui la connaise ce seras encore pire je veut bien que vous ayiez un peut de travail mais qui n'tais que pour nous une distraction pour moi. Je vous jure de je préférerais être chez vous que d'être où je suit mais pour me faire plaisir et faudrais mettre Chateauroux à la place de Luc la je serais heureux. J'ai reçu des nouvelles de Quercy pour lui c'est la réforme je lui souhaite.

Madame Doumergue doit être bien triste aussi de quitter son tablier blanc d'infirmière enfin que voulez-vous faire rien ils faut se resigné à tout et bien mademoiselle je vais vous quitter je ne vois plus rien d'interessant pour aujourd'hui je termine en vous souhaitant bonne santée ainsi que tout le monde de chez vous et de l'ambulance ainsi que ma femme qui se joint a moi pour vous présenter ses amitiers Recevez mademoiselle mes plus sincère salutations Votre dévoué serviteur

Philippon Lucien Caporal

Hopitale Complémentaire

21 Pavillon 13 Chateauroux

43 e infanterie, Originaire de Saint Genou Indre

[1]Uriant Louis, Zouave

RAYMOND PIELAT

Gap le 14 juin 1916,

Voici le résultat de la visite d’hier au soir.

Piélat : a évacué sur l’hôpital mixte de Gap

Antoni : proposé pour un mois de convalescence

Tuloup : proposé pour un mois de convalescence

Combe : proposé pour 20 jours

Mainguy

Leveque

Charbonnier : proposés pour 7 jours

Dufrenne

Rabottin : Entrent à l’infirmerie

Je suis avec Sauvage dans la même chambre, il est sur le point de partir pour 20 jours.

Recevez mes sincères salutations et bon souvenir.

Piélat

Gap, le 7 juillet 1916

Mademoiselle M. Magnan

Je suis opéré, on m'a extrait l'éclat que j'avais dans le doigt, on m'a fait une incision de 3 cm en face l'articulation, il était très mal placé il n'avait que 3 mm de long sur un de large et du métal que je vous avez montré. Pour fermer cette incision, on m'a fait 2 points de suture, on me les a couper ce matin, aussi aujourd'hui mon doigt me fait plus mal que d'habitude ; et je ne sais pas s'il me faudra pas faire de mécano. Je ne crois pas rester encore longtemps à Gap. Cette semaine cela va se décider.

Le jour que je suis été opéré j'ai resté abruti tout le jour. Le chloroforme m'avais démonté.

Présentez mes hommages à vos parents. Quand je partirais de Gap je passerais par Luc et vous avertirez d'avance. Excusez mon écriture car avec mon doigt !!! J’ai reçu de Moïse, de Sauvage et de Léonetti. Bonne chance pour la tombola.

Sinceres salutations

Piélat

Hôpital Mixte. Gap. Hautes Alpes

Bonne chance pour la tombola. Bien le bonjour aux restants de Luc

141 e infanterie, Originaire de Rognognas, Bouches du Rhône

Avignon le 18 août 1916

Mademoiselle Marie Magnan,

Qu’elle n’a pas été ma surprise en allant à Avignon demander une prolongation, on m’a remis à l’hôpital pour m’extraire l’éclat que j’ai dans le poumon. Hier j’ai passé à la radioscopie et le major ne juge pas à propos de l’extraire (même diagnostic qu’à Valence). Alors aujourd’hui je suis sortant, mais pour cela je ne sais pas ce qu’ils vont faire de moi, je ne sais pas si on m’envoie encore en convalescence ou à mon dépôt, quoi que sortant je reste jusqu’à mardi prochain. Dans quelques jours je vous dirai ma sentence. Bien à vous,

Piélat

Gémenos le 6 septembre 1916
Mademoiselle Marie Magnan
Après mon séjour à l'hôpital d'Avignon, j'ai rentré au dépôt et maintenant je suis dans un dépôt de convalescents, pour l'entraînement aujourd'hui j'ai passé une visite et je suis encore inapte. J'ai vu Léonetti il n'est pas encore monté. Parlanti est monté au bout de 3 semaines de dépôt, il avait attrapé 30 jours d'arrêt de rigueur pour avoir manqué le bateau.
Samedi je dois partir en permission de 15 jours pour les vendanges. Le bonjour à vos parents.
Cordiale poignée de main,
N'oubliez pas Madame Dartigue et Madame Doumergue
Piélat Raymond Sergent au 14e Infanterie. 25e compagnie.

Gémenos le 30 septembre 1916,

Mademoiselle,

Étant chez moi j’ai reçu votre carte. Je vous remercie. J’ai passé 20 jours chez moi. La semaine prochaine je vais à Nice pour faire un stage comme mitrailleur.

Léonetti est monté dans la Somme. J’ai reçu de Moïse ce matin, il n’est pas prêt à monter. Tant mieux pour lui. Recevez mes sincères salutations

Piélat

Marseille le 11 mai 1917

Mademoiselle Marie Magnan,

Sûrement que vous ne pensez plus à moi mais je me rappelle les beaux jours passés à Luc.

Je suis toujours ici à Marseille.

J’étais proposé auxiliaire et je serais été maintenu sans mes galons, alors on me conserve inapte.

Voici la maladie que m’a provoqué l’éclat que j’ai dans le poumon

Coeur gros – hypertrophie - essoufflement – apnées d’efforts.

Cet éclat est à 9 cm de profondeur est à 1 cm du cœur. Moins une ??

Croyez Mademoiselle à mes bons souvenirs. Votre tout dévoué,

Pielat

Bien le bonjour à toute votre famille.

Marseille, Le 7 juin 1917

Mademoiselle Marie

Reçu votre carte lettre avec plaisir. Les anciens camarades de l’ambulance de Luc, en avez-vous des nouvelles ? Moi toujours ici à Marseille à faire mon petit travail. (Fonctionnaire adjudant à la compagnie) bien le bonjour à vos parents sans oublier Monsieur et Madame Dartigue.

Bien à vous et bon souvenir,

Piélat

Saint Rémy le 22 mars 1918

Mademoiselle Marie,

Vous devez penser que je suis un peu négligent, et vous vous tromperez pas. Moïse m’a écrit aujourd’hui. J’ai su que Gourdin avait été grièvement blessé, Monet m’écris toujours de temps à autre, de Léonetti je n’ai plus rien reçu depuis deux mois. Lassonnerie est sous-lieutenant ; et des autres je n’ai plus rien reçu, sauf de Marguet qui avait été tué d’après Léonetti. Bien le bonjour à votre famille et recevez Mademoiselle mes respectueuses salutations.

Piélat

Né en 1880. Cultivateur vigneron. Parti au front en mai 1915. Blessé le 22 mars 1916, éclat de bombe à la poitrine. A Luc du 13 avril au 13 juin 1916. Réformé le 15 février 1919 pour éclat de grenade non extrait poumon gauche. Réintégré le 16 avril 29.

AUGUSTIN POULAIN

30 novembre 1916,

Mademoiselle

De tout cœur merci, mon camarade Quercy m’a montré votre si aimable lettre ; laquelle contenait deux photos, une pour chacun de nous. Mademoiselle comme me voilà content d’avoir de vous un tel souvenir.

Toute ma vie j’aurai ainsi le bonheur de revoir les personnes si douces, si bonnes de l’hôpital 208 bis. Oui mademoiselle merci encore pour toutes vos bontés pour moi, daigne le bon Dieu vous récompenser dès ce monde ainsi que vos bons et chers parents ; veuillez mademoiselle les remercier pour moi ; leur dire bien des choses ainsi qu’à Madame Doumergue.

Je marche maintenant sans béquilles, j’avais l’espoir ferme d’un mieux ; mais je n’espérais pas une telle guérison. Ma jambes est redressée, le pied est revenu à la vie sans être toutefois revenu entièrement.

Veuillez mademoiselle recevoir mes sentiments les plus respectueux avec toute ma gratitude. Un de vos blessés.

Augustin Poulain

30 décembre 1916

Mademoiselle,

Veuillez me permettre, pour l’an nouveau, de vous souhaiter ainsi qu’à vos si bons parents, une sainte année, une bonne et heureuse année. Oui mademoiselle je n’oublie pas les personnes si douces, si aimables, si bonnes pour les blessés. Je pense de temps en temps dans ma prière aux dévouées infirmières de Luc et en particulier à vous, mademoiselle. Je supplie le bon Dieu de vous bénir, de vous récompenser dès ce monde, et tout en vous rendant très heureuse sur cette terre, vous permettre de satisfaire votre grand et noble cœur en faisant encore beaucoup de bien pour avoir une belle et bonne place au ciel, seul lieu du vrai bonheur. Je vais de mieux en mieux sur terrain plat je marche assez bien sans bâton.

Veuillez mademoiselle agréer mes sentiments les plus respectueux avec toute ma gratitude. De tout cœur merci de toutes vos bontés pour moi. Un de vos blessés reconnaissant.

Augustin Poulain

8 février 1917

Mademoiselle,

Je ne veux pas quitter Valence sans vous remercie encore pour toutes vos bonté pour moi. Je viens de passer la commission qui m’a donné deux mois de convalescence. Je vais donc revoir mon pays et quitter la vie un peu décevante des hôpitaux. Monnier va lui aussi venir au séminaire pour avoir une convalescence ; Quercy va de mieux en mieux, il fait toujours de la mécano.

Veuillez Mademoiselle agréer mes sentiments les plus respectueux ; mon bon souvenir avec toute ma gratitude.

Un de vos blessés qui prie le bon Dieu de vous bénir.

Augustin Poulain

Chez ses parents, 40 rue Beaudrairie, Vitré Ile et Vilaine

Vitré, 23.12.18

Mademoiselle,

Pour l’an 1919, je me permets de vous offrir mes meilleurs souhaits et vœux de bonheur. Je fais cela en priant l’Eternel et de tout cœur ; donc, Mademoiselle, que le bon Dieu vous rendent au centuple ainsi qu’à vos bons et si délicats parents toutes les bontés que vous avez prodiguées avec tant de sympathie aux blessés de notre grande guerre. Pour mon compte personnel encore merci mademoiselle. Depuis un an je suis en réforme temporaire, je ne sais si je suis encore bon à quelque chose au point de vue militaire. Ma santé est assez bonne et me permet de travailler beaucoup à la campagne, toutefois je passe le dimanche et quelquefois une journée de temps en temps près de mon père en plus travaillant fort près de lui je rentre chaque soir..

Mon meilleur souvenir bien des choses aimables à vos bons parents.

Veuillez Mademoiselle agréer mes sentiments les plus respectueux et les plus reconnaissants.

Un de vos blessés qui gardera toujours un bon souvenir du temps passé au bon et beau pays de Luc en Diois.

Augustin Poulain,

Vitré. Ile et Vilaine

Né en 1885, étudiant, Croix de guerre en 1916 «s'est élancé avec la plus belle bravoure dans la tranchée ennemie, a été blessé en luttant à coup de pétards pour conserver la tranchée conquise», reçu reçu . Un luc-en-diois du 13/07 au 21/09 1916. Réformé définitif en 1921 à cause d'une blessure aux jambes à Angers.

MAURICE POUZIN

Mademoiselle,

Je viens darrivé chez nous malgré que le voillage a été long, je suis en bonne situation. J’aie été très heureux de revoire ma familles depuis le temps que je lavais pas vu, enfin je puis vous dire aussi que le temps que j’aie passé auprès de vous j’aie été très heureux, je penserai longtemps et je vous oublie pas, je vous remercie beaucoup de la convalescence que vous m’avez accordé, et bonjour à tout le monde de chez vous bonjour à Mme Doumergue, recevez mes salutation les plus empressé.

Pouzin Maurice

Né le 23 novembre 1887, cultivateur, évacué blessé main droite et bras gauche par éclat d'obus le 9 juin 1916. Séjourne entre juillet et septembre à Luc-en-Diois après être passé à l'hôpital de Valence. Blessé à nouveau sur le front en 1918. Médaille militaire. Habite à Niort en 1931

ANTONIN PREFOL

Roanne le 18 juin 1915 

Mademoiselle Magnan
Excuser moi si je vous ai pas écrie plus tôt car j'été tellement heureux d'avoire un mois de convalescence que je ne prenais pas le temps de vous écrire, non je suis presque guéri mais je boitte toujours un peu car ma jambe enfle toujours, je demande une prolongation mais je ne sais si elle me sera accorder.
Je suis très heureux d'avoire put passer un mois avec ma femme et ma petite fille et d'avoire put voir toute ma famille.
Ma chère demoiselle pouvez avoir la bontét de donner le bonjour à Monsieur et Madame Dartigue ainsi qu'à votre sœur et vos parents.
Recever mademoiselle toutes mes amitiés bonjour à Monsieur et Madame Lapeyre
Préfol
Rue Hoche Antonin 59, Roanne Loire

Né le 12 avril 1888, blanchisseur coton, blessé en février 1915 au Reichokokopf : coup de feu cuise gauche. Croix de guerre en 1933 . 1 enfant.

LOUIS PUJOL

52 e territoriale, Originaire de Route de Capestang Beziers

Suze-la-Rousse 24 juin 1916,

Mademoiselle,

Me voici depuis ce matin 9 heures rendu au cantonnement. Je suis cafardé sérieusement et je ne sais encore comment fera-t-il pour déguerpir. Un an de gâteries aux 208 bis ? Est-ce une année au moins : j’en douterais car c’est cette maudite heure qui m’a avancé mon départ de Luc ! Combien de regrets ! Je n’ai encore pu voir le capitaine Prudhomme ainsi que le commandant, étant allés en manœuvre cela fait que je n’ai pu encore remettre les deux enveloppes.

Je pense demain entrer à l’infirmerie comme infirmier en attendant qu’il y ait des demandes pour automobiles ou avions. Le temps est très beau mais beaucoup de vent. Présenter svp mes respects et mes meilleurs souvenirs à Mr Magnan, Mme Magnan et Mademoiselle G. Magnan. Le bonjour à tout le personnel. Daignez agréer mademoiselle avec tous mes remerciements l’expression de mon meilleur souvenir.

Pujol

Béziers le 26 juin 1916,

Quelle veine !... 15 jours de permission. Voilà un bon remède qui m’a enlevé le noir pour le moment. Mais !! Et puis… il faut rejoindre la compagnie tout cela ne vaut pas les bons moments que j’ai passé au 208 bis. Avez-vous reçu de nouveau blessés ? Dans ce cas je connais un ex-infirmier qui dans 15 jours sera sans emploi et pourrait faire ses offres de services !!...

J’arrive à l’instant de faire une petite promenade en moto avec un vieux copain à seule fin de me rappeler le maniement du volant, car ces jours-ci je vais me débrouiller à passer mon brevet.

Ce matin je suis allé rendre visite chez Monsieur Ricateau et je n’ai pu voir que Melle Ricateau et comme vous le pensez je lui ai donné de vos bonnes nouvelles ainsi que Madame Chaffal Madame Nal.

Ma reconnaissance s.v.p à Mme Magnan et au dr Magnan, et Melle Germaine, et pour vous recevez Mademoiselle mes sentiments respectueux et dévoués,

Pujol

52e Infanterie en permission.

Route de Capestang Béziers

Suze-la-Rousse 11 juillet 1916

Mademoiselle,

Me voici de retour de permission. Je suis arrivé ce matin à 9h avec une petite mélancolie qui déjà à cette heure-ci a presque complètement disparue. Merci beaucoup de votre gentille lettre du cinq xxx. Je n’ai pu revoir les frères Beissère ni aucun des autres camarades étant tous partis il y a déjà longtemps. Personne n’a pu me renseigner à ce sujet.

Dès que je suis arrivé ce matin au bureau de ma compagnie on m’a dit que le dépôt de Montélimar me réclamait. Je quitte Suze demain matin. Je ne sais pas si c’est pour aller travailler dans une usine ou filer dans la zone des armées. Mais maintenant que j’ai pu avant mon départ de Béziers obtenir le brevet automobile, je ferai mon possible d’en faire la demande pour conduire les autos. Je vous le ferai savoir dès que je pourrais savoir un résultat. Luc doit être très calme, on n’a pas la distraction de voir la petite promenade journalière des blessés. Ici quelle vent ! Et des nuages de poussière. Le climat ne vaut pas celui de Luc. Un bonjour à tout le monde de l’ambulance.

Recevez, mademoiselle ainsi que votre famille l’expression de mon meilleur souvenir.

Pujol Louis

Montélimar 18 juillet 1916
Mademoiselle
Merci de votre gentillesse lettre du 5 de l'écoulé, que je réponds un peu tardivement. Enfin me voici au dépôt depuis quelques jours. Dès mon arrivée j'ai été affecté à la 25e compagnie, et de suite employé au magasin d'habillement, pour équiper un petit nombre de la classe 17 qui part pour l'arrière du front peut-être ce soir. C'est un bon petit filon mais qui ne vaut pas celui de Luc. Ce nouveau genre de vie ne m'est pas contraire à la santé c'est tout ce que je demande.
Avant-hier au rapport on a demandé des automobilistes, et je suis allé me faire inscrire. Ce matin je suis allé passer la visite j'ai été reçu par le major. Maintenant j'attends une décision du gouverneur de Lyon pour être dirigé sur Lyon dans les compagnies automobiles.
Dimanche soir j'ai eu une bonne petite surprise : J'ai rencontré le sergent Prat au cinéma, il n'a pas changé, toujours dans les hôpitaux pour la gorge. Il pense à nouveau être opéré à Lyon et me prie de vous donner le bonjour. S'il pouvait être évacué sur Valence et de là à Luc, quelle chance me dit-il !
Avez-vous reçu de nouveaux blessés ? Trohian m'a écrit de Gap, il va être dirigé sur Uriage et les trois autres avec un mois de convalescence.
Un bonjour à tout le personnel de l'ambulance, ainsi qu'à toutes les demoiselles de service.
Recevez mademoiselle ainsi que toute votre famille mes respectueuses salutations et bon souvenir.
Pujol
21 cie du 52 de ligne, Montélimar

Fort de Vencia, 30 juillet 1916

Mademoiselle,

Nouveau déménagement un nouveau domicile. Voici que maintenant nous sommes logés dans un des forts avancés de la ville, qui est à une dizaine de kilomètres. On tient bon, on les aura ! Mais tout de même ce n’est pas dangereux. Les bôches ne sont pas assez costauds pour venir nous lancer leurs mauvaises ordures. Le logement est assez bien et le turbin est supportable. Le matin promenade de 4 à 5 km et le soir gymnastique suédoise en attendant de revenir au dépôt de Lyon pour commencer l’instruction de l’auto, car je pense ne rester ici qu’une quinzaine de jours comme peut-être plus ou moins. Avez-vous des nouvelles de Dupont ?! Je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Et les malades ? Je pense bien que parmi eux les plus valides doivent être assez gentil pour vous donner un coup de main dans vos travaux !

Ici nous avons un temps magnifique mais beaucoup plus frais qu’à Montélimar aussi je vais en profiter aujourd’hui dimanche pour aller faire un petit tour à Lyon.

Pas autre chose d’intéressant à vous dire. Le bonjour à Madame Doumergue, Mr et Mme Lapeyre et au personnel de l’ambulance. Croyez mademoiselle ainsi que votre famille à mes sentiments respectueux et dévoués.

Pujol

13e Régiment d’artillerie

Service Automobile

Fort de Vancia (Ain)

J’ai reçu hier votre lettre du 22 adressée à Montélimar. Merci beaucoup.

Fort de Vancia 14 août 1916

Mademoiselle

J’ai reçu votre lettre du 10. Je suis bien content de recevoir de vos bonnes nouvelles surtout d’apprendre que tout xxx bien à Luc. Aujourd’hui je n’ai rien de bien nouveau à vous annoncer sauf qu’il me parvient à l’instant une lettre de chez moi m’annonçant que mon frère était porté disparu depuis le 3 août, Ou si je ne suis pas du tout à moi. Peut-être est-il prisonnier. Je le souhaite. Il se trouvait à la prise du village de Fleury.

Je suis très heureux d’apprendre que votre frère est en excellente santé, Et qu’il est pu venir passer quelques jours parmi vous. Je souhaite de tout cœur que la chance l’accompagne jusqu’à la fin de cette formidable lutte. Je ne sais encore le jour de mon départ. Je m’y attends à tout instant. Mes respectueux souvenirs à votre famille et un bonjour à tout le personnel du 208 bis.

Recevez Mademoiselle mes meilleures salutations et affectueux souvenirs.

Pujol. Service automobile . Fort de Vancia par Rilleux (ain)

Lyon 21/8/1916,

Mademoiselle,

Je suis de retour au dépôt depuis la semaine dernière donc j’ai commencé l’instruction et il y a trois ou quatre jours que j’ai passé le premier examen théorique et j’ai pu obtenir 15 points sur 16 mais je vous prie de croire que ça barde, et ce n’est pas fini. Il y a encore les examens pratiques mais ça ne me dérange pas, on croirait être à nouveau à l’école.

Je n’ai pas encore de nouvelles de mon frère sauf par ses camarades, ils pensent qu’il est prisonnier car il ne figure pas sur la liste des morts. Je le souhaite bien, il vaut mieux avoir la vie sauve.

Quoi de neuf au 208 bis ?

Mes respectueuses salutations à toute votre famille, et un bonjour au personnel de l’ambulance.

Recevez mademoiselle mes sentiments respectueux et dévoués,

Pujol

13e Artillerie 2e Section Auto. Caserne part Dieu, Lyon

Le 4 octobre 1916,

Mademoiselle,

Il y a quelques jours que je ne vous ai pas fait parvenir de mes nouvelles mais croyez-le ce retard est indépendant de ma volonté. Il y a une douzaine de jours que m’était arrivé un petit accident, un retour de manivelle de la mise en marche du moteur m’avait enlevé un petit lambeau de chair au pouce de la main droite, et par faute d’inattention s’était envenimé. J’ai été soigné pendant quelques jours à l’infirmerie, encore je ne suis pas complètement guéri, ce qui m’ennuyait le plus ce que je ne pouvais pas écrire, ni même faire grand-chose, mais à présent cela va beaucoup mieux.

Nous sommes toujours dans les Vosges, le froid a commencé à se faire sentir, mais tout de même on peut y résister. On les aura ! Le secteur est assez tranquille, et pas trop de turbin pour le moment.

À propos j’ai appris que le 208 bis venait de fermer ses portes. Quel dommage !! Vous tout ce qui étaient si dévoués pour rapporter à ces chers blessés vos meilleurs soins !

Cela doit rendre encore la cité de Luc plus calme. Ce changement doit avoir fait beaucoup de peine à Dupont, mais s’il se trouve à Die, il peut de temps à autre venir vous rendre visite, lui rappellera son petit séjour passé. Avant-hier j’ai eu le plaisir d’avoir une bonne nouvelle, mon frère qui était disparu depuis le 3 août vient de donner de ses nouvelles, ayant été fait prisonnier il se trouve interné en Westphalie. Et vos deux frères que deviennent-ils ? Je leur souhaite bonne chance. Pas autre chose d’intéressant pour le moment, j’ai toujours une bonne petite santé, et j’espère bien qu’il en est de même chez vous tous… Il tombe pas mal de flotte dans les patelin de par ici. Un bonjour à Mesdemoiselles Cherfil, Moulon, Madame Doumergue etc… recevez Mademoiselle sans oublier toute votre famille mes meilleurs souvenirs respectueuses salutations,

Pujol

Conducteur Section Auto

Ne faites pas attention à mon écriture car j’ai la main assez fatiguée.

Le 21 octobre 1916

Mademoiselle

Il m’est parvenu votre carte du 13 et vous remercie des bonnes nouvelles que vous avez bien voulu m’envoyer. A mon tour je suis heureux de vous annoncer que je suis complètement guéri du petit accident qui m’était arrivé, et ce n’était pas malheureux car j’en avais assez de voir partir les copains et de rester seul en panne.

Je comprends tout le turbin que vous devez avoir eu pour désorganiser la formation sans l’aide d’un simple troufion. J’espère bien que vous avez passé un agréable petit congé (il a été bien gagné).

Toujours dans les Vosges, il fait un temps épouvantable, la neige a fait son apparition hier matin, et aujourd’hui ce n’est qu’un bloc de glace. Cela ne vaut pas le bon petit lit numéro 1 du 208 bis. Je vais toujours très bien et j’espère qu’il en est de même pour vous tous.

Mes bons souvenirs chez vous, ainsi qu’aux infirmières.

Recevez mademoiselle mes respectueuses salutations.

Pujol

Section auto, par Dijon

Le 26 novembre 1916

Mademoiselle

1 siècle bientôt que je ne vous ai pas fait parvenir de mes nouvelles car on a pas toujours le temps, les moments de distraction sont bien rares, on a pas terminé un turban qu’il faut commencer un autre. Je suis toujours dans les Vosges (et je commence à m’y plaire dans ce pays de cocagne) mais tout de même il ne vaut pas le 208 bis. Nous avons un temps assez beau quoi qu’il fasse un peu froid. La petite santé est toujours très bonne. Et chez vous ? J’espère bien qu’il en est de même. À propos je viens de recevoir une carte de Teisseyre (l’ainé) voici une quinzaine de jours qu’il est revenu 52e infanterie à Montélimar, son frère est au front. Et vos deux frères, comment vont-ils ? À bientôt le plaisir de vous lire. Recevez Mademoiselle sans oublier votre famille mes respectueuses salutations et affectueux souvenir.

Pujol

Le 18 décembre 1916

Mademoiselle

Deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. J’avais beaucoup tardé à vous écrire par rapport à notre changement, car voici une huitaine de jours que nous avons quitté les Vosges pour venir échouer momentanément au pays Lorrain. Je ne sais pas encore le séjour que nous allons avoir par ici. Je doute qu’il soit bien long. Prendrons-nous la direction de Verdun ? Je crois plutôt comme ça. Ici les bôches sont assez chics, ils ne pensent pas à la 576e. Leurs pruneaux sont quelques fois rares. Mais tout de même, ils n’ont plus le même goût de revenez-y comme ceux de Madame Doumergue.

Le temps passe bien vite, bientôt 3 mois 1/2 de présence aussi songe-t-on aux permes. J’espère bien y aller dans 1 mois. Un temps toujours détraqué. La pluie pour entracte. Heureusement que le cafard est inconnu au groupe. Comment vont-ils vos deux frères ? Dans quelle région se trouvent-ils ? Recevez Mademoiselle, sans oublier votre famille, mes meilleures salutations et affectueux souvenir.

Pujol

Conducteur -section- auto

Aux armées le 30 Décembre 1916

Mademoiselle

Je rentrais hier soir au cantonnement, il était 9 heures avec une nuit splendide. Les étoiles brillaient. Le ronflement des moteurs puissants d'avions se faisaient entendre. Nos pilotes parcouraient les nues et faisaient bonne garde autour de la capitale Lorraine pour nous protéger contre ces vilains oiseaux bôches. J'étais très content de la journée que je venais de passer car notre transport avait été repérer par l'artillerie bôche, et malgré leur tir, les grumeaux étaient passé par coté. Arrivé dans le cantonnement les copains me disent d'aller voir le vaguemestre car il avait un petit paquet à me remettre. Un petit paquet ...je me disais en moi-même j'en ai point d'annoncé. Je file voir (en 4eme vitesse) le porteur de babillardes (vaguemestre) et il me remet le petit colis intact avec la carte m’annonçant l'envoi. Oh ! Quelle grande surprise ! Je ne m'attendais pas à cela. Quel beau petit cadeau de Noël ! Des friandises pour altérer ma gourmandise (je suis obligé de l'avouer) aussi je n'ai point tardé à l'ouvrir et a déguster ces délicieuses papillotes de ce bon nougat de Montélimar ( qui me rappelle mon ancien ..)Je ne sais comment m'exprimer pour venir vous remercier ainsi que votre famille de votre bonne attention que vous avez toujours eu envers moi. Mille fois merci.

J'espère que la blessure de votre frère n'aura pas de suite et qu'il va s'en suivre une prompte guérison. Quand à mon frère prisonnier il attend impatiemment l'heure de la délivrance (souhaitons que l'année 17 l'apportera). J'ai de temps à autre de ses bonnes nouvelles.

A mon tour à l'occasion du nouvel an je vous adresse mes meilleurs vœux de bonheur et de santé.

Recevez mademoiselle, mes sentiments respectueux et dévoués.

Pujol L

Je ne sais quand mon tour de permission arrivera. Je pense que ce sera début février

Beziers, le 31/01/17

Mademoiselle

Enfin me voici en perme de 7 jours. Et voilà déjà trois d’envolées. Que le temps passe vite dans le midi ! Aussi chaque journée est-elle bien employée. Le temps passé est ensuite oublié dès que chacun revient momentanément dans son foyer (si cela était définitif !) Mais tout de même on ne s’en fait pas un brin. Pour écraser le noir, il ne faut point y penser. Quel climat rêvé envers celui des bôches (la bocherie derrière la gare !). Le vieux Bon dieu allemand souffre de la crise du charbon et ne peut alimenter son Mahomet. Le petit soldat français a un autre pays que le leur ! Que devient le petit Luc. Y a-t-il du nouveau ? Ici aucun changement sauf que ma santé est sans aucune panne et j’espère bien que chez vous tous c’est idem, n’est-ce pas ! Un bonjour aux infirmières et particulièrement à votre famille. Affectueux souvenir et respectueuses salutations

Pujol, conducteur section auto ; par BCM Paris

Le 6/3/17

Mademoiselle

Je réponds à votre carte du 24/2. Vraiment que pouvez-vous pensez de moi ? Que je suis un grand paresseux et je vous en reconnais grand droit. D’ailleurs vous me pardonnez n’est-ce pas ! ! Merci beaucoup.

Quoi de neuf à vous dire ? Pas grand-chose. Toujours dans les Vosges avec un petit turbin en attendant les beaux jours. Avant-hier nous avons reçu une quinzaine d’élèves automobilistes. Nous sommes donc momentanément « moniteur » ? Quel grade ! Et quelle patience pour nos bleus. Après quelques jours de mauvais temps le soleil semble vouloir revenir et recommencer à nouveau à jeter un enfant pratique ses rayons dorés, il ne fait donc pas trop mauvais. Je suis bien aise d’apprendre que vos deux frères sont en bonne santé. Le mien va toujours bien. Merci pour les nouvelles de Monsieur Pestre il y a quelques jours que nous étions de passage à Toul, à le savoir j’aurais bien pu aller lui rendre visite. À part ça la petite santé ronfle toujours à merveille, et j’espère bien qu’il en est de même chez vous tous. Un bonjour aux connaissances.

Recevez Mademoiselle ainsi que votre famille mes sentiments respectueux et dévoués.

Pujol

Le 10 mai 1917

Mademoiselle

J'ai reçu (il y a quelques temps) votre carte du 10-4. Merci beaucoup. Comment vais-je trouver une excuse pour ce silence si prolongé ! Je n'en sais rien. Et bien rien de changé, toujours le même. Si je vous disais que je n'ai pas eu le temps, ça ne prendrait pas puisque maintenant ce n'est plus le mauvais temps qui en est la cause et bien c'est le beau temps n'est ce pas ! Oui la belle saison est arrivée. Mais...ça gaze davantage. Beaucoup de blessés par les éclats de soleil et de rire...Encore avec de la neige sur les sommets des montagnes c'est beau en tableau – pour un peintre. Que je suis blagueur ! Je pense aller en perme vers le début du mois prochain voilà le plus intéressant. Pas plus d'intéressant sauf que je vais toujours très bien, et je pense bien que chez vous tous il en est de même. Un bonjour aux connaissances. Recevez Melle mes respectueuses salutations et bons souvenirs.

L.Pujol. Conducteur section auto.

Le 11 juin 1917

Mademoiselle

Voici 4 ou 5 jours que je suis rentré de perme. Encore cafardé, mais très légèrement. Tout de même quel genre de vie, et quel changement quand on arrive de passer quelques jours (de chez soi!) toujours dorloté, choyé, etc...comme des petits poussins. Et ici ceinture ! Enfin c'est la guerre ! Tant pis. Il faut exécuter notre proverbe « Ne t'en fais pas et l'on ne s'en fait pas !...". Merci de votre carte du 18.5 et veuillez encore une fois pardonner ma grande négligence pour le manque de mes nouvelles. Je me trouve toujours dans les Vosges – secteur où l'on se laisse vivre mais où il y a toujours du turbin. Du Matin 4 Hres jusqu'au soir 10Hres on ne cesse de rouler, le volant nous le quittons que très rarement, sauf une ou 2 journées par semaine. Ces journées sont consacrées au graissage, réglage, etc...des bagnoles. Ces jours-ci encore on demandait des conducteurs volontaires pour l'armée d'Orient. Pensez-vous allez voir les grecs ? Ils n'ont rien de bien intéressant. Mieux vaut rester sur notre sol. Aussi l'état a-t-il repris son chemin de retour avec la célèbre mention « Néant ». Pour la fuite toujours des volontaires ! Mais fuis c'est tout...Oh ! Là là ! Quel temps aujourd'hui, il tombe de l'eau à plein seau, quelle mélancolie. Nous venons de casser la croute, et attendons une petite éclaircie pour nous débiner. Presque tous les jours nous avons des orages. Et quel temps fait-il à Luc ? Et quoi de neuf. J'espère bien que votre santé est excellente sans oublier votre famille à qui vous voudrez bien svp présenter tous mes respectes.

Quand à moi ça va toujours à merveille.

Recevez Mademoiselle mes respectueuses salutations.

Pujol

Un bonjour aux connaissances svp

Conducteur section auto

Paris

MARCEL QUERCY

Die, le 21 octobre 1916
Mademoiselle
Je voulais vous écrire ces jours-ci pour vous donner de mes nouvelles ainsi que de Poulain ; et juste aujourd'hui je m'empresse de vous faire savoir ce qui nous est arrivé à tous les deux ; le malheur n'est pour cela pas bien grave.
Voici : Aujourd'hui nous avons eu la visite d'un commandant major de Valence; et moi et Poulain il nous fait aller à Valence pour nous faire une opération, on veut je crois essayer de nous voir si nous avons quelques nerfs coupés, et les raccorder si possible. Je pense que nous tarderons pas à partir dans deux ou trois jours peut-être.
Je regrette moi et Poulain de ne pouvoir aller vous dire bonjour ainsi qu'à votre famille et aussi madame Doumergue, mais nous garderons souvenir de vous, et de tous vos bons soins, et nous tâcherons de vous donner de nos nouvelles le plus possible.
J'avais fait une lettre aujourd'hui aussi à Madame Doumergue, et l'ayant faite avant la visite je ne lui parle pas de tout cela, vous voudrez bien lui en faire part, et puis si nous avons la chance de revenir à Die pourrons-nous peut-être leste, pour aller vous voir à tous.
Je ne vois pas grand-chose à vous dire pour le moment, bien le bonjour au docteur et Madame Magnan, et Mademoiselle Germaine, et aussi mademoiselle Blanche.
Recevez mademoiselle, de moi et de Poulain nos meilleurs sentiments,
Marcel Quercy

 

Valence, le 21 novembre 1916

Mademoiselle,

Voilà quelques jours que je remettais à vous écrire, mais, ayant été prêt à opérer, j’ai maintenant attendu d’avoir subi mon opération pour pouvoir mieux vous renseigner.

Je suis passé jeudi dernier sur le billard, après avoir passé un examen électrique de ma jambe, pour le système nerveux, où on a trouvé je pense un nerf coupé ; comme opération on m’a raccordé ce nerf et puis on m’a redressé le pied et on me l’a mis dans le plâtre. L’opération n’était pas bien dangereuse, j’ai souffert bien plus d’avoir mon pied dans le plâtre, ce qui m’avait fait monter la fièvre. Puis maintenant cela va mieux je souffre encore un peu la nuit de mon pied, mais enfin pas comme les deux ou trois premiers jours ; aussi maintenant une fois que je me lèverai je pourrais marcher sans béquille je pense, pas trop vite peut-être encore, enfin ça reviendra je pense.

Quand à Poulain qui est toujours avec moi, on n’a pas décidé de l’opérer à lui, le Médecin chef lui a donné pour consigne de quitter les béquilles ce qu’il a fait de suite, puis tous les jours on lui attaché sa jambe sur une planche pour la lui redresser ; et il a fait beaucoup de progrès, il boite bien un peu mais il marche bien, et assez vite, j’aurais pas cru qu’il en arrive à ce point de sitôt, il est bien plus leste que moi.

Voilà pour le moment tout ce que je puis vous dire sur notre situation, qui s’améliore de jour en jour.

J’ai vu Dupont dernièrement à Valence, car vous devez savoir qu’il est allé passer le conseil de Réforme ; je ne l’ai plus vu depuis et je ne sais comment il s’en est tiré.

Je ne vous parle pas de notre hôpital, car ce n’est plus les bons soins de Luc, il laisse un peu à désirer.

Je vous quitte en très bonne santé et espère que ma présente vous trouve de même vous et votre famille.

Vous ferez part de nos nouvelles à Madame Doumergue et lui donnerez bien le bonjour pour nous.

Bien le bonjour aussi à votre famille et Mr et Mme Lapeyre. Recevez Mademoiselle mes sincères salutations.

Marcel Quercy

Hopital général. Service Chirurgical. Valence Drôme

J’oubliais de vous donner le bonjour pour Poulain qui est à côté de moi pour le moment, et souvent même

Valence le 3 décembre 1916
Mademoiselle
J'ai un peu tardé à donner réponse à votre dernière lettre que j'ai reçue avec grand plaisir ; surtout contenant le souvenir de l'hôpital 208 bis; qui me rappellera les bons soins que vous nous avez donné avec tant de bonté; ainsi que tout le personnel ; aussi je viens vous en remercier très profondément.
Maintenant de mes nouvelles. Je puis vous dire qu'elles sont tout à fait bonnes, on m'a enlevé le plâtre hier matin, et mon pied est bien droit comme l'autre, sauf que la force manque encore, mais dans quelques jours je pense marcher avec une canne, et plus tard revenir comme auparavant.
Je pense partir cette semaine de Valence, revenir en petite formation mais on n'a pas parlé d'évacuation sur Die, ce qui fait que je ne sais où j'irais, j'aurais bien eu plaisir de pouvoir aller vous revoir, mais on ne peut pas m'envoyer là-bas tout seul ; enfin je penserais malgré cela à vous mademoiselle, et vous donnerais de mes nouvelles le plus souvent possible.
Maintenant de Poulain qui vous a écrit ces jours derniers je pense, je vous dirais que nous nous quittons, il a dû vous le dire, il n'en savait rien encore ; il va au séminaire à la Mécano-xxx , il va lui aussi très bien, et marche très bien, en boitant encore un peu, mais il fait de bonnes courses.
Je ne vois pas grand-chose plus à vous dire pour le moment, je souhaite que ma lettre vous trouve vous, et vos parents en très bonne santé.
Encore une fois merci de votre bon souvenir, que je garderai longtemps j'espère.
Recevez mademoiselle, mes meilleures salutations.
Marcel Quercy 


Tain, le 21 décembre 1916
Chère mademoiselle,
Voyant arriver à grand pas les fêtes de Noël et du nouvel an, je ne puis les laisser passer sans vous envoyer mes meilleurs souhaits de bonheur et de santé.
Fasse que le bonheur soit dans votre famille, que l'année qui va se dérouler nous amène la paix et que ceux que vous avez à la guerre vous reviennent en très bonne santé.
Vous ferez part de mes vœux à vos parents et votre sœur, que le bon Dieu vous conserve à tous en bonne santé. Je regrette de n'être pas revenu à Die, comme je le pensais étant à l'hôpital général, j'aurais eu le plaisir de vous apporter moi-même tous les voeux que je fais pour vous tous; enfin pensez que malgré tout je n'oublierai jamais les bons soins que vous nous donniez à tous, avec tant de bons cœur, et je prierai le bon Dieu de protéger votre famille !
De moi je vous dirai que ma jambe fait de gros progrès maintenant, je marche quelques peu sans béquilles mais pour aller me promener je les prends encore, car ma jambe fatigue vite; manque de force encore ; enfin je vois que je ne serai pas estropié et cela me rend plus heureux.
Je ne vous parle pas de Poulain car je pense que comme moi il ne vous oubliera pas. Il m'a écrit ces jours-ci car vous devez savoir qu'il est au Séminaire et en très bonne santé.
Donc je vous quitte pour le moment, encore une fois bonne fête et heureuse année ?
Votre ancien blessé
Marcel Quercy

9e artillerie

 

Né le 21 juillet 1890. Profession Sabotier. Réserviste. Blessé à la jambe. Mort à 28 ans le 6 novembre 1918 des suites de sa blessure de guerre. 

GUSTAVE REMAUD

22 novembre 1915

Mademoiselle

Je suis heureux de vous informer de mes nouvelles, je suis arrivé chez moi à très bon port hier matin, ma permission commence à compter mercredi, je pars rejoindre mon dépôt pour le 1er décembre.

J’ai l’honneur de vous faire part de mes meilleures reconnaissances en conservant un profond respect de votre bonté et de vos bons soins que vous m’avez donné pendant le séjour que j’ai passé à votre ambulance. Soyez persuadée que j’en garderai un précieux souvenir inoubliable.

Veuillez mademoiselle agréer mes plus tendres salutations en en faisant part à Mr le docteur.

Remaud Gustave

Maché Vendée

Lambezellec,

3 décembre 1915,

Mademoiselle,

Je vous fais part de mes nouvelles qui sont toujours très bonne pour le moment. Je suis rentré au dépôt hier, on est heureux d’être toujours les trois camarades ensemble, mais ça ne vaut pas le bon temps qu’on a passés à Luc, ou si c’est un souvenir qui ne pourra pas s’effacer de la mémoire, combien qu’on répété souvent si on était encore à Luc en compagnie de charmantes personnes qui se sont dévoués pour nous, on rigole encore de la charmante lettre de Mr Dumont à Melle Lambert, aussi Harrivelle s’est empressé de nous la montrer à notre arrivée ;

J’espère que vous devez déjà avoir reçu une autre lettre de ma part.

Veuillez mademoiselle agréer mes salutations les plus empressés,

Remaud Gustave

Brest le 14.2.16

Mademoiselle

C’est avec plaisir que je prends ce petit moment d’agrément pour vous adresser quelques mots en vous faisant part de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes pour le moment. J’espère que ma présente lettre vous parvienne comme elle me quitte en parfaite santé. Je suis toujours à Brest mais j’ai perdu les camarades Coirier et Harrivelle il y a bientôt un mois. Harrivelle s’attend de partir bientôt car il est passé à la compagnie de dépôt, Coirier en a encore pour quelques temps avant de partir. Moi je pense aussi que mon tour approche aussi. Je compte pour la fin du mois, enfin on se fait pas de bile pour si peu car on commence à être à l’habitude. J’espère quand on sera remonté voir nos amis les Bôches qu’ils nous donneront notre compte à bonheur pour qu’on puisse retourner faire un tour à une ambulance aussi agréable comme celle du petit pays de Luc.

Recevez mes meilleures salutations en faisant part au personnel dévoué de votre ambulance.

Remaud Gustave

Maché le 29. 2.16

Mademoiselle,

J’ai reçu il y a quelques jours votre lettre avec plaisir très satisfait de vos nouvelles. Je vous remercie infiniment de votre bonté que vous m’avez témoigné en me disant de vous réclamer quelque chose si j’en faisais besoin. Je vois vraiment que vous avez toujours le cœur dévoué et que vous conservez encore un petit souvenir de la petite équipe de sans-soucis qui a passé un si bon moment d’agrément au milieu de votre compagnie. Et encore une fois de votre bonté.

De ce moment je suis chez moi en permission de 15 jours jusqu’au 14 mars.

Le camarade Coirier est en permission lui aussi pour 15 jours. Harrivelle je n’ai pas de ses nouvelles depuis quelques jours mais je pense cependant qu’il est encore au dépôt.

En effet on a été contrarié un peu de notre séparation mais peut-être qu’on va finir par se retrouver.

Agréer Mademoiselle mes salutations les plus sincères.

Remaud Gustave

51e inf 30e Compagnie, Brest (Finistère)

Lannilis le 26. 4. 16
Mademoiselle
J'ai reçu votre carte avec plaisir. Je suis toujours à Lannilis et en excellente santé. Je pensais partir il y a déjà une dizaine de jours mais je suis encore de rester jusqu'à nouvel ordre mais maintenant je m'en attends de jour en jour enfin. Je n'ai pas à me plaindre mon tour est bien venu pour aller rejoindre mes camarades. J'ai reçu une lettre du camarade Harrivelle il y a 2 jours il est en bonne santé mais se plaint un peu que ça ne fait pas très bon là-haut.
Quand qu'au camarade Coirier j'ai aussi de ses nouvelles il n'a pas été encore dans les tranchées il est au 13e d'infanterie et dans un très bon secteur car ceux qu'ils ont remplacé n'avaient pas eu d'attaque depuis le mois de décembre 1914. Je vois aussi que de ce moment mademoiselle vous avez beaucoup d'occupation car votre ambulance étant au complet mais je suis bien persuadé malgré votre peine que vous avez toujours bon courage et très dévouée pour vos camarades que vous avez maintenant, comme vous avez été pour nous, et que vous pourrez pas vous empêcher de les gâter, aussi je pense quand ces braves garçons seront obligés de vous quitter, auront le même plaisir qu'on a eu de vous remercier infiniment en regrettant le beau temps passé en votre présence en recevant vos bons soins
Agréer mademoiselle mes salutations les plus sincères,
Remaud Gustave
51eme d'Infanterie, 31e Compagnie à Lannilis (Finistère)

Jubecours (Meuse) le 18/5/16

Mademoiselle

Je suis heureux de ce moment quoi que très éloigné de vous, de vous faire part de mes nouvelles. Depuis six mois bientôt que je vous ai quitté, sortant de prendre un moment agréable de repos en votre charmant pays, en raison de votre dévouement et vos bons soins, jusqu’à présent la vie avait encore xx assez agréable, mais maintenant me voilà de retour comme les camarades sur le front afin de donner un nouveau coup de main pour délivrer le pays de cette race germanique qui de ce moment est encore tant acharnée contre nous. J’ai rejoint mon régiment le 13, mais je suis dans un régiment de réserve au 231e qui est la réserve du 31e auquel j’étais avant, on est du côté de Verdun, le régiment occupait l’endroit dont il est fort question, on doit reprendre les tranchées vers le 20, on a toujours bon espoir espérant que ça ira bien.

Recevez Mademoiselle mes salutations les plus sincères. Bien le bonjour à tout le personnel de votre ambulance.

Remaud Gustave

Villers sur Fere, 18/6/1916,

Mademoiselle,

Je suis heureux de prendre un petit moment de temps à autre pour vous faire part de mes nouvelles. Je vous remercie de votre bonté que vous me témoignez sur chacune de vos lettres.

Pour moi de ce moment je suis plus tranquille que dans le séjour que j’ai passé au camp de Verdun, c’était un peu terrible mais enfin je m’en suis échappé pour ce coup.

De ce moment mon régiment est relevé de Verdun ainsi que toute notre division, actuellement nous sommes rendus en le département de l’Aisne. Le régiment est monté en tranchée dès ce matin, moi je ne suis pas car de ce moment j’ai le bonheur de faire partie d’une compagnie d’instruction et nous sommes restés à l’arrière, mais s’il faut donner un coup dur, faudra marcher comme les camarades, rien d’étonnant pour ça puisque c’est le devoir qu’il nous faut accomplir aujourd’hui afin d’avoir le bonheur de voir ce terrible fléau anéanti.

J’ai reçu des nouvelles de Coirier et Harrivelle qui me demandent si j’ai toujours des nouvelles du petit pays de Luc, dont le souvenir est toujours ineffaçable. Je leur ai fait réponse que je venais de recevoir une lettre de notre infirmière dévouée du temps passé, le souvenir de vos bons soins mademoiselle reste toujours gravé en nous.

Recevez Mademoiselle mes salutations les plus distinguées,

Remaud Gustave

au dépôt divisionnaire 1er bataillon 20e compagnie secteur numéro 103

Le 2/8/16

Mademoiselle,

J’ai reçu votre carte lettre avec plaisir, toujours très satisfait de recevoir de vos nouvelles. Pour moi je suis en excellente santé, nous sommes arrivés ce matin, tout mon régiment au repos après avoir passé 17 jours aux tranchées en première ligne, ça commençait à nous sembler un peu long, mais enfin malgré ça notre séjour a pas été trop pénible car nous avons pas eu trop de pertes. Je suis de nouveau changé de régiment depuis que je vous ai fait part de mes nouvelles, mais quoique, ça je ne suis pas trop mal tombé. J’ai toujours des nouvelles des camarades Harrivelle et Coirier.

Mademoiselle je ne sais si ça vous fera plaisir mais je vous envoie dans cette lettre un petit travail que l’on s’amusait à faire quand les Boches nous embêtait pas de trop, en souvenir des tranchées.

Veuillez mademoiselle agréer mes meilleures salutations.

Un ami,

R.Gustave

(Feuille sculptée « Marie M » jointe)

Le 16/9/16

Mademoiselle

J’ai reçu votre carte il y a déjà quelques jours, toujours heureux de savoir de vos nouvelles et surtout de voir que vous avez reçu avec plaisir la feuille de chêne que je vous avais envoyé.

Maintenant je suis actuellement au repos depuis le 13, mais nous remontons en ligne demain soir, toujours occupant le même secteur depuis le mois de juin, aussi s’en trouve-t-on assez heureux, car jusqu’à présent nous avons pas eu beaucoup d’attaques. assez qu’il y en a tant en d’autres pays, c’est vraiment une veine que nous avons eu jusqu’à présent, mais peut-être en quelques temps ça ne sera plus ainsi, car comme ça se passe assez bien chaque côté de nous pour notre avantage, faudra bien nous aussi essayer de donner un bon coup afin de xxx ces brigands, de nouveau et si on avait le bonheur de réussir ce serait une grande chance pour nous afin que l’on y pourrait voir la fin approcher.

Recevez Mademoiselle mes salutations les plus distinguées,

R. Gustave

Né en 1892, cultivateur, blessé plusieurs fois (en 14, 15, 17) Blessé le 24 oct 1915 au bras droit, par balle et éclat d'obus. Plusieurs citations Passe dans la réserve de l'armée active en 1919. Congé illimité car père de 4 enfants. Croix de guerre, médaille militaire et chevalier de la légion d'honneur en 1961. Décédé en 1966

SAUVEUR MESTRES

Perpignan le 1er décembre 1915
Mademoiselle Magnan
Veuillez avoir la bonté d'excuser mon long silence qui n'a pas manqué j'en suis sûr de vous surprendre.
Cependant je n'ai pu m'acquitter plus tôt de ce devoir et, quoi que vous ayez pu m'accuser d'ingratitude vis-à-vis de vous, je ne doute pas que vous ne me soyez indulgente lorsque vous aurez connaissance du motif qui m'a empêché jusqu'à ce jour de venir vous témoigner toute ma gratitude.
Rentré à Perpignan le 21 octobre, j'ai trouvé ma pauvre mère dans un état très alarmant et a été décédée le 24.
Le malheur qui m'a si cruellement frappé m'avait fait commaître grand nombre de fautes que je tâche de réparer.
Je vous prie donc de présenter mes remerciements à Monsieur Magnan, mes souvenirs à Madame Doumergue à tous les camarades que j'ai connu et qui sont encore au près de vous.
Veuillez agréer mademoiselle l'expression de toute ma reconnaissance.
Sauveur Mestres
rue Dugommier 25 Perpignan
PS j'ai reçu trois lettres qui m'ont été renvoyées par les soins de l'ambulance. Merci
53e régiment d'infanterie 28eme Cie

Frontignan le 27. 12. 15,

Mademoiselle Magnan,

Je vous remercie sincèrement des marques de sympathie que me témoigne votre lettre du 4 décembre, et vous assure que j’éprouve un vif plaisir d’avoir su m’attirer votre estime durant mon séjour à Luc. J’ai repris depuis un mois le service. Mes chefs m’ont désigné pour suivre l’instruction de la mitrailleuse. C’est ce qui explique ma présence à Frontignan qui a été classé à cet effet comme centre d’instruction.

Je n’y suis pas pour longtemps. Je reprendrais la direction de Perpignan le 15 janvier. Et vous que faites-vous ? Jouissez-vous d’une parfaite santé ? Je le souhaite ainsi que pour votre famille. En est-il de même pour Madame Doumergue à qui je vous prie de présenter mes respects accompagné de mon meilleur souvenir. J’ose croire que les fêtes de Noël ont été très bonnes pour vous tous et puisque quelques jours seulement nous séparent de la nouvelle année j’en profite pour vous adresser mes meilleurs vœux,

Amicalement à vous,

Mestres

LEON TESSIER

Le 22 juin 1915,
Mademoiselle Marie
La santé va toujours de mieux en mieux. Le voyage m'a fatigué mais je me suis bien reposé. Le pire c'est que je n'ai que 7 jours de permission.
Tessier Léon
Je vous envoie un bonjour du Chalange

 

Né le 22 novembre 1877. Journaliste. Va à l'hôpital en mai et juin 15. Evacué du front le 9 aout 15. Malade en 16. Tuberculose. Mort à Chalange le 22 février 17.

JOSEPH TRINCAL

Envoi par Trincal Joseph Bien le bonjour a vous et au Delle bien jantie

Melle Marie

Je vien d'arivais a mon dépôt de pui que je sui partie de Luc : j'ai fini de passe mon baux temp a Valence on mas evacué avec 7 jours de permission. Je pance de ne pas resté ici bien lontemp. Ici dans se pays froit, y revient malade, me gambes et mon cotée me recomence à vegnire malade.

Auliorant a la care entre les deux train qui se croizes y a 2 metre 40 de neiges sa nous a tout epouvantent. J'ai trouvais Malieurant qui reparté pour Paris métalurguite.

Je vous remersi de toute vos painnes qui vous avais prix pour mois.

Vous donnerez des nouvelles et me remersiment a toute votre famile et a Mr et Mme Dartigue et aux autres sur tout au demoiselles qu'elle venais nous faire le service vous leur diraiz que le les embrace tout et du suprement souvegnire que j'ai amportée de la par de tout les abitants merci ! Merci. Les photocraphies sont bien rusi.

Je vous saire une poigner cordialemen t de main un enfants pour la patrie

Trincal Joseph

souvenire de l'auvergnea

139 eme infanterie, Originaire de saint julien des Chazes. Hte Loire

Né le 22 aout 1879, cultivateur, démobilisé en 1919

JEAN TROHIAN

Uriage le 16. 7. 16,

Mademoiselle Marie,

Je suis toujours à Uriage et je suis assez bonne santé et je désire qu'il soit ainsi de votre côté. Je ne sais pas encore quand je vais quitter l'hôpital, mon bras va toujours à peu près pareil il n'y a pas beaucoup de changements bien qu'il me fait plus mal qu'avant de venir ici. Dufrene est toujours ici lui aussi mais il pense partir bientôt car il y a bientôt trois mois qu'il y est. Mon frère qui a eu la jambe brisée à Verdun vient avec moi à l'hôpital d'Uriage. Je suis bien content au moins je ne trouve pas pas le temps aussi long. Bien le bonjour chez vous ainsi que Madame Doumergue et Dupont. Recevez mademoiselle mes sincères salutations

Jean Trohian

PAUL TRONCHE

Allanches, 29 mai 1916,

Mademoiselle

Permettez-moi de venir vous offrir de mon pays tous mes meilleurs souvenirs.

J'ai passé mes quelques jours de convalescence avec ma famille comme l'on ne peut mieux.

Maintenant je vais partir jeudi 1 er juin pour le front comme volontaire. Ça a toujours été mes idées.

Veuillez je vous prie mademoiselle me rappeler au bon souvenir de toute votre aimable famille.

Très respectueusement

Tronche

LOUIS URIANT

Guingamp le 14 août 1916

Melle Marie,

Enfin me voilà au patelin depuis hier dimanche, je suis passer par Paris, quel bonheur pour moi d’avoir réussi de passer par là et de voir la future xxx. Je suis fatigué, demain je vous écrirais plus long. Depuis Gap je n’ai dormi que quelques heures et encore dans le train.

Donc je vous quitte pour aujourd’hui en vous priant de recevoir avec mes amitiés mes meilleurs souvenirs. Mes parents me prie de vous remercier de ces bons soins que vous m’avez donné à Luc en Diois, quel bon souvenir que je garderai de là-bas.

Bonjour monsieur le docteur à votre maman et votre sœur sans oublier Mademoiselle blanche ainsi qu’à tous les amis.

Bien des choses à Madame Doumergue pour moi.

Louis Uriant

Rosny-sous-Bois le 14 septembre 1916

Mademoiselle Marie

Enfin me voilà à peu près rétabli donc je pense vous donnez plus souvent de mes nouvelles. Depuis mardi je suis rentrer à mon dépôt au fort de Rosny et je vous assure que j’ais le cafar à présent. Je pense être verser dans l’artillerie car je ne suis plut apte de porter le sac. Je dois passer c’est une visite pour ça un de ces jours. Pour la santé autrement tout va à merveille : j’avais été passer une visite à Saint-Brieuc mais on m’a vidé avec perte et fracas et tout ceux que l’on était pour prolongation.

Et tous ces amis sont-ils toujours à Luc ? Je pense que oui, qu’il doit en avoir encore quelques-uns.

Le bonjour à Mr et Mme Magnan et Mademoiselle votre sœur pour moi. Recevez Mademoiselle Marie avec mes amitiés mes meilleurs souvenirs . Bien le bonjour à tous les amis,

Louis Uriant

63e Cie, 4e Zouave

Pas de registre militaire retrouvée. Mais un Louis Marie Uriant est né à Saint Agathon le 14 décembre 1891 et se marie en 1920

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